OS51 Cauchemars

1.3K 59 19
                                    

Drago pointa son bâton sur Krokmou, qui se baissa, soudain intimidé. Mais il se reprit et se redressa, faisant face à l'immense dragon alpha Icebeast. Mais il perdit rapidement son assurance alors que le pouvoir dominant du dragon oppressait son esprit.

A côté de lui, Harold s'inquiétait de voir son dragon se débattre contre rien et l'appela, sans succès. Il se sentait complétement inutile.

Mais soudain, Krokmou releva la tête, droit comme un piquet, les pupilles plus fines qu'un cheveu. Drago ricana et pointa son bâton sur Harold. La peur envahit le jeune Viking alors que Krokmou se retournait vers lui, ses oreilles vibrantes à l'appel de l'alpha. Il se mit à reculer, appelant désespérément son dragon, avec le mince espoir que cela lui permettre de redevenir lui-même.

Mais Krokmou s'avançait vers lui, inexorablement. Le dragon ouvrit les ailes et la gueule. Harold vit une aura violette se former dans la gorge de son ami et la peur le paralysa sur place. Il aurait pu s'enfuir, s'échapper, sauver sa vie, mais il resta là, bloqué entre son meilleur ami et un mur de glace. Il tendit les mains devant lui, ordonnant à Krokmou de se reprendre, de lutter contre ce qui le contrôlait, toujours en vain.

Il sentit la mort approcher. Il allait mourir, c'était inévitable. Rien ni personne ne pourrait changer cela à présent. Il allait mourir maintenant, tué par son meilleur ami, celui à qui il confierait sa vie les yeux fermés. Il avait toujours fait confiance à Krokmou, c'était un dragon extraordinaire. Il était joueur et pouvait devenir complétement fou de joie si on se mettait à s'amuser avec lui. Il était gourmand, plus que tous les dragons qu'Harold avait jamais rencontré. Krokmou engloutissait un panier entier de poissons en à peine quelques minutes. Il était courageux. Jamais Harold n'avait rencontré de dragons plus braves et plus dévoués. De dragons plus prêts que lui à se mettre entre une flèche mortelle et un ami, pour lui sauver la vie. Il était attentionné, Krokmou était toujours le premier à se rendre compte que quelque chose n'allait pas, il était attentif à tous les minuscules signes qui le trahissait.

Et aujourd'hui, aujourd'hui, ce dragon unique et extraordinaire était sur le point de le tuer, corrompu par un homme mauvais.

Harold serra les paupières, attendant le choc. Il pensa à tout ce qu'il aurait voulu faire avant de mourir. Il aurait voulu épouser Astrid, voir de nouveaux ses parents réunis, voir rentrer sa mère sur Beurk, voir les dragons et les Vikings travailler encore davantage ensemble pour améliorer la vie de chacun, discuter une dernière fois avec Varek, s'enthousiasmer encore avec lui sur toutes les espèces de dragons encore inconnus, se disputer avec Rustik, réparer les dégâts des jumeaux, forger avec Gueulfor, embrasser Astrid, la serrer dans ses bras. Et bien d'autres choses encore.

Il se rendit compte que beaucoup de choses qu'il trouvait pénibles à effectuer auparavant, comme gérer les jumeaux, apparaissaient aujourd'hui comme ce qui le rendait heureux.

Il attendit le choc, tendu.

Mais un cri résonna à ses oreilles. Il reconnut la voix de son père. Il rouvrit brusquement les yeux et le vit accourir vers lui.

-Non ! s'exclama-t-il mentalement. Non, Papa, éloigne-toi ! Ne fais pas ça ! C'est après moi qu'il en a, arrête-toi !

Mais trop tard, Stoïk le bouscula, prenant la boule de plasma pour lui.

•••

-NON !! cria Harold en se réveillant brutalement, les yeux écarquillés de peur.

Il transpirait à grosses gouttes et respirait bruyamment. Son cri avait réveillé Astrid en sursaut qui se prépara d'abord à devoir combattre mais qui se détendit en comprenant la situation.

Harold enfouit son visage entre ses mains, serrant les paupières. Il sentit la main d'Astrid sur son épaule. Il frémit. Sa paume froide tranchait avec la chaleur de sa propre peau.

-Harold..., commença doucement Astrid, frottant son dos dans l'espoir de le calmer.

-Je l'ai vu Astrid, répondit Harold d'une voix brisée. Encore. Je l'ai vu mourir...

-Je sais, répondit Astrid, compréhensive.

Elle enlaça les épaules d'Harold et il trouva immédiatement refuge au creux de ses bras. Les larmes commencèrent à couler sur ses joues alors qu'il passait ses bras autour de la taille d'Astrid pour la serrer contre lui, son visage enfoui dans le creux de sa clavicule. Ses épaules furent secouées de sanglots alors qu'il se mettait à pleurer à chaudes larmes.

Astrid soupira discrètement, se sentant impuissante. Harold faisait des cauchemars toutes les nuits, depuis la bataille contre Drago. Et toutes les nuits, elle était là pour le calmer. Perdre un parent était toujours une épreuve dure. Mais cela l'était d'autant plus pour Harold sachant que son père venait à peine de lui accorder la considération qu'il méritait.

-Ça aurait dû être moi Astrid, sanglota Harold. C'était moi que Drago visait...

Les yeux d'Astrid se remplirent de tristesse.

-Tu n'as pas le droit de dire ça, répondit-elle. Qu'est-ce que j'aurais fait sans toi, moi ? Harold, ton père a donné sa vie pour sauver la tienne, il a fait un choix et je suis sûre qu'il ne le regrette pas le moins du monde. Il n'est peut-être plus sur Midgard mais toi, tu es là et c'est le principal.

Harold ne répondit pas et serra un peu plus Astrid contre lui.

-Aller, il faut dormir maintenant, finit par dire Astrid à bout d'un moment de silence.

Harold hocha la tête et se recoucha. Astrid s'allongea à côté de lui et il passa ses bras autour d'elle pour se blottir contre son corps. Astrid fit de même et appuya sa tête contre celle d'Harold avant de fermer les yeux.

Il faudra du temps à Harold pour se remettre de la mort de Stoïk. Mais tant qu'Astrid sera là pour calmer ses cauchemars, il y arrivera.








Des suggestions ?

Si tu voulais m'aimerOnde histórias criam vida. Descubra agora