Chapitre 28 - Vocables amphigouriques

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Quatre. C’était le nombre d’élèves qui avaient été répartis à Papillombre sur la totalité des élèves de première année. Deux garçons, les deux premiers, et deux filles. L’une d’elle se dénommait Rose Rosham, une petite blonde visiblement surexcitée. Quant à la seconde, il s’agissait de la jeune sœur de Suzanna, Stéphanie Simmons. Ou Teffie, pour ceux qui préféraient éviter le risque de recevoir quelques répliques cinglantes de sa part.
Chacun des quatre élèves s’étaient éparpillés dans le réfectoire pour le dîner de ce premier soir. Si Leeroy était le seul à avoir accepté de rester aux côtés de Kate, Teffie avait rejoint des amies de Gryffondors qu’elle avait rencontrées dans le Poudlard Express, non loin de sa sœur aînée et Rose en avait fait de même chez les Poufsouffles. Seul Nestor demeurait attaché à sa sœur Calypso, sans décrocher un mot à qui que ce soit d’autre, jetant çà et là des regards méfiants.
Lorsque la répartition fut achevée, McGonagall se leva et s’avança sur la place haute des professeurs, où le tabouret surmonté du Choixpeau avait été remplacé par un pupitre aux ailes de phénix.

— Chers élèves, je vous souhaite la bienvenue à Poudlard. Nous espérons que vous avez fait bon voyage par le train et que votre année se placera sous le signe de la réussite. Une année toute particulière pour vous… Du moins, pour certaines promotions concernées. Mais avant d’en arriver à ces explications, j’aimerais vous présenter notre nouvelle concierge de Poudlard…

On sentait qu’elle refusait de prononcer le nom de Rusard afin de faire taire toute réaction qui en résulterait.

— … miss Electra Byrne.

De sa main fripée, peut-être l’une des seules choses chez elle qui trahissait son grand âge, à côté de son fort caractère et de sa détermination à toute épreuve à la hauteur d’une véritable guerrière, elle désigna la sorcière au fond de la salle, qui se tenait debout près des grandes portes de l’entrée. Tous pivotèrent la tête. Beaucoup ne l’avaient pas remarqué en entrant.

— Elle paraît toute mignonne et toute frêle à côté de Rusard, remarqua Doxmornt.

Pourtant, la réaction d’Hygie, la voisine de table de Kate, fut toute autre. Elle baissa la tête derrière son épaule, le visage se dégorgeant de ses couleurs.

— Je la connais…
— Tu la connais ? s’interrogea Kate en fronçant les sourcils, ainsi persuadée qu’elle n’était pas la seule à qui cette sorcière donnait cette étrange impression de déjà-vu.
— Elle était à Ste Mangouste, couina Hygie. L’année dernière…
— Tu veux dire… en tant que guérisseuse ?
— Non… Elle était malade.
— Pourquoi elle te fait aussi peur alors ? Elle a eu une diarrhée du troll si dévastatrice qu’elle peut encore contaminer des gens ?
— Tu ne comprends pas, Kate. Cette sorcière… elle a été internée pendant des années dans le service du 5ème étage.
— Le même qu’Eliot. Celui des…
— Oui. Celui des gens qui sont devenus fous…

Toutes deux examinèrent derechef la femme, qui devait avoisiner la trentaine, avec un tout autre regard que leur camarade.

— Si elle est dangereuse, pourquoi est-elle ici ?!
— Elle n’est pas dangereuse… enfin, je ne crois pas, trembla Hygie. Cela faisait presque dix ans qu’elle était dans le service. Mais son état s’était amélioré depuis un an, disait mon père. T-tu te rappelles le jour où on s’est croisé à Ste Mangouste ?

Jamais Hygie ne lui avait autant parlé. Et elle s’exprimait à la manière d’une petite souris dissimulée dans son trou pour ne pas se faire remarquer par le chat. Le regard de Kate se voulut rassurant.

— Oui, c’était le lendemain du réveil de mon cousin.
— Eh bien, elle venait tout juste de sortir de Ste Mangouste à ce moment-là.

Comme l’éclair éclate quand deux courants d’une température différente s’opposent, la mise en relation des deux événements détonna dans l’esprit de Kate. Le réveil d’Eliot n’avait été la cause d’aucun phénomène naturel, mais de l’intervention de la Sorcière Bleue. Et si sa première intuition qui lui avait soufflé que cette nouvelle surveillante lui rappelait cette femme qui avait tenté de la tuer s’avérait juste ? Que les deux n’étaient en réalité qu’une seule et même personne ? Elle ne pouvait savoir si la ressemblance existait entre les deux personnages, car elle demeurait ignorante quant à la morphologie de la Sorcière, cachée dans sa cape. La méfiance grandit en elle, alors que McGonagall continuait de parler.

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant