Chapitre 91 - Capturer l'avenir

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L'absence d'examens cette année n'excusait pas les élèves à paresser sur leurs devoirs. Les questions devenaient plus pointues, les connaissances à apprendre, toujours plus nombreuses. Wolffhart s'appliquait aussi à se montrer de plus en plus sadique. Kate se félicita de fréquenter Emeric au quotidien ; c'était bien le seul qui ne souffrait pas de cette situation de submersion face à la quantité de travail à abattre.

— Tu es certaine de ton nombre ?

Il pointa du doigt le parchemin que Kate était en train de remplir, concernant une potion permettant de respirer sous l'eau, sur laquelle elle devait effectuer une conversion dans les quantités.

— Ah oui, j'ai oublié un chiffre ! Ça me faussait tout ! Merci.

Emeric ne lui donnait pas forcément toutes les réponses, mais la forçait à se surpasser, à se remettre en question. Kate, quant à elle, ne complexait pas face aux facilités déconcertantes du Serdaigle. Elle le savait ainsi depuis toujours et ne désirait pas pointer du doigt inutilement cette faculté exceptionnelle. Il était comme il était et elle l'acceptait ainsi.

— T'es en tout cas bien plus sympa avec moi que Maggie avec Terry !
— C'est-à-dire ?
— Eh bien... tu sais, Terry n'est pas vraiment très scolaire. Maggie essaie de l'encourager. Mais tu sais... à la façon « Maggie ». En le bombardant de questions à la suite, en le forçant à réviser, réviser, jusqu'à ce que mort s'ensuive, à coup de chantages et de récompenses. Bon. Il n'a pas l'air de s'en plaindre plus que ça et ça marche plutôt pas mal. Mais je te promets que si, un jour, tu me fais du chantage pour essayer de me motiver, je t'attache sur mon balai et je le fais voler jusqu'à la stratosphère. Compris ?
— Clair et limpide. Même si je ne suis pas certain qu'un balai puisse monter à 12km d'altitude. À moins que tu ne trouves un endroit où la couche inférieure débute à 6km, mais je suis toujours sceptique concernant l'hypothèse qu'un balai puisse monter aussi haut.
— Voyons, ne pinaille pas sur les détails. Tu comprends très bien ce que je veux dire.

Ils échangèrent un rire sans bruit, les lèvres closes étirées en un sourire, avant que Kate ne retourne à son devoir. Mais Emeric se permit de l'interrompre dans un chuchotis.

— Tu as eu des nouvelles d'Atropos ?
— Aucune. Je ne sais même pas comment elle me préviendra. Avec un... corbeau de la mort ?

La plaisanterie ne fit pas rire Emeric. Mais il ne rajouta rien de plus. Quelques minutes plus tard, il aperçut du coin de l'œil Tetsuya, qui passait derrière lui, pour rejoindre la table des Papillombre. Il l'arrêta, chose qui étonna Kate, décrochant les yeux de son parchemin. Cependant, ce qui la rendit plus sceptique encore fut qu'ils discutèrent en allemand. Elle fronça les sourcils et se redressa. Ce geste interpela Tetsuya, qui ne s'attarda pas plus :

— Salut, Kate !

Puis, avoir lui avoir adressé un dernier signe de la main, il trotta rejoindre les autres Papillombre.

— Qu'est-ce que vous tramez, tous les deux ? marmonna Kate, suspicieuse.
— Rien du tout.
— Bah voyons, tu espères que je vais te croire. Vous me cachez quelque chose... Et je n'aime pas ça.
— Ça ne te concerne pas. Et ce n'est rien d'important.
— Je ne pensais pas qu'on pouvait être pire menteur que Terry. Mais apparemment, si, c'est possible.
— Je te le dirai bientôt, sourit Emeric. Mais pas maintenant.

Il se permit de toucher le nez de Kate du bout du doigt. La jeune fille gardait une expression à la fois curieuse et boudeuse.

— Très bien...
— Hé, les gars !

Fergus venait de les apostropher, les rejoignant d'un pas rapide. Dans sa main, l'édition du jour de la Gazette, dont il était fervent lecteur.

— Je viens de trouver quelque chose qui pourrait vous intéresser.

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant