Si tu voulais m'aimer

OS7 Tu n'aurais pas dû

-Non, juste amis, affirma Astrid.

Ingrid lui lança un regard peu convaincu et lança une autre hache. Astrid changea de sujet et commença à lui parler de Rustik. Mais Harold n'écoutait plus. Il était caché derrière un arbre, attendant que les deux filles aient fini leur entraînement pour pouvoir parler à Astrid. Il s'était enfin décidé à lui avouer ce qu'il ressentait au plus profond de lui. Mais quand il avait entendu Astrid affirmer qu'ils étaient juste amis, son cœur s'était déchiré. Il n'aurait jamais dû écouter cette conversation. Il n'en avait même pas l'intention à la base mais la curiosité de savoir ce que pouvait bien se raconter deux filles entre elles l'avait emporté.

Il entendit son cœur battre dans sa poitrine. Mais c'était comme s'il s'était arrêté. Ce cœur, qui appartenait à Astrid depuis si longtemps, venait d'être brisé en mille morceaux par Astrid elle-même. Il pensait être plus qu'un simple ami pour elle. Il pensait être son confident, celui sur lequel elle s'appuyait. Il avait même pensé avoir une chance avec elle. Mais il s'était trompé. Astrid le considérait comme un ami, au même titre que Rustik ou Varek et même Kranedur. Un trou béant se forma dans sa poitrine. Il sentait que les larmes n'allaient pas tarder à couler. Il ne voulait pas qu'on le voit dans cet état. Que penseraient les autres s'ils savaient que leur leader était si faible ? Il retint du mieux qu'il put les larmes et courut jusqu'à sa hutte sans s'arrêter. Quand il se fut enfermé à l'intérieur, il craqua et s'effondra, adossé contre le mur, en larmes. Il ne pouvait pas les arrêter. Mais comment le pourrait-il ? Depuis qu'il avait cinq ans, la première pensée qu'il avait en se réveillant était pour Astrid. Tout ce qu'il avait fait dans toute sa vie était pour qu'Astrid le remarque. La seule personne avec qui il voulait être n'était qu'Astrid. Il était éperdument amoureux d'Astrid. Il était littéralement fou d'elle. Et elle venait de lui prouver que ce n'était pas réciproque. Non, il ne pouvait pas arrêter les larmes.

Il entendit un bruit sourd à l'étage. Krokmou venait d'entrer dans la hutte par la fenêtre spécialement conçu pour lui. Il vit son dragon descendre lentement les escaliers en le regardant tristement. Il avait bien vu qu'Harold n'allait pas bien. Harold ramena ses genoux contre lui et croisa les bras, enfouissant sa tête dedans. Les larmes coulaient sur ses joues comme des torrents. Krokmou s'approcha lentement et le poussa du museau.

-Non Krokmou, sanglota Harold en le repoussant. Laisse-moi...

Krokmou gémit doucement. Pourquoi Harold était-il dans cet état ? Cela ne lui ressemblait pas de pleurer comme ça sans interruption. Krokmou ré-appuya son museau sur le bras d'Harold et celui-ci n'eut pas la force de le repousser à nouveau. Il entoura la tête du dragon de ses bras et appuya son visage sur ses écailles noires.

-Elle ne veut pas de moi Krokmou ! sanglota-t-il. Elle ne veut pas de moi, elle ne m'aime pas...

Krokmou comprit immédiatement de qui il voulait parler. Astrid. Il poussa un gémissement compréhensif et Harold continua de pleurer, appuyé sur lui. Krokmou s'installa près de lui et essaya de le réconforter du mieux qu'il le pouvait. Mais les larmes d'Harold étaient intarissables.

Quand vint l'heure du repas, il ne bougea même pas, continuant de pleurer. Il ne vivait que pour Astrid. Mais comment pouvait-il encore vivre si Astrid ne voulait pas de lui ? C'était tout simplement impossible. Tout ce qu'il pouvait faire était resté là, sans bouger, jusqu'à la fin de ses jours. L'estomac de Krokmou gargouilla et Harold le lâcha.

-Va manger mon grand, dit-il doucement. Tu as faim, va manger.

Krokmou ne préféra pas insister et sortit par la fenêtre. Harold monta dans sa chambre et s'effondra dans son lit où il s'endormit pour un sommeil peuplé de rêves.

Quand il se réveilla, son état avait empiré. Il avait rêvé d'Astrid toute la nuit. Il avait rêvé qu'elle lui disait qu'elle l'aimait pour juste après le rejeter méchamment et partir. Il n'avait rien mangé depuis la veille au matin mais s'en fichait pas mal. A peine eut-il ouvert les yeux que son esprit convergea vers Astrid et sans qu'il ne puisse les en empêcher, les larmes recommencèrent à couler. Il ne prit même pas la peine de sortir de son lit et resta là, à pleurer. Krokmou se réveilla à son tour et vit qu'Harold pleurait encore plus que la veille. Il sortit et courut chercher quelqu'un. N'importe qui. Il fallait qu'Harold parle à quelqu'un qui pourrait lui répondre et le comprendre. Il croisa Ingrid. La personne parfaite. Il se mit à sauter autour d'elle et à la pousser vers la hutte d'Harold.