Chapitre 63 - Le parfum de la valériane

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— Doucement...

Ce murmure, Kate l'adressait à sa propre personne alors qu'elle déposait délicatement Abby dans son lit. La petite, toute ensommeillée, remua en sentant un geste peut-être un peu trop brusque, ce qui valut l'immobilisation complète de sa grande sœur. Cette dernière termina sa tâche après s'être assurée qu'elle ne l'avait pas réveillée par mégarde. Elle remonta les draps jusqu'au cou d'Abby et déposa un baiser sur le front de sa petite sœur tant aimée, en lui souhaitant de faire de beaux rêves.

En sortant de la chambre, Kate tenta de capter depuis l'étage des bribes de la conversation que les adultes partageaient en bas, dans le salon. Elle savait fort bien qu'ils lui avaient confié le coucher de sa sœur pour l'éloigner quelques minutes et aborder avec le nouvel arrivant quelques paroles qu'ils voulaient épargner à leur fille. Pourtant, rien ne lui parvint. Décidant qu'elle était après tout la première concernée par cet entretien improvisé, Kate descendit, appuyant ses pas dans l'escalier pour prévenir de son arrivée imminente.

En ouvrant la porte vitrée qui séparait l'entrée du séjour, les regards des adultes ne se tournèrent pas tout de suite vers elle, terminant leur conversation :

— ... mais cela nécessitera certainement quelques passages au Ministère, terminait Ron Weasley, assis sur le siège en face du canapé où était installé le couple des Whisper.

Kate observa un court moment le jeune Auror, en songeant qu'elle avait affaire là au meilleur ami de son ancien professeur de Défense contre les Forces du Mal. Au petit ami de sa tutrice sorcière qui l'avait tant aidée l'année précédente. Mais surtout à un autre héros de guerre. Ron ne le laissait pas particulièrement paraître, les gestes parfois malhabiles, comme peu assurés. Mais la situation y était sûrement pour beaucoup. C'était cependant dans ses yeux clairs que l'on découvrait toutes les épreuves difficiles qu'il avait dû traverser par le passé.

— Viens t'asseoir, ma chérie, l'invita Grace, en libérant un peu de place à côté d'elle, dans le canapé.

Kate s'exécuta, sans quitter Ron du regard.

— Alors c'est vrai ? demanda-t-elle. Le Ministère veut quelqu'un pour me surveiller ?

— Avant que d'autres mesures soient prises, c'est en effet le cas, répondit le jeune Auror, penché, les mains liées sur ses jambes.

— D'autres mesures ?

Ron grimaça et jeta un coup d'œil à Phil, le plus intimidant des trois, avant d'avouer ce qu'il leur avait déjà confié quelques minutes auparavant, en l'absence de Kate :

— Il était question au départ de ne plus t'autoriser à aller à Poudlard.

La nouvelle estomaqua la jeune fille, qui ne parvint à répondre, raidie par sa brusque inspiration de surprise.

— Ne plus aller à Poudlard ? répéta-t-elle.

— Le professeur McGonagall et Herm-... je veux dire, miss Granger, ont beaucoup œuvré pour que cela ne se déroule pas ainsi. Pour elles, c'était important que vous continuiez de fréquenter l'école. Et vos amis.

— Qu'est-ce qu'ils auraient fait de moi, sinon ?

— Ils vous auraient fait surveiller aussi. Mais ici.

Cela fit ricaner Kate, jaune, alors Ron reprit :

— McGonagall a donc accepté qu'un Auror vienne avec vous à Poudlard, plutôt que de rester ici. Que vous restiez cloîtrée dans votre maison.

Le soupir reconnaissant de Kate fut suivi d'un léger sourire qu'elle adressa à ses parents. Seule sa mère le lui renvoya.

— Donc... je suppose que je ne m'en sors pas si mal ? préféra-t-elle se réjouir.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now