Chapitre 110 - L'invocation de Freyja

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Kate ne put s'empêcher d'éprouver un petit pincement au cœur quand, en janvier, elle dut se résoudre de retourner à Beauxbâtons plutôt que de prendre le chemin habituel de Poudlard. Sa vie là-bas lui manquait. Les Papillombre lui manquaient. Cela lui pesait d'autant plus qu'elle avait entendu quelques rumeurs, ébruitées par Tetsuya, comme quoi quelque chose s'était concrétisé entre Nestor et Teffie. Mais Kate était bien trop loin, bien trop absente, et cette distance commençait à lui peser, malgré la présence de ses amis proches et toutes les aventures qu'elle pouvait vivre en France.
Mais elle n'avait pas tardé à se projeter dans ce mois de reprise quand, lors du discours de bienvenue de Madame Maxime, il avait été annoncé que la prochaine épreuve, celle de Poudlard, aurait lieu le 22 janvier. Cela leur laissait un peu moins de trois semaines pour préparer Emeric à ce qui l'attendait.
Elle voulut se proposer d'en savoir un peu plus, auprès de Wolffhart, même s'il paraissait inimaginable de tenter de lui soutirer quelques informations concernant la nature de l'épreuve. Mais le Serdaigle refusa. Ce que la jeune fille ignorait, c'était qu'il avait convenu d'un pacte avec Gabrielle et que de connaître les circonstances de cette nouvelle tâche serait donner un avantage à son adversaire.
Un matin, après son jogging habituel, Kate retrouva Maggie dans le réfectoire. La Gryffondor affichait un visage blême et une expression déconfite.


— Eh bien, tu en fais une tête ! s'exclama-t-elle en s'asseyant dans un souffle chaud, avant de se servir un grand verre de jus d'orange frais.

Maggie ne lui répondit pas tout de suite. Puis, elle fit glisser son exemplaire ouvert de la Gazette du Sorcier devant elle.

— Je viens... d'apprendre quelque chose.

Tout à coup inquiète à l'idée d'apprendre un décès, Kate chercha à travers les encarts de la section finances, jusqu'à trouver ce qui médusait Maggie. Elle manqua d'en cracher son jus d'orange.

— Quoi ?! Tes parents divorcent ? Comment c'est possible ?
— Je l'ignore... Je suis... aussi désarçonnée que toi !
— Tu m'étonnes !
— Ça va créer de sacrés ennuis.
— Je veux bien te croire !
— D'après ce qu'ils racontent, ma mère réclame la moitié des parts. Je ne sais pas ce qu'elle compte faire. Peut-être remonter une société de son côté ?
— Tes parents divorcent et toi, tu penses argent ?
— C'est une réalité... Jusque-là, ma mère n'a toujours dépendu que de mon père. C'est lui qui gérait les affaires, même si ma mère pesait beaucoup dans la balance de la négociation. Mon père est excellent calculateur, mais il n'est pas aussi bon orateur et menteur que ma mère.
— Non, ce que je veux dire... c'est que tu projettes cela, comme si tu savais que ça allait arriver.

Maggie grimaça en haussant les épaules :

— Cela fait longtemps que je me suis rendue à l'évidence que mes parents ne se sont jamais vraiment aimé et avaient passé un mariage d'arrangement. C'est presque étonnant soit que ma mère ne l'ait pas fait plus tôt, soit que justement, elle ait changé d'avis maintenant plutôt que de rester avec lui jusqu'au bout.
— Je ne voudrais pas me lancer dans des hypothèses, mais je pense que ton départ a dû beaucoup changer leur quotidien. Et leurs choix... Que je sache, c'est ton père qui t'a chassée. Pas ta mère.
— Elle ne m'a pas défendue.
— Peut-être qu'elle ne le pouvait pas, comme elle l'aurait entendu...

Derechef, Maggie haussa les épaules, cette fois en soupirant.
Le sujet des Dawkins revint sur le tapis à l'intercours, quand Emeric et Kate en profitèrent pour grignoter quelques biscuits du petit-déjeuner à la fenêtre, la vue donnant sur les jardins enneigés de Beauxbâtons depuis la tour au sommet de laquelle Wolffhart dispensait ses cours.

— Maggie a appris que ses parents divorçaient ce matin.
— Eh ben ! Ça a dû lui faire quelque chose.
— Ces jeunes ne savent plus rien encaisser de nos jours, soupira Maëva.
— Surtout qu'elle l'a appris dans la Gazette !
— Mais elle a encore des liens avec ses parents ? Des hiboux ou...
— Non. Ils ont coupé les ponts. Son père ne veut plus entendre parler d'elle. Elle est morte pour lui. Et je pense qu'elle n'a pas spécialement envie de retourner vers sa mère. Elle lui en veut. Je ne suis même pas sûre qu'elle pourra leur pardonner un jour. Ça a été un traumatisme pour elle, tu sais.
— J'imagine bien. Être reniée par ses propres parents. Heureusement que toi et Terry étiez là pour elle.
— Eh, c'est ça les amis !

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now