OS33 Prières

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Astrid se recroquevilla un peu plus, appuyée contre ce mur froid qui constituait une des barrières de cette prison.

Pourquoi les dieux lui en voulait-elle tellement ? Chaque jour, elle les priait de remettre sa vie dans le droit chemin et chaque jour, ils faisaient la sourde oreille.

Sa vie avait pourtant bien commencé. Elle avait la meilleure amie du monde, le meilleur petit-ami du monde et le meilleur métier du monde. Dragonnier.

Mais, un jour, tout avait basculé. D'une seconde à l'autre, elle avait quitté ce village si aimant qu'était Beurk pour se retrouver dans un monde gris, froid et austère où tout n'était que pierre et béton. Elle avait erré de long jour, s'affaiblissant de plus en plus. Puis, elle avait été recueillie. Si recueillir était le bon mot. On l'avait placé dans cet orphelinat de malheur et envoyé ici, à l'école. Dans cette école où tous ces adolescents aux noms étranges avaient profité de sa faiblesse pour la rabaisser, l'humilier.

Et aujourd'hui, elle n'était plus rien. Elle n'avait ni famille, ni amis. Tous les élèves de l'école (ils appelaient ça un lycée. Astrid appelait ça une prison, une immense salle de torture) la haïssaient et se moquaient d'elle.

-Thor et Odin tout puissant, ayez pitié de moi, murmura-t-elle pour la énième fois. Ramenez-moi chez moi, s'il vous plaît.

Mais comme toujours, seuls des voies moqueuses lui répondirent.

-Encore en train de prier tes dieux bidons !? s'exclama un garçon qui avait le prénom étrange d'Ethan.

Astrid serra les paupières. Elle n'avait même plus la force de défendre ses dieux. Ah si elle avait eu une hache, là tout de suite, ce lycée se serait transformé en cimetière. Mais elle n'était pas sûre que même si elle avait eu une hache, elle aurait eu la force de se relever. Tout le monde l'avait abandonné.

-Tu es vraiment minable, continua un autre garçon, du nom de Simon.

Décidément, ils avaient vraiment des noms bizarres.

Astrid ne répondit pas. Tout simplement parce que Simon avait raison. C'en était fini d'Astrid Hofferson, la guerrière, chevaucheuse de dragons. Non, maintenant, elle n'était plus rien.

Les autres continuèrent de lui jeter des horreurs au visage. Elle n'arrivait pas à arrêter de les écouter. Chaque insulte était un poignard dans le cœur. S'ils avaient su de quoi elle était capable avant, ils n'auraient pas autant fait les malins.

Soudain, elle entendit des murmures de filles au loin. Ses sens ne s'étaient donc pas autant émoussés qu'elle ne le pensait.

Les filles murmuraient des choses, sur un garçon apparemment. Astrid soupira intérieurement. La manie que les filles de cet endroit avaient de parler des garçons, c'était pitoyable. Mais les entendre discuter comme ça la fit penser à son garçon. Harold. Le seule qui avait jamais réussi à voir la douceur en elle et à la faire ressortir. S'il avait été là, il aurait trouvé les mots qui l'auraient rempli de fureur guerrière à nouveau. Rien que sa présence aurait pu la faire se relever.

Elle serra les paupières à nouveau, sentant les larmes monter à la pensée d'Harold. Elle ne le verrait plus jamais. Elle allait rester coincé ici jusqu'à la fin de sa vie. Jamais elle ne pourrait trouver quelqu'un d'autre aussi courageux, aussi honnête, aussi...Harold. Mais elle n'en avait pas envie. Elle aimait Harold. De tout son cœur, âme et être. Et ce, jusqu'à la fin de ces jours.

-Harold, murmura-t-elle en enfouissant son visage dans ses genoux repliés contre sa poitrine. J'aimerais tellement que tu sois là.

•••

Si tu voulais m'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant