Chapitre 119 - La bataille du Colisée

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Des hurlements horrifiés retentirent dans tout le Colisée. Tous, les plus jeunes comme les plus vénérables, avaient assisté au meurtre brutal de Gabrielle, retransmis sur écran géant. Beaucoup avaient détourné le regard face à sa dernière minute d'agonie. Mais Kate, elle, ne la quitta pas des yeux. Même si elle pouvait la voir d'où elle était, elle refusait de l'abandonner. Gabrielle mourait, seule, démunie, sous les projecteurs du monde entier.
Une vague de panique souleva tout à coup les gradins. Dans le capharnaüm le plus total, les adultes tentaient d'évacuer les plus jeunes. Kate savait qu'elle devait aller à l'essentiel. Chaque seconde comptait désormais, elle n'avait plus le droit à l'erreur.


— Je sais que mes mots vont vous étonner, mais ne me lâchez pas d'une semelle ! lança-t-elle à Maëva, en s'élançant vers les tribunes. Je vais avoir besoin de vous !
— Je ne comptais pas prendre la poudre d'escampette !
— Professeurs !

Elle tentait de héler les adultes à la tribune mais le chaos rendait son appel inaudible. Tous les élèves commençaient déjà à se ruer en dehors du Colisée. C'était la pire erreur à commettre... Ils devaient tous rester ici !

« Emeric ! Je t'en prie ! Reviens ! Reviens au Colisée ! C'est urgent ! Gabrielle a été assassinée ! C'est Electra ! Reviens ! » pria-t-elle dans sa tête, espérant que son Allégeance Suprême lui permettrait de partager sa pensée.
— Professeurs !

Mais personne ne l'écoutait. Elle ne pouvait pas laisser passer cela. Sans craindre ni les regards ni les jugements, Kate usa de son Immatériel pour se projeter jusque dans la tribune. Tous les sorciers s'écartèrent en criant, pensant à une attaque, et pointèrent leurs baguettes vers elle.

— Écoutez-moi !

La jeune fille avait conscience qu'elle s'adressait là à ses professeurs, à des ministres, à des célébrités, mais ce n'était pas le moment de se laisser aller aux émois.

— Vous êtes folle ?!
— Sortez-la d'ici !
— Attendez ! C'est une eulève ! Une eulève de Poudlard !

Madame Maxime, le visage en larmes, écarta sans mal d'une brasse le sorcier hargneux qui s'en était pris à la Papillombre. Cette dernière lisait sur le visage de la directrice une colère retenue. Depuis l'évasion d'Electra Byrne, elle avait soumis l'idée que Kate s'éloigne de l'établissement. Elle était la source de tous les problèmes. Elle était la responsable de la mort de son élève fétiche, de sa championne. Si elle n'avait pas eu de témoin, Madame Maxime l'aurait giflée à l'en décapiter, Kate en avait bien conscience.
MacGonagall intervint à temps en interposant.

— Miss Whisper, je vous suggère tout de suite de...
— Écoutez-moi ! Il y a des Portoloin ! Un à chaque porte ! Il faut regrouper les plus jeunes ! Un maximum de personnes ! Faites-les partir loin d'ici !
— Des Portoloin ?
— Vous... saviez ce qui allait se produire ?

Cette fois, ce fut MacGonagall qui fusilla Kate du regard. La jeune fille fut incapable de répondre, face à ce flot de ressentiment partagé entre tous les adultes.

— Je n'ai pas le temps de vous sermonner, mais croyez bien que cela ne restera pas sans conséquence.

D'une voix forte et d'une manière méthodique, les trois directrices – bien que Madame Maxime fût encore sous le choc – donnèrent leurs directives. Tandis que tous s'agitaient dans la tribune, une seule silhouette en fond restait immobile ; si Kate avait affronté tous les regards de jugement, celui de Wolffhart la pétrifia. Elle comprit le message implicite ; elle savait ce qu'elle devait faire.
D'une impulsion du pied, elle sauta de la tribune, ces pouvoirs hors du commun ne manquant pas d'étonner les témoins. Tous les élèves commençaient à se regrouper pour emprunter les Portoloins. Les écrans géants avaient été éteints, mais l'image de Gabrielle empalée restait encore imprimée dans la mémoire bouleversée de beaucoup.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now