Chapitre 15 - L'héritage d'Ollivander

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Le soleil auroral de mi-septembre enrobait les objets du dortoir des filles de Gryffondor. Ce fut un rai de lumière qui, titillant son nez, éveilla la petite Kate, qui grommela en se retournant dans ses couvertures en grognant. À ses pieds, Mister Minnows, qui avait senti le lit remuer, s'étira en baillant, enroulant sa langue, avant de grimper sur le corps recroquevillé de sa maîtresse, peu disposée sur le moment à l'accueillir en toute joie :

— Hmmm, laisse-moi dormir, Mister Minnows, gromella-t-elle en enfouissant sa tête sous les draps.

Pourtant, le chat poussa un petit miaulement lancinant, le genre de son désagréable et pertinemment délibéré. Lorsqu'elle fut à bout, Kate attrapa son oreiller et le jeta à l'aveugle sur la bête, qui bondit du lit avant d'exprimer son mécontentement d'être ainsi traité en crachant sur le parquet, gonflant sa toison blanche. Cependant, il était trop tard : Kate se tira du lit, avant de remarquer qu'aucune de ses camarades n'était présente dans le dortoir. La panique commença à faire son œuvre. Elle se saisit avec fébrilité de sa baguette magique et prononça la formule basique qui lui afficha l'heure dans des filets de fumée : 8 : 32 AM. Cependant, le sortilège de Kate, bien moins performant qu'à la normale, souffla d'immenses bouffées opaques, qui l'enfumèrent bien vite. Elle suffoqua en brassant l'air ambiant :

— Nom de... Je suis en retard !

Les cours commençant à neuf heures tapantes, elle avait à peine le temps de descendre à la grande salle consommer son petit-déjeuner en un temps record avant de rejoindre les bancs du cours de miss O'Joovens, leur professeur de théorie contre les forces du mal.
S'habillant en quatrième vitesse, elle sortit du dortoir, encore débraillée, le sac sur l'épaule, sans se rendre compte qu'elle y enfermait son animal domestique. Il n'allait pas tarder à lui faire savoir, d'autant plus qu'elle fit l'erreur de laisser sa valise ouverte au pied de son lit à baldaquins...
Dans la grande salle, beaucoup d'élèves terminaient encore leur collation matinale et Kate retrouva les quatre filles, regroupées autour d'un parchemin. À côté d'elle, une petite chouette demeurait stoïque, une lettre accrochée à sa patte. Littleclaws, qui reconnut immédiatement la fille de son maître, voleta vers elle et atterrit sur son épaule, lui tendant le message.

— Ton hibou est stupide ! pesta Maggie quand Kate prit place à côté d'elle. Il m'a griffée quand j'ai essayé de lui prendre la lettre pour te la donner plus tard.
— Encore une fois, Maggie, c'est une chouette nyctale, pas un hibou, nuança Scarlett, la posture droite.
— Il est bien élevé en tout cas ! ricana Moira sans lever le nez du document au centre de la table, debout sur le banc. Il faudrait que tu lui apprennes aussi à becqueter le nez des gens, Maggie serait furieuse de se retrouver défigurée par une bête vingt fois plus petite qu'elle.
— On connaît ton complexe d'infériorité exacerbé et ton besoin de parler de toi sous des termes te mettant si peu en valeur, rétorqua Maggie, mais tu n'es pas obligée de le mettre au milieu de la conversation à chaque fois !
— Littleclaws est très intelligente, expliqua Kate en détachant la lettre. Elle n'obéit qu'à mon père et à moi, à l'occasion... Elle est très fidèle. Et elle reconnaît bien les gens.

L'enveloppe, marquée à son nom et vraisemblablement calligraphiée par son père, contenait pourtant deux lettres, dont l'une était adressée à Eliot.

Coucou chipie,

J'espère que tout se passe bien à Poudlard en ce moment. J'ai lu un article sur toi, l'autre jour. Il était en première page de la Gazette du Sorcier. Tu as sûrement dû le voir. Depuis, ta mère et moi avons eu le droit à la visite de plusieurs imbéciles, qui ont trouvé excellente l'idée de nous harceler. Ils ont compris que je n'étais pas vraiment prêt à coopérer qu'après avoir fait flamber le chapeau de l'un d'entre eux. Au moins, pour l'instant, nous avons la paix. Mais je pense que tu verras paraître prochainement un article à propos du comportement inacceptable du père de la petite surdouée qui a ouvert Papillombre... ! Le début de la célébrité pour moi, ma grande ! Le monde va enfin me respecter à ma juste valeur !
Quoiqu'il en soit, si tu as le moindre problème avec un journaliste, tu me dis et je m'en charge. D'accord ? Après tout, les guérisseurs de Ste Mangouste possèdent un excellent service de reconstruction faciale... Il faut savoir profiter de leurs services !
Je te joins une lettre pour Eliot. Comme Littleclaws le connaît peu, j'ai trouvé plus judicieux de la faire passer par toi. J'espère qu'il va bien et que tu te soucies de lui. Mais j'ai confiance, je sais que tu as toujours été proche de lui, ça ne devrait pas poser de problèmes. S'il devait en avoir un, tu m'envoies une lettre de toute urgence.
À part le coup des journalistes, tout va bien à la maison. J'ai beaucoup de travail en ce moment, à cause d'une invasion de Serpencendres, qui ont incendié un pâté de maison, dans une ville pas loin de Carlton. Mais je me suis fait pardonner de mes absences fréquentes auprès de ta mère en lui préparant des Magic Burgers hier soir. Même si elle continue à nier, je sais qu'elle les adore ! Après tout, je suis le roi des Magic Burgers !
Je continuerai à t'envoyer une semaine tous les dix jours, comme l'année dernière. Si j'y pense.
Plein de gros bisous, ma chipie.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now