Si tu voulais m'aimer

OSbonus Promesses

J'avais juste très, très, TRES envie de le poster. Ouais...

-Astrid ?

-Mmh ?

-Tu peux me promettre quelque chose ?

-Bien sûr.

-Promets-moi que quoi qu'il arrive, tu continueras à vivre ta vie.

Bip bip bip

Le son de la machine résonnait dans la pièce blanche. Astrid dévisagea Harold. Il arborait une expression sérieuse qu'il adoptait beaucoup trop souvent ces temps-ci.

-Harold, je-

-Promets-le moi, s'il te plaît Astrid, l'interrompit Harold. Je veux que tu sois heureuse.

-Mais je...je ne sais pas si...si je pourrais être heureuse sans toi...

Harold eut un reniflement sarcastique.

-On a que 17 ans Astrid, et je suis sûr que tu peux trouver bien meilleur que moi, affirma-t-il en posant ses mains sur ses joues, collant le front de la blonde au sien.

-Ne dis pas ça, soupira Astrid. Tu sais que ce n'est pas vrai.

-Et tu sais pertinemment que ça l'est, contra-t-il. Je ne suis qu'un tas de tumeur dans un lit d'hôpital. Le médecin me dira aujourd'hui comment s'est passée l'opération et si j'ai une chance ou non. Quoi qu'il arrive Astrid, quoi qu'il dise, je veux que tu me promettes de continuer à vivre ta vie, que ce soit avec ou sans moi.

Astrid soupira et serra les paupières, le cœur serré. Sa cage thoracique semblait se resserrer autour de ses poumons, l'empêchant de respirer convenablement et lui déchiquetant le cœur.

-D'accord, céda-t-elle douloureusement. A une condition.

-Tout ce que tu voudras.

Il n'avait plus rien à perdre.

-Promets-moi de me dire la vérité. Quand le médecin viendra tout à l'heure, qu'il me fera sortir, que j'irai rejoindre tes parents devant la porte. Promets-moi qu'après, tu me diras, tu nous diras à tous la vérité.

Harold sourit faiblement.

-C'est promis.

•••

Harold observa le médecin sortir de la salle, laissant la place à ses parents et à Astrid. Ils se précipitèrent vers lui. Il savait que le médecin ne leur avait rien dit. C'était lui qui devait le faire. Quel que soit l'issu, il avait souhaité être celui à le leur annoncer.

-Alors ? demanda Valka, caressant distraitement son crâne chauve.

Les lèvres d'Harold s'étirèrent en un sourire.

-Il a dit que l'opération a été un succès, assura-t-il. Ils ont réussi à retirer les plus grosses des tumeurs. Les autres sont des tumeurs bénignes, elles peuvent être soignées avec plus de chimiothérapie. Mais normalement, ça devrait aller.

D'immenses sourires de soulagement apparurent sur les visages des trois personnes autour de lui et Valka le serra étroitement contre son cœur.

-Tu as de la chance de t'en sortir, mon fils, dit-elle. J'espère que tu t'en rends compte.

-J'ai de la chance de vous avoir, pensa Harold, ne répondant à sa mère qu'avec un sourire et un hochement de tête.

Astrid vint de l'autre côté du lit, saisissant sa main dans la sienne et la serrant de soulagement. Des larmes menaçaient de couler sur ses joues et Harold les chassa de son pouce.

-Je ne sais pas si je dois être fier ou me sentir coupable d'avoir réussi à faire pleurer Astrid Hofferson, dit-il en riant doucement.

Elle rit avec lui, laissant les larmes s'échapper et serra sa main de plus bel. Il s'avança pour l'embrasser et elle s'approcha pour lui faciliter la tâche. Il l'embrassa désespérément et elle passa une main affectueuse sur son crâne. Les cheveux doux et soyeux d'Harold lui manquaient cruellement. Les mèches brunes aux reflets roux qui lui tombaient devant les yeux avaient toujours été un de ses points faibles. Son cœur se gonfla de joie. Plus que quelques mois et elle pourrait de nouveau passer sa main au travers, y tresser de petites nattes et les ébouriffer pour embêter Harold.

Encore un peu de temps, juste un peu de temps.

•••

Harold mourut une semaine plus tard.

-L'opération s'est bien passée, assura le médecin. La tumeur a été retirée avec succès. Malheureusement, entre le moment où on a programmé l'opération, celui où on l'a effectué et le temps de récupération, les autres se sont développées.

Le médecin baissa la tête et Harold n'avait pas besoin d'entendre la suite pour comprendre.

-Les plus grosses tumeurs bénignes se sont transformées en tumeurs malignes. Elles attaquent les tissus voisins. Elles seront impossibles à contrôler d'ici deux jours. Je suis désolé M. Haddock. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir.

Harold hocha la tête, prenant une profonde inspiration. Il n'était pas triste. Il le savait, il le sentait. Il allait mourir. Il repensa à sa promesse à Astrid. Leur avouer la vérité lui semblait une épreuve insurmontable. Il voulait voir une dernière fois leurs sourires et leurs visages heureux. Au moins une fois. Tant pis pour sa promesse.

Astrid se tenait debout devant sa tombe, silencieuse. Le jour était rayonnant. Harold adorait les journées telles que celles-ci. Astrid renifla discrètement. Douce ironie.

Elle observa la tombe.

Harold Horrib' Haddock III

2001-2018

Héros dans l'âme, sauveur dans le cœur, victime dans le corps

Ses parents étaient restés aussi. Mais même alors qu'ils étaient partis, elle était toujours là, observant la tombe sans un bruit. Elle relut le message gravé dans la pierre, son regard se fixant sur son nom. Voir son prénom écrit là, figé à jamais dans la roche, lui déchirait le cœur. Les larmes coulèrent sur ses joues mais elle n'y fit pas attention.

-On avait dit pas de mensonges, espèce de fils de troll, dit-elle difficilement, s'essuyant le nez dans sa manche.

Elle avait envie de le ressusciter, pour le frapper pour lui avoir menti. Puis de le serrer contre elle et de pleurer. Elle avait envie de se réveiller en sursaut et couverte de sueur, pour se rendre compte que tout cela n'était qu'un rêve, qu'elle était mariée à Harold, qu'ils avaient eu des enfants, qu'ils étaient à présent vieux et ridés. Qu'ils avaient réussi à vivre ensemble.

Elle se laissa tomber devant la tombe, posant une main tremblante sur la pierre froide.

-Tu n'as pas tenu ta promesse, pleura-t-elle. Tu m'as menti.

Elle s'essuya les yeux.

-Mais je tiendrai la mienne, affirma-t-elle d'une voix qu'elle espérait assurée. Est-ce que tu m'entends Haddock ? Je tiendrai la mienne mais je veux juste une dernière chose. Une seule. Attends-moi. Attends-moi et ne m'oublie pas. Moi, je ne t'oublierai pas...

Elle se tut, comme si elle attendait une réponse. Elle n'entendit que les feuilles malmenées par la légère brise, les bruissements d'un buisson agité sûrement par un petit animal qui cherchait à manger, le miaulement lointain d'un chat.

Elle força un sourire à prendre place sur son visage, observant le nom sur la tombe à travers un voile flou de larmes.

-Merci...

Merci d'avoir vécu.