O56 L'île Mélodie (partie 1)

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Harold et Astrid atterrirent sur l'île Mélodie, tournant la tête de tous côtés. Il ne fallait pas se faire repérer par le Chant Funeste. Sinon, ils étaient cuits.

Harold était venu ici pour récupérer une plante dont il avait besoin dans la confection d'un onguent qui soignerait un Hideux Braguettaure un peu trop combattif envers lui-même. Le pauvre dragon avait vu ses deux têtes entrer dans une dispute violente et de nombreuses blessures et traces de morsures s'étalaient sur ses cous. Prout et Pète avaient décidé de leur apprendre à régler leurs comptes sans se battre ainsi mais en attendant, Harold devait le soigner. Et il avait besoin d'une plante se trouvant ici pour cela.

La présence d'Astrid n'était pas exactement indispensable. Mais Harold l'avait prié de l'accompagner, pour l'aider à se protéger contre le Chant Funeste au besoin. Mais Harold avait une autre idée derrière la tête. En effet, il s'était enfin décidé à avouer à Astrid ce qu'il ressentait vraiment envers elle et d'arrêter de mentir. Il devait le faire. Son cœur n'en pouvait plus d'aimer sans retour et Harold devait savoir si Astrid ressentait la même chose pour lui. Si oui, alors il serait l'homme le plus heureux de Midgard. Si non et bien...au moins, il l'aurait dit. Mais il ne pouvait plus garder son secret plus longtemps.

-Bon ok Astrid, fit-il. Je me souviens à peu près où je les ai vu la dernière fois. Suis-moi.

Ils se mirent à marcher à travers la forêt, les dragons les suivant de près. Krokmou et Tempête n'aimaient pas franchement cet endroit, qui abritait un dragon cannibale mais la mousse qui leur bouchait les oreilles les rassurait quelque peu. Au moins, ils ne seraient pas attirer par le chant mélodieux de ce dragon manipulateur.

Harold était plongé dans ses pensées, en proie à un violent débat. Quand ? Comment ? Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire. Lui avouer ce qu'il ressentait, la belle affaire ! Comment était-il censé s'y prendre ? Il ne pouvait tout de même pas lui lancer à la figure un « je t'aime » sans contexte puis s'enfuir comme le lâche qu'il était, si ? Non, il ne pouvait décidément et définitivement pas faire ça. Alors quoi ? Il sentait une boule se former dans son ventre alors que le stress commençait à parcourir ses veines, comme un serpent vicieux qui l'empêchait de réfléchir correctement. Ce maudit reptile lui faisait perdre le fil de ses pensées, le faisait s'interroger sur la réaction d'Astrid, le faisait s'inquiéter sur des choses auxquelles il ne devrait même pas penser.

Est-ce qu'elle allait mal le prendre ? Est-ce qu'elle allait le frapper ? Astrid était la meilleure amie d'Harold, cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas frappé à proprement parler. Simplement quelques coups joueurs dont ils riaient. Mais Harold savait à quel point les coups d'Astrid pouvaient être dévastateur, il en avait expérimenté quelques-uns et il n'était pas près de recommencer. Il tenait à garder son épaule en place, merci bien.

Mais est-ce que le fait qu'elle ne l'ait pas frappé depuis longtemps signifiait qu'elle ne le ferait pas ? Il connaissait Astrid, il savait qu'elle avait un tempérament plutôt...explosif. C'était vraiment un volcan ambulant cette Viking ! Un volcan qui menaçait d'entrer en éruption à chaque seconde et dont l'explosion était terriblement dangereuse et atrocement douloureuse. Harold ne tenait pas à se prendre ses coulées de lave - ses poings - dans la figure. Aussi appréhendait-il beaucoup le moment qu'il attendait avec impatience depuis des années.

C'était assez paradoxal. Presque toute sa vie, il avait rêvé de pouvoir un jour dire à Astrid le fond de sa pensée, lui avouer combien il l'aimait. Et maintenant que ce moment approchait, il avait envie de fuir et de devenir invisible jusqu'à la fin de sa vie. Il marchait à reculons, il ne voulait pas y aller. Il retardait ce moment avec une appréhension palpable, la peur et la tension lui nouaient les entrailles, lui donnaient le tournis.

Et si elle ne le frappait pas mais s'enfuyait à la place ? Et si la honte d'être aimé par quelqu'un d'aussi insignifiant qu'Harold Haddock était trop pour elle à supporter ? Et si elle ne lui reparlait plus jamais ? Ce serpent de stress doubla de taille, grossissant encore et encore. Il s'installait dans le creux de son estomac, se roulant en boule confortablement, s'enroulant autour de ses entrailles, formant un nœud horriblement douloureux à l'intérieur de lui. Harold n'aurait jamais cru que prononcé seulement quelques petits mots aurait pu être si difficile. Il n'aurait jamais cru que le stress et l'appréhension pouvaient le rendre aussi fébrile, pouvaient lui faire aussi mal.

Mais à chaque fois qu'il pensait à Astrid, il sentait ces papillons s'éveiller dans son ventre et se mettre à tourbillonner, comme si une tornade s'était déclenchée à l'intérieur de lui. Plus jeune, il s'était moqué de cette expression. Des papillons dans le ventre, voilà bien une phrase de jeune fille énamourée ! Mais à présent qu'il était lui-même amoureux, vraiment amoureux, l'expression prenait tout son sens. Et elle décrivait parfaitement ce qu'il ressentait. Mais Harold avait le sentiment que des papillons, c'était sous-décrire cette sensation formidable bien que parfois physiquement douloureuse. Harold avait l'impression que c'était plus que des papillons qui tourbillonnaient dans son ventre, c'était plus gros, plus puissant et plus intense. Un peu comme...comme des Chants Funestes et leurs grandes ailes colorées.

-Quelle ironie, pensa-t-il en observant la forêt calme de l'île Mélodie.

Oui, c'était bien de majestueux dragons qui tournaient et tournaient impitoyablement dans son ventre et il avait besoin qu'Astrid sache qu'ils étaient là. Il ne voulait pas perdre plus de temps qu'il n'en avait déjà perdu. Il fallait qu'elle sache.

Harold jeta un regard en coin à la blonde et la vit en train d'admirer les rayons de soleil qui perçaient la voûte des arbres, la tête levée vers le ciel. La lumière donnait aux feuilles vertes l'apparence de pierres précieuses, fragiles et délicates. Elle était incroyablement belle ainsi. Le soleil qui éclairait son visage. Ses yeux bleus qui brillaient. Ses cheveux tressés qui étincelaient à la lumière. Harold avait envie de la prendre dans ses bras et de l'embrasser, purement et simplement. Cela le démangeait, il en avait terriblement envie. Mais il devait se retenir, il ne pouvait just- Oh et pourquoi pas ? Cela lui épargnerait d'avoir à lui faire tout un discours sur combien il l'aimait. Il ne se sentait pas capable de faire ça. Il voyait déjà ses yeux bleus l'observer alors qu'il parlait, la lueur moqueuse au fond de ses prunelles. Non, il ne pourrait pas supporter son regard. Alors que s'il l'embrassait... Il pourrait fermer les yeux, il ne sentirait pas son regard lui vriller l'âme et le cœur. Et puis, ne disait-on pas que les gestes valaient plus que les paroles ?

Dans un élan de courage dont il ne savait pas qu'il disposait, Harold se retourna vers Astrid et franchir les quelques pas qui la séparaient de lui. Astrid lui adressa un regard interrogateur mais avant qu'elle ne puisse poser la moindre question, Harold posa une main sur sa joue et écrasa ses lèvres sur les siennes.




Des suggestions ? La suite arrive la prochaine fois ;)

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