Chapitre 68 - Sur les pas des Fondateurs

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— Mon... quoi ?!

Le visage de Phil avait subitement tourné au rouge, la rage se lisant dans son expression. Quand il se dirigea vers son père, Will eut le réflexe de s'interposer en pensant qu'il allait avoir recours à la violence et Grace se leva d'un même bond en attrapant le bras de son mari.

— Phil ! Attends !
— Attends quoi ?! cria-t-il. Tu as entendu !
— On peut t'expliquer.

Les mots calmes de Will lui valurent de s'attirer les foudres de Phil, à deux doigts de l'attraper par le col.

— M'expliquer quoi ? Que tu n'es qu'un sale petit bâtard ?!
— Phil ! se haussa Grace. Ça suffit ! Tu n'as pas à lui dire des choses comme ça !

Le ton de Grace força Phil à tempérer ses ardeurs. Il la laissa le guider pour l'asseoir à sa place, mais il gardait contre sa cuisse son poing serré, prêt à en démordre. Will, le souffle court, restait debout, craignant une autre réaction inattendue.

— Un demi-frère, répéta Phil en lui accordant un regard noir.
— Crois-moi, ça ne m'a pas forcément plu non plus quand je l'ai appris, marmonna Will, plus amer.

Le jeune homme s'écarta sans quitter l'aîné des yeux, laissant le champ libre à Archibald, qui entama alors :

— Je n'ai pas connu William tout de suite... Je n'ai découvert son existence que lorsque... sa mère a disparu.

Le regard de Will s'assombrit d'un bref chagrin.

— Tu as trompé maman ? asséna Phil.
— Je... ça m'est arrivé. Nul n'est parfait. Et... j'avais mes faiblesses. Pendant mes voyages... Will avait dix ans quand il s'est retrouvé seul. Sa mère était moldue, mais il est né sorcier, comme nous. J'étais sa dernière famille. Ta mère et moi sommes partis le rejoindre. Et nous avons veillé à son éducation. Toi et Charity étiez déjà grands. Indépendants, mariés. On n'aurait jamais pensé que la guerre nous aurait empêchés de revenir.
— Et tu veux me faire croire que maman t'a suivi là-dedans ? Partir si loin pour élever ton fils illégitime ?!
— Ta mère a des qualités que nulle ne remplacera.
— C'est pour ça que tu es allé faire des choses dans son dos ?!
— Je te l'ai dit, j'ai fait des er-...

Une violente quinte de toux interrompit Archibald, qui se redressa pour expectorer dans le mouchoir que lui tendit Will. Il lui en rendit un tâché de sang.

— Donc si je comprends bien, c'est à cause de lui que vous nous avez lâchés ? poursuivit Phil, toujours acrimonieux. Que Kate a grandi loin de ses grands-parents ? Que Charity est morte ?
— Ce n'est pas de sa faute, le coupa Grace. Ce n'est pas lui qui a décidé de naître ou que sa mère disparaisse. Il en a certainement plus souffert qu'autre chose, Phil.

Will lui renvoya un léger sourire de remerciement pour ce soutien inespéré.

— Il est bien content ! Lui, il a vécu dans une maison, avec deux personnes à ses petits soins. Tandis que nous, on était dans une cave, à crever la faim et à attendre qu'on nous abatte de sang froid !

Agacée que son mari refuse d'entendre raison, Grace soupira et se dirigea vers la porte de sortie sans un mot. Tous assistèrent à son départ et Archibald lança à son fils :

— Dépêche-toi de la rattraper et de te faire pardonner avant que je ne te botte les fesses, fils indigne !
— Oh, toi, la raclure infidèle, tu la fermes ! s'exclama-t-il en le désignant d'un doigt.

Cependant, Phil suivit son conseil, se leva et courut après Grace. Cette dernière était adossée à un mur du couloir, les bras croisés contre sa poitrine, son regard dirigé vers la direction inverse. Son époux l'approcha aussi délicatement que possible.

Ludo Mentis AciemOnde histórias criam vida. Descubra agora