Chapitre 66 - La porte aux six clés

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Tic. Tac. Tic. Tac.
Le balancement de la pendule en bois n'aurait jamais de fin. Et son mouvement l'hypnotisait. Le temps passait. Au départ, il s'était impatienté. Puis la vieille sorcière, au comptoir de l'antichambre, lui avait assuré qu'il n'avait rien à craindre. Qu'il devait attendre, comme tout le monde. Il s'était donc assis dans l'un de sièges capitonnés et patientait, sans oser porter la main sur l'un des magazines sorciers qui lui étaient proposés dans un petit panier attenant, sur les couvertures desquels des portraits animés de femme se dandinaient. Quelquefois, il sentait sur lui, le regard méfiant et curieux de la secrétaire, qui, lorsqu'elle se faisait remarquer, lui répondait aussitôt avec un affable sourire factice qui ne durait pas. Elle le savait. Elle savait très bien qui il était. Ce dont il était parfois capable. Il détestait profondément ces gens. Qui lui souriaient par devant avec des voix doucereuses. Qui le parjuraient par derrière, amplifiant les sinistres rumeurs à son propos. Hélas, peu nombreux étaient ceux qui différaient de ces derniers.
Puis, la porte qui s'ouvrit l'extirpa de sa torpeur. Et Albus Dumbledore apparut, vêtu d'une robe mauve.

— Aidan Sullivan.

Annoncé, le jeune homme se leva et se dirigea vers le directeur de l'école, qui l'accueillit avec un hochement de tête et une poignée de main sincère.

— Professeur, le salua Aidan, déférent.
— Comment vous sentez-vous ?
— Inquiet... pour tout vous dire. Je pense que c'est normal. Donc quelque part, c'est... rassurant.

Dumbledore esquissa un rictus et lui libéra le passage, qu'il lui présenta d'une main.

— Entrez, je vous prie. Tout va bien se passer.

Malgré les encouragements, Aidan entra, une boule au ventre. Plus loin, au bureau, près de la cheminée, allumée même en plein été, une femme consultait les parchemins, triés par pile. Et son regard intéressé se leva vers le jeune sorcier quand ce dernier s'avança, accompagné par le directeur de l'établissement.

— Mister Sullivan, le salua la sorcière, sans un sourire, après avoir retiré ses lunettes. Je vous en prie. Asseyez-vous.

Aidan s'exécuta tandis que Dumbledore rejoignit les côtés de Millicent Bagnold derrière le bureau. La Ministre de la Magie, déjà bien âgée, semblait tendue. Sentiment qui lui était directement inspiré par la proche présence de l'élève à la si sombre réputation...

— Je vous propose que nous commencions, se racla-t-elle la gorge. Vous savez pour quelle raison vous êtes ici, mister Sullivan.

Aidan hocha la tête d'un geste lent, ses yeux noirs fixés sur la Ministre, qui préféra lever son parchemin à hauteur de regard pour ne pas avoir à les croiser plus longtemps.

— Vos résultats sont plutôt satisfaisants. Cinq ASPIC, dont deux Efforts Exceptionnels et même un Optimal.

Elle tira une grimace ironique.

— En défense contre les Forces du Mal.
— Mister Sullivan s'est beaucoup consacré à ses études ces derniers mois, commenta Dumbledore. Ses résultats reflètent bien ses compétences.
— Je vois. Cependant...

Millicent Bagnold reposa le parchemin et lia ses mains par-dessus. Elle s'accorda quelques secondes pour choisir ses mots.

— Vous êtes au courant. Vous le savez. Toutes les portes ne vous sont hélas pas ouvertes, mister Sullivan.

Ce dernier ne répondit pas, bien conscient du sujet de la conversation. Dumbledore pencha la tête pour lui jeter un regard par-dessus les verres de ses lunettes en demi-lune.

— Y aurait-il un métier, un domaine, qui vous plairait davantage ? Qui vous intéresserait pour votre orientation professionnelle ?

Aidan réfléchit un moment avant de partager son idée :

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now