Chapitre 107 - La première épreuve

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Le mois de novembre défila à grande vitesse aux yeux de beaucoup d'élèves qui trépignaient d'impatience pour la première épreuve. L'un d'entre eux, en revanche, ne se réjouissait pas tant. Au matin ensoleillé de la première tâche, Emeric peina à se lever et à se préparer. Il avait révisé un certain nombre de sortilèges la veille, avant de se coucher, avait étudié beaucoup de possibilités. Lui n'avait eu aucun indice sur ce qui se tramait. Par son appartenance à Durmstrang, Sigrid avait dû avoir quelques informations sur le cœur de l'épreuve. Quant à l'académie de Beauxbâtons, ils étaient hélas réputés pour tricher quand la situation les arrangeait. Madame Maxime avait certainement dû briser quelques règles mineures pour glisser à son élève ce qui se préparait dans le Colisée.
Le Colisée... Emeric n'avait entendu parler de ce lieu que dans de vieux grimoires inusités depuis des siècles. Il s'agissait d'une grande arène greco-romaine, à quelques dizaines kilomètres de l'académie, conservée par des sorciers tout au long des millénaires. Beauxbâtons y célébrait quelquefois de grands matchs ou ouvrait le Colisée pour des occasions bien particulières. Le Serdaigle espérait juste ne pas perdre de temps à s'émerveiller sur les lieux plutôt que de se consacrer à son épreuve ! L'école de Poudlard comptait sur lui. Kate comptait sur lui.
Il ne percutait que maintenant qu'il portait sur ses épaules le lourd poids de champion de Poudlard. Les vêtements qu'on lui avait donnés, à l'effigie de l'école, avec le blason uniquement brodé de bleu pour représenter sa maison, lui collaient à la peau et renforçaient cette image qu'il devait à tout prix renvoyer.
Terry avait bien remarqué ce manque de motivation et tenta de le coacher tout au long de la journée.

— Il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas ! lui disait-il encore en début d'après-midi, une heure avant le début de la première épreuve. Des trois, tu es certainement celui qui possède le plus de connaissances en magie !
— Je ne pense pas que ce sont les connaissances qui vont le plus m'aider... Sigrid et Gabrielle ont plus d'indices que moi. Je ne sais même pas en quoi va consister l'épreuve !
— Donc tu as plus d'atouts dans ta manche ! Ça se trouve, de leur côté, elles vont y aller les mains dans les poches, avec une solution déjà toute faite, et ce n'est pas ça qui va fonctionner !

Peu convaincu, Emeric haussa les épaules. Terry ouvrit la porte, dans l'espoir de le forcer à y aller avec un esprit de vainqueur, mais ce qu'il trouva devant l'entrée de leur chambre l'interrompit dans son élan. Un panier garni se trouvait là, avec une belle bouteille de jus de citrouille deluxe, édition de Noël anticipée, avec un petit parchemin accroché au bout d'une ficelle : « Courage Emeric ! :) »

— Oh, tu as reçu un cadeau d'encouragement ! Ça a l'air bon tout ça ! En plus, elle est fraîche ! Ça peut sûrement faire office de remontant.
— Je n'ai ni soif ni faim, merci, rejeta poliment Emeric.

En réalité, il n'était vraiment pas dans son assiette et craignait que tout ce qu'il avalerait ressortirait dans un laps de temps trop proche.

— Dommage, ça a l'air sympa. Ce sont peut-être tes amis de Serdaigle qui te l'ont laissé. Ou Kate !
— Pourquoi tu te sens toujours obligé de parler de Kate ?
— Parce que tu l'aimes toujours. Tu n'en serais pas là aujourd'hui dans le cas contraire. Je me trompe ?

Emeric remonta ses lunettes en les repoussant d'un doigt sur l'arête de son nez.

— Je ne veux pas y penser aujourd'hui. Je dois avoir les idées claires.

Il se dirigea vers la sortie, pris d'une bouffée de détermination.

— Pas de soucis, lui lança Terry, à travers la porte entrouverte. Prends de l'avance, je te rejoins !

Cependant, le Serdaigle avait besoin de distancer tout cela. Il avait tenté de recourir à plusieurs méthodes de méditation pour focaliser ses pensées, déterminer son objectif. Mais chaque fois, l'image de Kate revenait à la charge, plus détaillée, plus puissante encore. Il ne voyait que ses larmes retenues dans la tour d'astronomie, le cœur qu'il lui avait brisé.
C'était l'occasion aujourd'hui de se faire pardonner.
Emeric monta seul dans l'une des diligences qui reliait les dortoirs de Poudlard jusqu'au Colisée. La route s'effectuait en une vingtaine de minutes. Ce qu'il appréciait ce silence... Personne à ses côtés pour le stresser, pour le bombarder de conseils, pour angoisser à sa place. Emeric ferait face à l'épreuve seul, il n'avait besoin de personne d'autre pour réussir.
Quand apparut le fameux Colisée, Emeric se laissa aller à quelques rêveries. Beaucoup plus petit que son homologue romain, il présentait cependant une architecture similaire, avec des ouvertures s'alignant sur les différents étages et des colonnades typiques de son époque de construction. On pouvait souligner un meilleur état de conservation que son grand frère, réduit à l'état de ruines à cause des tremblements de terre.
Aussitôt posa-t-il le pied à terre qu'Emeric fut accueilli par Madame Maxime et le professeur Bribesdor, qui s'occupaient de rediriger les élèves.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now