Chapitre 33 - Capnomancie et transfiguration

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Les premières vacances courtes étaient toujours accueillies à leur juste valeur par l'ensemble des élèves de Poudlard. Mais il ne fallait pas croire que les professeurs n'en profitaient pas à leur tour. On pouvait apercevoir certains après-midi le professeur Flitwick s'offrant une petite promenade de santé au bord du lac en sifflotant. Du côté de sa cabane, Hagrid sortait régulièrement les jackalopes de leur cage, ces gros lièvres américains avec des cornes de cerfs sur la tête, bondissant en tous sens et imitant la voix humaine à la perfection. Quelques fois, un jackalope échappait à sa vigilance et on avait fini par ne plus s'étonner de croiser un rongeur de dix kilos crapahuter dans les couloirs de l'école en empruntant la voix du demi-géant. Neville Londubat s'était résolu à effectuer un ménage d'automne bien mérité dans ses serres, même si son initiative manqua de le tuer lorsqu'un sac de terreau lui tomba sur la tête. Une chance pour lui qu'il eut un crâne solide, imperméable à toute épreuve après les années d'entraînement ! Les élèves avaient pourtant bien ri en le voyant rejoindre ses appartements recouvert de terre noire de la tête aux pieds. Le professeur Sheenchoth avait sorti son chevalet et sa palette de couleurs, pour s'installer dans le parc et peindre la silhouette du château, sous les beaux apparats que lui rendait la luminosité d'octobre. D'autres en avaient profité pour prendre congé à l'extérieur de l'école. Certains se demandaient si c'était le cas de Wolffhart, qui n'apparut à aucun repas. Pourtant, on entendait parfois les orgues vibrer lorsqu'on passait par le couloir attenant au préau, celui qui donnait sur la salle de métamorphose.

À l'approche d'Halloween, la grande salle avait été parée aux couleurs de la fête. Les citrouilles venaient à manquer cependant et on imputait la faute aux ravages de ces mêmes jackalopes qui devaient bien compenser leur poids ! Quelque part, cela en rassurait certains, qui ne gardaient pas un bon souvenir de la fête de 1998, durant laquelle les légumes explosifs avaient commencé à attaquer les élèves. Seule Kate taisait la réalité sur son implication autour de cet événement.

Si beaucoup d'élèves profitaient de ce répit pour respirer un peu et accorder du temps à leurs loisirs, Kate restait de son côté très assidue : elle n'avait pas hésité à sacrifier quelques soirées au calme pour prendre de l'avance sur les devoirs attendus pour la reprise des cours. Personne ne se faisait vraiment de souci pour sa réussite, puisqu'elle continuait à obtenir d'excellentes notes théoriques qui la hissaient parmi les premières de sa classe. La pratique, néanmoins, méritait encore quelques approfondissements... ! Mais plutôt que de s'exercer là-dessus, Kate travaillait sa théorie, encore et encore, sans relâche. Elle avait renoncé à l'idée qu'elle serait un jour capable de lancer un sort correctement sans éprouver l'angoisse de l'échec. Malgré les propositions de Moira de reprendre leurs entraînements communs, Kate préférait alors s'enfermer dans ses livres, comme si sa situation s'avérait inéluctable.
C'est ainsi qu'un soir, elle se plongea dans son devoir de divination dans sa salle commune, ce qui intrigua ses camarades de Paillombres, ignorant tout de cette matière. Curieux de nature, Tetsuya fut le premier à s'y intéresser, alors que Kate faisait brûler des herbes dans un pot en terre.

— Qu'est-ce que tu fais ? Une grillade ?
— Si seulement... soupira-t-elle en ouvrant son livre à la bonne page. Non, c'est de la capnomancie. Lire l'avenir dans la fumée. Selon la couleur, l'épaisseur, les formes... Enfin, voilà. Je n'y comprends rien. D'un côté, si quelqu'un arrive à y comprendre quelque chose, je lui tire mon Choixpeau !
— Ca a l'air trop cool ! s'enthousiasma Tetsuya.
— Si tu le dis... ! C'est moins sympa de se dire que je dois rédiger deux parchemins sur mes prochaines prédictions ! Même si je pense que lui affirmer que je mourrai cinq fois d'ici la fin de l'année suffira.
— Attends, je vais t'aider ! Hm. Regarde, là ! On dirait, euh... un arbre ! Ça dit quoi dans ton livre, pour un arbre ?

Kate consulta sans y mettre du cœur :

— « L'arbre fait référence aux origines, aux racines métaphysiques et à la force familiales ».
— Bah, voilà, ça te donne déjà un bon point de départ ! Qu'est-ce qu'on peut en dire ? Attends, on va guetter la prochaine fumée !

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now