Chapitre 79 - Toi aussi tu me tourmentes

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— Allo ? Oui, bonjour, je... j'aimerais signaler une disparition. Je... oui, ma fille et mon époux ne sont pas revenus. Ils auraient dû arriver hier soir. Je n'ai pas de nouvelles... Oui, oui, ils revenaient de Londres, en voiture. Non ! Sûrement pas ! Non, c'est peu probable qu'il soit parti avec elle ! Non, je... non, écoutez-moi, il n'y a aucun problème avec mon mari, il n'a pas enlevé ma fille ! Juste qu'ils ne sont pas revenus ! Je veux juste savoir ce qu'il leur est... oui. D'accord. Très bien... C'est ça... On va faire comme ça alors. Whisper. W-H-I-S-P-E-R. Mon mari s'appelle Philippus, 1m85, environ, cheveux courts, châtains, yeux gris. Et ma fille, c'est Katelyna, elle a seize ans. Brune avec des yeux gris aussi. Oui. Oui. Alors, c'est une vieille Chevrolet noire. Entre Londres et Carlton, dans le Leicestershire. Oui, c'est mon numéro. D'accord. Je... très bien. Merci... Au revoir.

La voix chevrotante, Grace raccrocha et lança un regard perdu à travers la fenêtre de la cuisine. Elle n'avait pas dormi de la nuit et avait déambulé des heures dans la maison, vérifiant par intermittences si la voiture de Phil s'était garée devant la maison ou approchait. Chaque bruit la faisait sursauter, jusqu'à ce qu'elle comprenne que ce n'était pas le vrombissement caractéristique de son moteur . Elle avait bien sûr tenté d'appeler Phil, mais le bougre ne répondait jamais à son portable. Grace tentait de se convaincre qu'il ne leur était rien arrivé de grave , mais la pleine lune imminente rendait peu tangible son hypothèse qu'ils soient restés à Londres une nuit de plus sans la prévenir.
Elle rabattit sa robe de chambre écrue qui s'était légèrement ouverte et rattrapa le combiné, sur lequel elle composa un autre numéro.

— Allo ? lui répondit une voix masculine.
— Allo, Will ? Ah, toi, au moins, tu réponds. C'est pas comme ton frangin ! Salut, c'est Grace, désolée de t'appeler si tôt...
— Tout va bien ? s'inquiéta Will.
— Non, ça ne va pas. Phil et Kate ne sont pas rentrés. Ce n'est pas normal...
— Comment ça ils ne sont pas rentrés ?
— Kate est revenue de Poudlard hier et Phil est parti la chercher en voiture. Ils auraient dû être à la maison hier soir. J'ai... j'ai attendu toute la nuit, mais ils ne sont pas rentrés. Je commence à m'inquiéter. La dernière fois, Kate s'était faite kidnapper !
— Tu as appelé quelqu'un d'autre ?
— La police, juste avant toi. Mais ils croient que Phil a enlevé Kate... C'est difficile de tout leur expliquer !
— Tu penses que c'est Kate qui...

Un silence entrecoupa leur conversation et, à bout de nerfs, Grace commença à pleurer.

— Je n'en sais rien, Will, geignit-elle en essuyant ses larmes. Je... je veux juste qu'ils rentrent. Je suis morte d'inquiétude... C'est la pleine lune ce soir, et Phil... Et si Kate... !
— Calme-toi, Grace. Respire. Écoute, ne bouge pas de chez toi. Je transplane dans cinq minutes . D'accord ? On va trouver de l'aide, on va les retrouver .
— D'accord, renifla-t-elle. Je t'attends.
— Très bien. J'arrive tout de suite.

Sur ces mots, il raccrocha tandis que Grace s'empoignait les cheveux d'une main. Elle soupira de nouveau et tenta le tout pour le tout en rappelant sur le portable de Phil.

— Je t'en prie, décroche... implora-t-elle dans un murmure alors que les sonneries s'enchaînaient.

Ce furent les vibrations du téléphone qui tirèrent Kate de sa léthargie. L'envie de vomir lui saisit les entrailles. Elle se sentait acculée dans un coin, les deux murs renfermant ses épaules, recroquevillée au sol. Puis, le téléphone cessa de sonner.

— Papa, mâcha-t-elle en rouvrant les yeux. Papa...

C'est alors qu'elle sentit les liens à ses poignets et cela fit naître un sentiment qu'elle avait déjà connu lors de la prise d'otages de la Cabane Hurlante. Non, elle devait cauchemarder, cela ne pouvait pas recommencer. Mais l'image d'Electra se répétait dans ses derniers souvenirs. Un sortilège apposé sur ses mains les avait englobé dans une espèce de bulle de bronze , sûrement de manière à ce qu'elle ne puisse utiliser l'Immatériel.

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant