OS48 Tu n'es pas revenue (partie 3)

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Harold déambula dans le village à la recherche de sa mère, ainsi que de son dragon. Il n'avait pas vu Krokmou depuis qu'il était entré dans la Grande Salle la veille, la Furie Nocturne ayant préféré retourner directement à la hutte pour prendre un repos bien mérité. Krokmou avait dû s'inquiéter de ne pas le voir revenir et Harold savait qu'il était capable d'envoyer des dragons jusqu'au recoin de l'Archipel à sa recherche alors qu'il n'était qu'à une centaine de mètres, dans une autre hutte.

En observant les villageois s'activer pour reconstruire les huttes détruites, la glace ayant déjà entièrement fondu depuis l'attaque de l'Icebeast, Harold se sentit quelque peu coupable. Boire autant la veille n'avait définitivement pas été la meilleure de ses idées. Non seulement, il avait dit des tonnes d'horreur mais en plus, son mal de tête l'empêchait de réfléchir correctement et il doutait qu'il serait très productif pour le village dont il avait la charge aujourd'hui.

Des cris de « Furie Nocturne ! Couchez-vous ! » l'alertèrent et il se retourna, seulement pour se faire littéralement attaquer pour une énorme masse noire qui le plaqua au sol. Il se retrouva bien vite couvert de salive gluante et visqueuse.

-Par Frigg, Krokmou ! protesta Harold. C'est bon, je suis là, tu peux me lâcher maintenant, je ne vais nulle part !

Le dragon lui lécha la joue encore une fois, avant de reculer, le laissant se redresser. Assis sur le sol, Harold fusilla son dragon du regard, essayant tant bien que mal de s'essuyer le visage.

-T'es vraiment pas possible comme dragon, maugréa-t-il en se relevant.

Autour de lui, quelques villageois riaient dans leur barbe mais tout le monde était plus ou moins habitué à ce genre de manifestations d'affections de la part de la Furie Nocturne, censée au passage être le fils maléfique de la mort et de la foudre. Parfois, Harold se posait vraiment la question : qui avait eu cette idée stupide de surnommer son dragon ainsi ?!

Krokmou émit un grognement coupable, pensant qu'Harold lui en voulait. Harold se figea un court instant, avant de se frapper mentalement. Il avait vraiment la mauvaise habitude de blesser ceux qui l'entouraient en ce moment.

-Je suis désolé Krokmou, s'excusa-t-il en s'agenouillant devant son dragon qui gardait le regard vers le sol et les ailes basses. C'est de ma faute, tu t'es inquiété, pardon.

Harold caressa les écailles de Krokmou et le dragon releva la tête vers lui, son enthousiasme retrouvé. Il lui lécha une nouvelle fois le visage et Harold ne put s'empêcher de rire, allant cependant se nettoyer le visage près du puit.

-Est-ce que tu saurais où est ma mère ? demanda Harold à son dragon. Je la cherche.

Krokmou hocha frénétiquement la tête, se mettant à galoper devant Harold, s'arrêtant à intervalles réguliers pour revenir vers lui avant de repartir devant. Harold leva les yeux au ciel mais le dragon le conduisit bien jusqu'à sa mère. Valka se trouvait sur la grande place, en train de discuter activement avec deux autres Vikings qu'Harold reconnut comme étant M. et Mme Ack.

-Maman ? appela-t-il en s'approchant.

Elle tourna la tête vers lui et sourit. Harold se sentait horriblement mal et se grattait nerveusement la nuque.

-Oui ? répondit-elle.

-Est-ce que je peux te parler ? fit Harold. C'est important.

Valka hocha la tête et s'excusa auprès des Ack, avant de s'éloigner de quelques pas avec Harold.

-De quoi est-ce que tu voulais me parler, Harold ? demanda Valka, de son calme légendaire.

-Je...je ne me souvenais pas de grand-chose ce matin mais Astrid m'a raconté pour...pour hier soir, avoua-t-il.

-Oh, fit Valka. Harold, ce n'est pas important, tu n'étais pas bien et-

-Si c'est important, la coupa Harold. Ce que j'ai dit c'est...c'est impardonnable. Et je voulais m'excuser. Alors...pardon. Je suis désolé. Je...c'est vrai que...

Harold avait du mal à formuler sa pensée mais avait conscience qu'il avait besoin de le dire, alors qu'il était sobre et en parfaite possession de ses moyens. Il voulait être honnête avec sa mère.

-C'est vrai que je t'en veux, admit-il. Tu es partie et même quand tu t'es rendue compte que tu pouvais revenir, tu ne l'as pas fait. Mais...mais ce que tu as fait pendant ces vingt dernières années est incroyable et...

Harold s'interrompit et posa une main sur la tête de son dragon, lui adressant un regard affectueux avant de se retourner vers Valka.

-Et en tant que...que Harold Haddock, je ne peux pas critiquer ton travail. Tu as sauvé des dizaines de dragons, tu les as protégés, tu les as conduits là où ils pourraient avoir un abri, un endroit sûr où vivre. Et c'est...merveilleux. Et même si je t'en veux, même si j'aurais voulu que tu sois là, je...tu sais que je mettrai toujours le bonheur des dragons avant le mien. Mais ce que je ne peux pas dire, ce dont je ne peux pas t'accuser, c'est la mort de Papa. Je...ce n'est pas ta faute et c'était...c'était horrible et lâche de ma part de dire le contraire. Je...

Les larmes qui avaient menacé de couler pendant qu'il parlait gagnèrent le combat et il étouffa un sanglot, s'essuyant les joues du mieux qu'il le pouvait.

Valka l'observa avec tendresse et le prit sans hésitation dans ses bras. Harold s'accrocha immédiatement à elle. Il se sentait pitoyable. Ce n'était pas lui qui était censé pleurer, ce n'était pas lui qui avait dû recevoir ces paroles horribles.

-Pardon, hoqueta-t-il difficilement. Je...je ne veux pas que tu partes. Pas toi aussi.

-Je ne vais nulle part, promit Valka en lui caressant les cheveux. Je ne pensais plus jamais te revoir et nous voilà. Je t'aime mon fils.

Si tu voulais m'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant