Chapitre 122 - Promesses passées et futures

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Quelqu'un frappa à la porte du domicile des Whisper, le dernier samedi de juillet. Quelqu'un que personne, dans la famille, n'aurait pu attendre...
Quand Phil, en congés ce jour-là, ouvrit la porte, il battit plusieurs fois des paupières pour se convaincre qu'il n'hallucinait pas. Il aurait pu reconnaître la jeune fille, quand bien même il ne l'avait croisée qu'à deux reprises : lors de son procès et à King's Cross, le jour où Kate s'était fait enlever par Orpheus Fawley.
Morgana MacNair restait fidèle à elle-même et à sa famille, avec son teint pâle, ses cheveux sombres et son expression fermée. Elle comprit que le père de famille avait remis un nom sur son visage.

— Bonjour, mister Whisper. Je me doute que ma présence doit vous surprendre.
— Un peu mon neveu. Qu'est-ce que tu veux ?

Il avait prononcé sa phrase un peu sèchement. Entre le manque de sommeil, son inquiétude vis-à-vis de sa fille et le ressentiment général qu'il éprouvait envers les MacNair, Phil n'avait hélas plus de réserve de patience ou de bienveillance, du moins, pas autant que son épouse.

— Je cherche Beckett.
— Le blondinet ?
— On m'a dit qu'il était chez vous. Si tel est le cas, j'aimerais m'entretenir avec lui. Enfin, si vous me le permettez.

Sous couvert de politesse, Morgana employait ses mots avec une certaine rudesse. Phil reconnut qu'il s'agissait là d'une technique de MacNair pour cacher leurs réelles émotions et intentions. Merrick avait mis en place les mêmes méthodes, de son vivant.

— Ma maison va devenir un lieu de retrouvailles pour les conscrits de Poudlard, à ce rythme..., soupira-t-il en lui libérant le passage. Il est à l'étage, la porte à gauche côté rue. Mais je préfère prévenir : pas sûr que le Gus soit d'humeur à papoter.

Elle se contenta de hocher la tête et entra dans le domicile familial des Whisper. La maison de Kate ressemblait à tout ce qu'elle avait pu imaginer. D'une taille modeste, un véritable petit cocon, rempli de souvenirs, de complicité, de joie, de petits détails. Une famille vivait ici, avait investi le lieu jusqu'à ses moindres recoins. Ce n'était pas une coquille vide comme le manoir des MacNair, bien trop grand pour les deux seules âmes brisées qui continuaient d'y résider, dans les ombres de ceux qui étaient morts ou emprisonnés.
Morgana ne croisa personne dans les escaliers – elle parcourut d'un bref regard les photos moldues, qui ne bougeaient pas – de la famille, prises à différents moments de ces sept dernières années – ni à l'étage. Elle frappa à la porte de la chambre de Kate et attendit que la voix d'Emeric lui réponde pour entrer. Cependant, il ne se retourna pas quand elle pénétra de la pièce, assis au bureau et lui tournant le dos. Il pensait très certainement qu'il s'agissait de Grace, venue lui apporter une autre tasse de thé, qu'elle déposerait à côté de lui. Comme personne ne s'avança, il pivota sur sa chaise.
En reconnaissant Morgana, Emeric s'empara de sa baguette magique, posée à côté de ses recherches ; dans un même réflexe, la Serpentard sortit la sienne. Les deux jeunes personnes ne s'étaient jamais réellement adressé la parole par le passé, mais Emeric ressassait quelques animosités quand Morgana rongeait de son côté une jalousie qui ne tarissait pas avec le temps.

— Baisse ta baguette, lui conseilla-t-elle d'une voix grave. Je ne suis pas là pour t'agresser.
— Ah ? Vraiment ? ironisa-t-il. Le passé ne te donne pas toujours raison sur ce point.
— J'ai changé, Beckett. Et tu ne me connais pas. De ce fait, je t'interdis de me juger.
— Je n'oublierai jamais ce qu'il s'est passé dans la Cabane Hurlante. Tu as poignardé Kate de ton plein gré. Tu l'as tuée. Tu es à l'origine d'images qui ne quitteront jamais mon esprit.
— J'étais perdue à l'époque et...
— Et ça te donnait des raisons de l'assassiner ?

Morgana savait qu'elle ne parviendrait pas à le raisonner sur ce point, aussi, elle préféra rebondir sur le présent :

— Je viens t'aider.
— Merci bien. Mais je n'ai pas besoin de ton aide.
— À en juger par ta présence ici et l'absence de Kate, je suppose que tes efforts ne sont pas fleuris de succès, lâcha-t-elle, grinçante, en baissant sa baguette.
— Tu es au courant ?
— Pour sa disparition ? Disons que je sais repérer certaines informations intéressantes. J'ai suivi ce qu'il s'est passé pour les attentats. Tous les journaux en parlent, moldus comme sorciers. J'ai d'ailleurs appris que tu as sauvé des dizaines de Moldus ce jour-là. Bravo à toi. De nouveau un héros, pour changer. Même si le Ministère a eu un sacré boulot sur le dos à retrouver tous les témoins pour leur envoyer des Oubliators. J'ai rapidement fait le lien. Kate n'a pas fait entendre parler d'elle et on m'a fait savoir que son nom circule au bureau des Aurors. À mon avis, pas pour des histoires banales ou sentimentales... C'est là que j'ai appris qu'elle avait disparu. Tu étais la personne la plus disposée à avancer dans l'enquête. Visiblement, je ne m'étais pas trompée...

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now