Chapitre 114 - La vérité au fond du verre

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— Qu'est-ce qu'on fait pour l'anniversaire de Kate, demain ?

Personne ne se doutait, à Beauxbâtons, des répercussions qu'allait avoir cette simple question, posée par Suzanna, au détour d'un petit-déjeuner.

— Pourquoi, tu as une idée en tête ? demanda Scarlett.
— Je vous rappelle que vous avez mobilisé toute l'école l'an passé en Irlande ! ricana la concernée, mal à l'aise. Vous avez mis la barre haut !
— Non, non, je pensais plus à un truc simple, comme pour l'anniversaire de Moira.
— Hm, j'aurais retiré les mots « pour l'anniversaire de » de ta dernière intervention, fit remarquer Maggie.
— Les choses les plus simples sont les meilleures, boucle d'Or ! se hâbla Moira en rejetant une mèche de cheveux en arrière.
— « Chose », c'est bien le terme.
— Ah, un petit tour dans un bar ? se souvint Kate. Ça avait été très sympa !
— Sauf qu'à l'époque, la moitié d'entre vous n'avait pas la majorité française ! se plaignit Moira. Ça avait été d'un plat !
— Il n'y a pas forcément besoin d'alcool pour passer une bonne soirée, soupira Scarlett, la plus raisonnable de toutes.
— On ne niera pas que ça peut aider à se débrider ! glissa Suzanna, malicieuse.
— On peut planifier ça si vous voulez, avec plaisir ! On a qu'à emmener les gars avec nous cette fois.
— Ah ? Tu comptais engager des cheerleaders pour fêter ta majorité française ? réagit Moira. J'approuve totalement cette idée !
— Je parlais d'Emeric et de Terry !
— Ça marche aussi !
— Bas les pattes sur mon fiancé, courte sur pattes !
— Ah ! Voilà qu'elle a une bague au doigt que déjà elle guette les infidélités !

Plutôt que d'alimenter leurs sempiternelles querelles, Kate préférait toujours dévier le sujet en concluant :

— Un verre dans un bar moldu, ça suffira amplement.
— Ça me semble risqué... ! fit remarquer Scarlett. Imagine que l'un d'entre vous boive trop – pas moi, puisque je n'y toucherai pas ! – et sorte sa baguette magique !
— Tu tentes une métaphore ou tu parles d'une vraie baguette magique ?
— Il y a bien le bar sorcier sur les côtes, si on ne veut pas prendre de risque, mais ce n'est pas très fréquenté.
— Justement ! On aura l'établissement pour nous !
— Bon, eh bien, va pour ça !

Leur discussion s'acheva sur la distribution des courriers par les hiboux. Scarlett ne manqua pas d'être l'objet de nouvelles émulations en recevant une lettre de Dennis Crivey. Les deux continuaient d'entretenir une correspondance épistolaire, mais la Gryffondor, trop craintive à dévoiler sa véritable identité, mentait sur son âge. Elle avait assuré une redirection de hiboux pour éviter qu'il n'envoie des messages vers Beaubâtons, ce qui aurait pu attirer les soupçons. Ses amies tentaient de la convaincre d'organiser une rencontre cet été, lors de leur retour à la capitale pour l'annonce des résultats des ASPICS.
Kate, quant à elle, reçut un épais dossier de la part d'une chouette effraie qu'elle ne connaissait pas. Son cœur battit à la chamade quand elle lut l'encart du premier parchemin de la pile.

— Qu'est-ce que c'est ? s'intéressa Maggie.
— Mon... dossier d'inscription à l'école des Nettoyeurs, balbutia-t-elle.
— Tu le reçois bien tôt ! fit remarquer Moira. Les nôtres ne risquent pas d'arriver avant avril, il paraît, d'après le professeur MacGonagall !

Toutes commençaient à avoir une idée précise de leurs poursuites d'études. Moira, brillante en sortilèges, désirait se lancer dans la recherche poussée des enchantements. Le professeur Flitwick, avec lequel elle partageait à la fois la passion des sorts et une taille commune, lui avait même insufflé l'idée de reprendre plus tard le poste d'enseignant à Poudlard. Ce à quoi Maggie avait ri, avançant que si le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal avait longtemps été maudit, celui pour les sortilèges serait désormais réservé aux sorciers mesurant moins d'un mètre vingt.
Scarlett désirait postuler pour Elixirs&Mix., une entreprise dans le Pays de Galles spécialisée dans la préparation des potions revendues ensuite dans la capitale ou sur quelques boutiques de villages sorciers.
Grâce à sa passion pour la photographie, Suzanna avait obtenu une promesse d'embauche comme stagiaire, dans un premier temps, pour la Gazette du Sorcier, afin de devenir assistante reporter. C'était Juno Nightingale, la Serpentard dont la mère était maquettiste, qui lui avait proposé cette opportunité.
Enfin, Maggie visait le Département des Sports Magiques au Ministère, comme cela avait été prévu dans sa tête depuis des années.
Kate parcourut vite fait le dossier, fatiguée d'avance à l'idée de remplir toute cette paperasse. De ses résultats dès les premières années à Poudlard, jusqu'au questionnaire médical – sur lequel on lui demandait si elle avait contracté la gnomite ou si elle avait déjà été en contact avec de la bave de troll hispanique – en passant par un test psychologique pour la prévenir des risques du métier, tout devait être renvoyé avant les vacances de Pâques. On la prévenait d'ailleurs qu'elle devait se soumettre à un examen physique au cas où son dossier serait accepté. Cela ne lui faisait pas peur ; Phil l'avait bien avertie sur tous ces détails, lui qui avait dû également passer tous les tests d'aptitudes à l'époque. Les Nettoyeurs ne recrutaient que les meilleurs, et c'était bien normal. Ils devaient être capables d'intervenir dans les pires situations, prêts à secourir moldus comme sorciers, tout en prenant en considération les risques qu'ils prenaient.
Mais Kate ne se faisait pas d'illusion ; à l'issue de sa formation, elle ne démarrerait qu'au bas de l'échelle, en grade 3, avec des interventions en extérieur très limitées. Elle allait devoir faire ses preuves pour obtenir une promotion et être affectée à une circonscription comme agent de terrain.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now