StepBrothers Games | Terminée

#Game 92 - Hugo

FRERES DES JEUX

L'angoisse est trop forte...

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Dimanche 25-11-2 018 | Sur la route vers Prat-les-Thermes

10 h 00 - La route sinueuse n'en finit pas de tourner et d'enchaîner les virages qui nous permettent de gravir le haut de la montagne avant de passer le col pour redescendre vers la vallée. J'ai voulu encore une fois n'en faire qu'à ma tête et je m'en mords les doigts. J'ai validé cet itinéraire qui nous fait gagner presque une heure en passant par cette route plutôt que de prendre celle qui contourne la montagne. Et voilà comment je me trouve confronté à mon plus gros cauchemar.

Mon accident !

J'ai beau serrer les dents ou bien mes mains sur la poignée de la porte. Rien n'y fait. Cette peur insidieuse me bouffe de l'intérieur et s'accompagne de bouffées de chaleur tout aussi destructrices que celles qui ont léché mon corps quatre ans plus tôt.

— Tu veux m'en parler, s'inquiète Yohan.

— ...

J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais aucun son n'en sort. J'en suis incapable. Ma gorge est bien trop sèche. Nouée. Je tente de déglutir régulièrement, mais le peu de salive à ma disposition ne me permet toujours pas de retirer cette sensation de papier de verre, qui me bousille la trachée. Je secoue la tête à plusieurs reprises, car poser des mots sur mes émotions est impossible. Même respirer m'est douloureux. Alors, lui parler...

— Tu veux choisir une autre musique ?

— Non...

— Un peu d'eau peut-être ?

Rien que de penser à cette intrusion dans mon corps me provoque un haut-le-cœur. Je tente de le réprimer pour ne pas inquiéter Yohan. Il l'est bien assez ainsi, et puis il doit se concentrer sur la route. Ce n'est pas le moment qu'on ait un accident.

Ce mot me percute si fort que ma respiration se bloque comme si je venais de prendre un coup de poing dans le ventre. Mes mains par protection se referment sur ce dernier.

— Hugo ! Qu'est-ce qui t'arrive ?

Je suis plié en deux et ne parviens pas à lui répondre. Je suis focalisé sur le manque d'air qui est en train de faire souffrir mon corps en le privant de sa fonction première.

Je me sens ballotter. Le clic de la ceinture résonne dans ma tête, vite remplacé par la morsure du froid. Le vent gèle ma peau instantanément tandis que mes bras sont écartés avec force m'obligeant à me redresser. Mon dos prend appui contre quelque chose de chaud. La violence avec laquelle l'air entre dans mes poumons est brutale. Des milliers de lames viennent lacérer mes bronches. Elles sont en feu. Elles crépitent. C'est tellement douloureux qu'un son caverneux est expulsé en même temps que ce premier souffle.

— Respire mon amour. Je suis là. Je te tiens.

En même temps que je perçois sa voix, je sens ses bras se resserrer sur ma taille. Son souffle se répercute sur ma nuque.

— Suis ma respiration, Hugo.

Yohan se met à compter.

Il prend le temps entre chaque nombre pour que je puisse le suivre. Je sens une autre chaleur se coller sur le devant de mon corps. L'arrivée d'un nouveau parfum me perturbe. Et pourtant, je me sens me détendre. Ma respiration suit le rythme de Yohan. Ces autres bras, qui m'encerclent à leur tour m'apportent un sentiment de bien-être.