Si tu voulais m'aimer

OSAA Nostalgie (mardi)

Astrid poussa un soupir de soulagement quand elle passa le seuil de la porte de sa hutte. Cette journée avait été éprouvante pour elle. Entre les apprentis-dragonniers qui avaient encore du mal à contrôler leurs dragons, Rustik qui se pavanait encore devant Kognedur, Kognedur qui elle, courait après Eret et Eret qui l'appelait à l'aide, elle n'avait plus su où donner de la tête. Bonne chose que cette journée soit terminée. Elle allait pouvoir profiter du calme de sa hutte et se détendre.

Elle posa sa hache sur la table et monta les escaliers jusqu'à sa chambre. Elle fut étonnée de voir Harold, assis à son bureau, semblant concentré sur son dessin.

-Tu es déjà rentré ? s'étonna-t-elle en s'avançant vers lui.

Il sursauta presque en se rendant compte de sa présence. Il était vraiment plongé dans ses pensées.

-Je, euh, oui, répondit-il en posant son crayon pour se retourner vers Astrid. Valka et Gueulfor m'ont dit de rentrer plus tôt pour que je puisse me reposer.

-C'est gentil de leur part, commenta Astrid. Et ils ont raison. Tu te tues presque à la tâche Harold.

-Mais comment je suis censé faire autrement ? répliqua-t-il alors qu'elle s'asseyait près de lui. Il y a tellement à faire. Je dois aider à réparer les huttes, récolter la glace pour la faire fondre ou la stocker, dresser toutes sortes de dragons qui ne sont pas toujours très amicaux et essayer de me faire accepter par le village comme nouveau chef. Je ne vais jamais y arriver.

-Le village t'accepte déjà comme tu es Harold, tu n'as rien à prouver, répondit Astrid en souriant doucement. Tu as déjà fait tellement pour lui, tu n'as pas besoin de t'imposer un rythme aussi dur.

-Si tu le dis, soupira Harold en haussant les épaules.

-Qu'est-ce que tu dessinais ? demanda-t-elle pour changer de sujet.

-Oh, pas grand-chose, répondit-il en baissant les yeux vers son croquis.

Elle prit la feuille pour observer le dessin. En réalité, Harold avait fait plusieurs petits dessins, parsemés un peu partout sur la page. Elle reconnut un Triple Attaque, endormi dans un coin. Un Terreur Nocturne, qui jouait avec un morceau de bois. Et même un Buffleroi, dragon qui ne fit pas remonter que des bons souvenirs à sa mémoire. Mais ce qui attira vraiment son attention était le dessin qui se trouvait au centre, le plus gros. Ce n'était pas un dragon, plutôt un bâtiment. Elle le reconnut en un seul coup d'œil. Comment ne pas le reconnaître ? Elle y avait passé beaucoup des plus beaux moments de sa vie et son image restait imprimée dans son esprit, aussi clair que si elle l'avait visité la veille.

-Le pavillon central ? fit-elle. Un Buffleroi, un Triple Attaque, un Terreur Nocturne et même Garf. Qu'est-ce qui ne va pas Harold ?

Elle sentait bien que quelque chose tracassait le brun. Sinon, il n'aurait jamais dessiné tous ces dragons ainsi, sur la même feuille, pour aucune raison.

Il soupira et baissa la tête.

-Je sais que ça peut paraître bête mais...la Rive me manque, avoua-t-il. Les explorations, les découvertes, tous les bons moments qu'on a passés là-bas... Tout ça me manque. Smidvarg, Garfenyard, même le Hurlement Mortel ! Mala et les Défenseurs, Natalie et ses Razolames, Dagur, Ingrid, tout le monde ! Tout semblait tellement plus facile quand on était à la Rive. Mon père était vivant, je n'avais pas toutes ces responsabilités et- même les bêtises des jumeaux me manquent !

Les yeux d'Astrid s'emplirent de tristesse.

-A moi aussi, avoua-t-elle. Enfin, les bêtises de Kogne et Krane un peu moins mais je suis d'accord avec toi.