Chapitre 37 - Commotion amoureuse

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Il y avait toujours ce petit pincement au cœur chaque fois que Kate franchissait le mur qui séparait le hall moldu de la gare de King's Cross et le quai 9 ¾. La joie de retrouver Poudlard et ses amis, le regret de laisser derrière elle sa famille, entre autres la petite Abby qui, d'ici Pâques, aurait déjà dépassé bien des étapes que sa sœur allait irrémédiablement louper. La première personne qu'elle croisa sur le quai ne fut cependant pas quelqu'un de sa classe : Clive était occupé à aider un sorcier de service à monter quelques bagages bien lourds.

— Salut Clive !

En entendant la voix de Kate, le jeune homme se retourna et rajusta ses lunettes en souriant lorsqu'il aperçut la petite Papillombre qu'il affectionnait. Derrière Kate, Phil, le seul à l'accompagner ce jour-là, s'avança derrière sa fille, les poings dans ses poches et le regard dur à l'égard de ce Serdaigle trop vieux en apparence pour partager les mêmes bancs de cours que sa fille.

— Kate ! Tu as passé de bonnes vacances ?
— Mouvementées ! Mais ça va !

Clive ne dut pas se faire prier pour remarquer l'attention particulière que lui accordait Phil. Courtois, il descendit de la marche en sautant et tendit une main affable au sorcier.

— Vous devez être mister Whisper !
— Et tu es... ? demanda-t-il, suspicieux.
— Clive Ollivander, mister ! Je suis un bon ami d'Eliot, votre neveu.

À l'évocation du nom du jeune garçon, Phil s'apaisa et répondit à la poignée de main.

— Le fils Ollivander, voyez-vous ça ! Je ne savais pas qu'Eliot te comptait parmi ses bons contacts.
— On a été le voir à Ste Mangouste ce matin, précisa Kate à Clive.
— Et... je suppose que rien n'a changé.

Le silence couplé de Kate et de son père suffit à éclairer le jeune homme, qui afficha un très bref sourire forcé.

— Il vaut mieux ça qu'une dégradation de son état, je suppose.

Peiné par la mine de Kate, cette dernière se retourna vers Phil et lui prit ses sacs.

— Tu peux me laisser là, papa.
— Tu ne veux pas retrouver tes copines ? s'étonna-t-il.
— Je les retrouverai dans le train, ne t'inquiète pas. Je vais d'abord monter avec Clive.

Le regard mutin, Phil se pencha au-dessus de sa fille pour que Clive ne l'entende pas, ce qui ne fut aisé avec le bruit de gare ambiant tout autour d'eux.

— Je ne savais pas que tu craquais devant les binoclards !
— Hein ?!
— Enfin... tu ne penses pas qu'il reste quand même un peu vieux pour toi ?
— Quoi ? Je... papa ! Clive est juste un ami ! Ami, ami... ami ! Oui, tu as raison, il est trop vieux !
— Oui, hein. Qu'il n'en soit pas autrement !
— Qu'est-ce que ça sera quand je ramènerai un garçon à la maison, lui lança-t-elle en soufflant, provocatrice.

Phil ne préféra rien en répondre et aida sa fille à monter ses bagages dans le wagon. Puis, lorsqu'elle s'apprêta à s'éclipser pour prendre place dans l'un des compartiments, son père lui attrapa le poignet.

— Quoi encore ?! s'agaça-t-elle, alors que la locomotive commençait à cracher des volutes de plus en plus volumineux.

Pourtant, le regard perçant de Phil la persuada qu'il ne s'agissait pas d'un simple contretemps.

— Reste prudente, Kate. Ne sors pas seule dans le parc...

Elle se contenta de hocher la tête, elle-même consciente des dangers qu'elle courrait tant que la vampirette n'était pas neutralisée.
Une fois le Poudlard Express sur les rails, Kate renonça à suivre Clive dans le compartiment des préfets, prétextant qu'elle avait rendez-vous avec ses amies. La réalité n'était pas loin, elle nia cependant la nuance ; celle qu'elle ne sentait pas à l'aise au milieu de ses comparses tous plus âgées qu'elle ne l'était. Être préfète à treize ans ne comportait pas que des avantages.
Elle s'éclipsa donc et partit à la recherche de ses amies. Cependant, Kate croisa sur son chemin une personne qui éveilla une réaction bien paradoxale, quand Griffin apparut à l'autre bout du couloir du wagon dans lequel elle venait de monter. Son premier réflexe fut de sauter dans le compartiment le plus proche afin de ne pas se faire remarquer. Les yeux écarquillés des trois Serdaigles la fixèrent un temps en silence, la jeune fille faisant irruption au beau milieu d'une conversation.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now