Chapitre 13 - Un Japonais, une Irlandaise

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Lorsque la portière se referma pour marquer le départ du train, dont la locomotive redoubla de puissance, crachant de volumineuses volutes de fumée blanche qui noyèrent le quai bruyant, Kate avança dans le wagon tandis que ce dernier commençait à glisser lentement sur les rails. Quelques compartiments plus tard, elle retrouva Maggie et Terry qui débattaient à propos de la défaite de la jeune fille concernant le pari fait sur le quai. Celle-ci ne devait pas remarquer la présence de son amie derrière la porte vitrée coulissante.

— C'est tout bonnement impossible qu'elle porte du vert ! braillait-elle, empourprée de rage. Je la connais, moi, Kate Whisper ! Je partage son dortoir ! Je connais le contenu de sa valise ! Du violet, du rouge, du noir, du gris, du bleu clair à la limite. Mais elle ne porte JAMAIS de vert ! Pourquoi devrait-elle en porter aujourd'hui ! Hein, dis-lui, Kate !

Ah, il s'avérait que Maggie n'y avait pas fait abstraction ! Kate hoqueta en croisant le regard furieux de sa camarade et ouvrit la portière. Cependant, ses crises de colère ne manquaient pas de la faire sourire.

— Dis-lui ! 
— C'était un coup de chance ! assura-t-elle en haussant les épaules. Tu sais, ma mère m'achète de nouveaux vêtements durant l'été !
— Tu n'avais pas de trous à tes chaussettes l'an passé et tu n'as pas changé de chaussures non plus, tu n'as pas grandi des pieds... Pourquoi t'a-t-elle alors acheté de nouvelles paires ?!

Lorsqu'elle était énervée, le potentiel de déduction de Maggie devenait particulièrement redoutable. Sa mauvaise foi y était pour quelque chose, il fallait toujours qu'elle trouve une raison pour prouver que les autres avaient tort.

— Ma mère n'a pas le droit de m'acheter des chaussettes ? s'étonna Kate, toujours debout dans le cadre de la porte alors que le train quittait Londres.
— En l'occurrence, non, ça a déstabilisé mes pronostics !
— Hem. Je vois... Et en quoi consistait le pari, cette fois ?
— Tu sais que Ginny Weasley n'est plus à Poudlard ? débuta Terry, un sourire jusqu'aux oreilles.
— Oui, je sais. C'est quoi le rapport ?
— Il n'y a plus d'attrapeur dans l'équipe de Gryffondor...
— Et alors... ?

Le temps qu'elle prononce ses mots, les pensées de Kate s'assemblèrent dans sa tête alors que son regard alternait entre ses deux amis. La bouche en « o », elle s'exclama d'une voix aiguë :

— Maggie va se présenter pour le poste ?!
— Je ne comptais pas le faire, moi, à la base ! grommela Maggie, boudant sur la banquette.
— Les sélections se feront en octobre. Je n'ai pas envie de manquer l'occasion de la voir essayer d'attraper un vif d'or sous le regard des autres !
— Tu sauras que je ne me défends pas si mal ! se défendit-elle, le rictus narquois par-dessus ses bras croisés. Si tu comptais me ridiculiser, tu te fourres la baguette dans l'œil !

Pourtant, Kate mit de côté son excitation, se contenta d'afficher un sourire fugitif et son visage revêtit une expression plus sérieuse :

— Je reviens peut-être plus tard. Mais... je dois chercher Eliot.
— C'est qui, lui ?! éructa Maggie d'une manière peu élégante et peu accordée à ses manières.
— Son cousin, répondit Terry d'un ton plus bas, comme pour lui faire comprendre qu'ils abordaient un sujet sur lequel on ne pouvait pas se permettre de parler sur ce ton.
— Ah ! Moi qui croyais que tu avais dégotté un petit nouveau à ton goût !

Elle ne réagit que quelques secondes plus tard, écarquillant les yeux :

— Cousin ?! Ton cousin ?! Eliot, ton cousin ?!
— Tu mets du temps à percuter des fois... se moqua Terry sans paraître méchant.
— Je t'expliquerai cela ce soir, dans le dortoir, soupira Kate.

Sans un mot de plus, la jeune fille se lança à la recherche de son cousin. Dans le couloir du wagon, Marvin Ledger expérimentait des fléchettes hurlantes pour faire peur aux filles dans les compartiments, jusqu'à se faire poursuivre par des sixièmes années de Poufsouffle qui décidèrent de lui faire la peau après qu'elles aient crié à mort, terrifiées. Kate n'avait pas encore parlé avec le garçon, qui faisait pourtant parti de sa promotion. Elle avait eu l'occasion de partager quelques brèves paroles avec sa sœur jumelle, Phyllis, lors des cours, mais les filles de Serdaigle n'étaient pas vraiment réputées pour leur loquacité. Les jumeaux semblaient opposés : la fille ne se détachait jamais de sa bande de copines mais se cachait derrière une timidité qui semblait insurmontable, alors que le garçon, bien que solitaire, ne manquait jamais une occasion de se faire remarquer. Quelque part, Kate ne put s'empêcher de faire le rapprochement avec son père.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now