#Game 103 - Yohan

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FRERES DES JEUX

Le plus important, c'est lui... 

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Lundi 26|11|2 018

Casse de voitures à Paliers

18 h 45 - Le sang coule sur mon bras. Le contact est chaud. J'ai froid. Nos corps sont couchés au sol et je ne sais même pas à qui il appartient. Pourtant je ne ressens rien. Pas de douleurs lancinantes comme tout à l'heure quand la balle a entaillé la peau de mon bras. Alors je relève la tête. Au même moment, une main s'agrippe à mon épaule et la resserre comme pour me faire réagir. Ou tester si je suis en vie.

Les yeux maintenant ouverts se posent sur le corps de mon homme. Les siens sont fermés. Une peur panique me prend. Elle me paralyse. Elle m'empêche de tendre la main vers Hugo. Le sang qui coulait sur mon bras lui appartient.

Ma main sur son ventre va à la rencontre de cette chaleur poisseuse.

Il geint.

Mon regard remonte vers celui que j'aime. Mentalement, je l'exhorte à ouvrir les yeux. Ce qu'il fait, alors que cette main serre toujours mon épaule. Je ne sais plus qui est qui. Un autre corps est entre nous. Ses jambes restent entourées de mon bras. Pourtant de l'autre mon contact presse bien l'abdomen de Hugo. Ses iris charbonneux cherchent les miens.

Ce contact visuel me coupe le souffle. Il me déstabilise. L'affaire de rien. D'un clignement d'œil, je le trouve vide. L'étincelle renaît quand il lit le mien. D'un même geste. D'un même élan. Faisant abstraction de ce qui nous sépare. De ce qui se trouve entre nous. Nous répondons à cette attraction, qui a toujours été la nôtre.

En une fraction de seconde, je suis dans ses bras. Il est dans les miens. Cette étreinte silencieuse vaut tous les mots. Je sens sa chaleur. Son pouls quand ma joue se colle à son cou. Il tape vite, mais il tape. Cette mélodie me rassure. Calmé par ce rythme élevé, mais régulier, je cherche à nouveau son regard.

Aussitôt, ses lèvres caressent les miennes. Bouche contre bouche. On ferme les yeux. Sans bouger, nos respirations se mélangent et nous reprenons vie.

— Tu vas bien ?

— Oui. Et toi ?

— Je n'ai rien.

Nos souffles se répercutent sur les lèvres de l'autre. Hugo m'a répondu, plus rien n'a d'importance. L'espace-temps s'allonge, se déforme et nous accorde cet instant unique. Rien qu'à nous. On est seul au monde. Nos corps serrés communiquent entre eux. Nos lèvres bougent, mais aucun son ne sort cette fois-ci. Je le retrouve au milieu de ce chaos.

La chaleur poisseuse du sang coule toujours sur moi.

Le regard apaisé de Hugo m'encourage à me laisser aller. Je suis dans ses bras et plus rien ne compte. Pas même cette main, qui me comprime l'épaule. Celle de mon homme est autour de ma taille et l'autre contre ma joue. J'apprécie sa caresse sur ma pommette. L'arête de mon nez. Je respire d'aise.

— Yo...

Cette voix même déformée, je la connais. Je dois lui répondre. Mais je ne veux pas quitter l'étreinte aimante de Hugo.

— Aide-moi.

Cet appel ne correspond pas à la même personne. Je dois quitter le regard de mon homme. Je dois répondre à ce double appel. C'est urgent, je le ressens. Notre bulle d'amour, de sérénité retrouvée, éclate. J'ai froid à nouveau, alors que je me détache de celui que j'aime.

Au moment où je me tourne pour voir qui se trouve à mes côtés, une autre voix, cette fois-ci, inconnue, crie :

— Que personne ne bouge. Les mains en l'air ! Exécution.

StepBrothers Games | TerminéeWhere stories live. Discover now