Chapitre 74 - Mission accomplie

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Quand Kate se réveilla le matin, elle mit du temps à comprendre qu'elle n'avait pas dormi dans sa chambre. Elle continua pourtant un temps à somnoler sur cette surface, trop molle pour être son matelas, trop rugueuse pour être des draps. Par-dessus son épaule, cette couverture qui avait glissé à moitié et qui traînait par terre. Un peu désabusée, elle se leva quand elle entendit quelques bruits ambiants. Ceux des pas feintés émis par de grandes chaussures, celui des tiroirs qu'on ouvre pour y rechercher quelques objets métalliques, ou encore celui, plus délicieux, d'une eau chaude versée dans une tasse.

— Vous prenez des tartines à la confiture d'abricot, le matin, au petit-déjeuner. Je pense ne pas me tromper en affirmant cela, Fräulein Whisper.

Kate se frotta les yeux, le cœur battant de plus en plus fort dans sa poitrine en comprenant qu'elle venait de passer la nuit dans le bureau de Wolffhart. Et pour cause ; elle n'avait pas le souvenir d'y être montée la veille. Elle se rendit compte que se remémorer la journée précédente s'avérait être une tâche bien ardue. Que lui était-il arrivé ?

— Pr-professeur Wolffhart ? balbutia-t-elle en se frottant les yeux, pensant qu'elle rêvait encore.

Son enseignant en métamorphose ne réagit pas tout de suite, se contentant de diriger avec sa baguette magique le couteau qui enduisait généreusement la tranche de pain de confiture orange.

— J'ose au moins espérer que vous avez passé une agréable nuit. Même si je doute parfois du confort bien relatif de ce vétuste meuble.
— Qu'est-ce que... qu'est-ce que je fais ici ?

Il lui accorda cette fois un regard plus sombre, que Kate redouta.

— Je ne vais pas vous mentir, Fräulein Whisper.

Alors, il annula le sortilège et le couteau effectua une pirouette dans les airs avant d'atterrir dans le pot en terre qui recueillait la confiture. Puis, il fit léviter le thé jusqu'à elle, mais Kate refusa de le prendre tant qu'elle n'obtenait pas des réponses.

— J'ai effacé vos souvenirs.
— Vous avez... quoi ? s'exclama-t-elle, troublée.
— J'ai effacé vos souvenirs de la veille, répéta-t-il.
— Pourquoi avez-vous fait cela ?! Vous n'aviez pas le droit ! Qu'est-ce qui...
— Fräulein Whisper. Si je vous avais laissé avec de telles connaissances, avec de telles expériences, croyez-moi, vous ne vous seriez pas levée ce matin.
— Il s'est produit quelque chose de grave ?
— On peut résumer cela ainsi.
— L'Immatériel ? s'affola-t-elle, pâle. J'ai blessé quelqu'un ?
— Superficiellement. Plus de peur que de mal. Mais mieux valait-il pour préserver votre mémoire de cet accident. Mais cessez de vous inquiéter pour cet événement désormais passé. Et, bitte, prenez votre thé. Je ne garderai pas ma baguette levée éternellement.

Kate grommela, peu convaincue et toujours quelque peu bouleversée par ces concessions, avant d'attraper la tasse fumante. Mais quelque part, elle apprécia l'honnêteté de son professeur envers elle. Lui refaisait-il à nouveau confiance ? Était-il prêt à reprendre son rôle envers elle ?
Néanmoins, l'incident dont elle n'avait connaissance continuait de l'inquiéter. Wolffhart la prit de court avec de nouveaux éclaircissements :

— Herr Weasley a été congédié.
— Par « congédié »... vous voulez dire... ?
— Vous n'êtes pas dénuée de logique, Fräulein Whisper. Vous comprenez fort bien ce que je veux laisser signifier par ce terme.
— Pourquoi ?! Qu'a fait Ron ?
— Il n'a pas conclu la mission que le département des Aurors lui avait confiée. Que voulez-vous. Depuis le départ, je répétais que ce gamin était un incapable. Mais qu'y puis-je. Les Aurors forment un merveilleux regroupement de crétins congénitaux qui désirent exhiber avec fierté la grandeur relative de leur baguette dans l'espoir de cacher quelques sombres démons dans les placards en se hâblant auprès d'un peuple sans jugeote, histoire de balayer leur médiocrité par quelques prouesses auto-déclarées.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now