OS56 L'île Mélodie (partie 2)

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Harold était déchiré. Complétement anéanti. Il avait embrassé Astrid. Il avait enfin trouvé le courage de faire un geste, quelque chose, n'importe quoi pour lui montrer ce qu'elle représentait pour lui et elle...elle n'avait rien fait. Absolument rien. Il s'était écarté, elle lui avait adressé un regard de surprise pure, il avait vu la confusion passer dans ses yeux, puis elle avait repris sa route, comme si rien ne s'était passé. Elle n'en avait pas reparlé pendant toute l'expédition, elle était restée concentrée sur la recherche des plantes pour ce pauvre Braguettaure et n'avait fait aucun commentaire.

Harold avait alors cru qu'il allait exploser. Comment pouvait-elle faire comme si de rien n'était ainsi ?! Il l'avait embrassé, cela signifiait forcément quelque chose non ?! Harold se figurait qu'un geste tel que celui-ci cachait toujours un message caché. Le sien avait été « je t'aime ». Et de plus, il n'était pas le genre de Viking à embrasser toutes les Vikings qu'il croisait. Astrid le connaissait, elle savait à quel point il pouvait être timide, elle savait que jamais il n'aurait osé faire cela sans une excellente et honnête motivation. Mais non, elle n'avait rien fait, rien dit, rien relever. Elle avait ignoré purement et simplement son message caché.

Est-ce que cela voulait dire qu'elle ne voulait pas de lui ? Est-ce que cela voulait dire qu'elle le rejetait ? Est-ce qu'elle avait eu pitié de lui et n'avait pas pu le lui dire en face et avait préféré lui faire comprendre en agissant comme s'il ne s'était rien passé ? Ces questions torturaient Harold depuis trois jours maintenant. Astrid n'avait pas reparlé du baiser et il n'avait pas osé le lui rappeler non plus. Il craignait trop un rejet brutal. A chaque fois qu'il voyait Astrid, la croisait, discutait avec elle, son corps se tendait, il sentait son dos se raidir, de la sueur coulait le long de sa colonne vertébrale. Et cela l'épuisait. Cela l'épuisait d'être dans un tel état de stress à chaque fois qu'il passait à côté d'elle. Il fallait qu'il aille lui parler, qu'il le veuille ou non. Autrement, il finirait par mourir de stress et de questions sans réponses.

•••

Astrid était confuse. Très confuse. Beaucoup trop confuse. Le monde autour d'elle s'effritait, elle ne comprenait plus rien, plus rien n'avait de sens. Elle devait tout réapprendre, dans la confusion et l'incompréhension. Harold l'avait embrassé. Harold l'avait embrassé. Harold l'avait embrassé. C'était comme un rêve pour elle, elle n'arrivait pas à concevoir que cela s'était vraiment passé. Elle ne comprenait plus rien et plus rien ne la comprenait. Elle avait tenté de parler à Ingrid, en vain. La blonde n'avait pas pu raconter à sa meilleure amie ce qui s'était passé, les mots étaient restés bloqués dans sa gorge, comme si quelque chose les empêchait de sortir. Tempête non plus ne parvenait pas à l'aider. Car bien que la dragonne ait assisté à la scène, elle ne comprenait pas pourquoi Astrid n'avait pas réagi. La Vipère savait une chose parmi d'autres. Astrid était amoureuse d'Harold. Elle ne saisissait donc pas l'état de confusion totale dans lequel était plongée son amie. Harold avait voulu lui faire un aveu par ce geste cela lui apparaissait comme une évidence ! Astrid avait l'air de l'avoir compris, c'était ça le pire dans cette histoire ! Pourquoi, si elle avait compris le message d'Harold, ne réagissait-elle donc pas ?!

A vrai dire, même Astrid n'avait pas la réponse à cette question. Dans la forêt, elle s'était contentée de reprendre son chemin, parce qu'elle n'avait pas su quoi faire d'autre. Pourquoi n'avait-elle pas réagi et ne réagissait toujours pas ? Elle ne savait pas et c'était la réponse à cette question qu'elle cherchait depuis ces trois longues et interminables journées. Mais elle n'avait pas été capable de vraiment se concentrer pour y réfléchir. Son esprit ne faisait que se tourner vers Harold, ce qui la perturbait au plus haut point. Elle n'avait pas l'habitude de penser autant à quelqu'un d'autre dans un laps de temps aussi court. Et par-dessus tout, elle craignait sa réaction si elle réagissait maintenant. Ne le prendrait-il pas mal qu'elle mette si longtemps à venir lui parler ? Ne serait-il pas vexer ? Ne la rejetterait-il pas ? Après tout, elle avait eu des milliers d'occasion de simplement le tirer à part des autres pour discuter calmement avec lui, durant ces trois jours. Elle comprendrait qu'il ne veuille plus d'elle après le rejet qu'il avait dû ressentir. Et il avait totalement raison. Elle ne méritait pas qu'on l'aime encore après ce qu'elle avait fait. Il devait se sentir terriblement mal, il devait avoir l'impression qu'elle le prenait de haut, qu'elle le méprisait, qu'elle considérait qu'il n'était pas assez bien pour elle. Et elle se méprisait elle-même pour cela. Quelle idiote elle avait été ! Elle avait brûlé sa dernière chance d'enfin avouer son amour à Harold, simplement parce qu'elle n'avait pas su quoi dire. C'était risible.

Mais même si ses chances avec Harold n'étaient plus, elle se devait de s'excuser. Pour son comportement involontaire, pour ce qu'elle lui avait fait ressentir d'horrible. Il ne l'aimerait plus jamais mais elle devait lui faire comprendre qu'elle, elle l'aimait également. Il fallait qu'il sache. Elle ne pourrait pas continuer avec ce secret toute sa vie alors qu'il avait eu le courage de se dévoiler.

Plus déterminée que jamais, elle se leva de son lit où elle était assise et descendit les escaliers de sa hutte. Mais lorsqu'elle ouvrit la porte, ce ne fut que pour découvrir un certain jeune homme brun derrière, le poing levé, prêt à frapper contre le battant.

Harold laissa tomber son bras le long de son corps et lui sourit timidement.

-Salut, fit-il.

-S-salut, bégaya-t-elle en retour. Je veux dire, salut, se reprit-elle. Je venais te voir justement.

-Ah bon ? sembla s'étonner Harold. Pourquoi ?

-Hum..., hésita-t-elle. Po-pour l'autre jour, Harold, je veux que tu saches que-

-Justement, c'est de ça dont je voulais parler, la coupa-t-il. Ne m'interromps pas s'il te plaît, ce que j'ai à te dire est très important pour moi.

Astrid l'observa un instant et vit la supplication dans ses yeux. Elle hocha la tête et sortit de sa hutte, fermant la porte avant de lui faire face.

-Ecoute Astrid, pour ce qui s'est passé sur l'île Mélodie, je-, commença Harold. Je suis vraiment désolé. Je pensais que t'embrasser allait changer les choses, que tu comprendrais ce que je ressentais mais ça n'a pas marché. Je voulais que tu saches que je t'aime Astrid. Je t'aime de toute mon âme. Je sais à présent que tu ne ressens pas la même chose de ton côté et ce n'est pas grave. Après tout, qui voudrait de tout ça ? ajouta-t-il en se désignant avec un rire jaune. Mais je voulais simplement que tu le saches. Voilà.

Il baissa la tête. Son regard bleu était trop dur à affronter. Il se sentait nul, de ne pas avoir réussi à conquérir la seule fille qui l'avait jamais intéressé. Il était pathétique.

-Oh Harold, je-, fit Astrid en réalisant qu'il pensait qu'elle ne l'aimait pas. C'est moi qui suis désolée. Je-je, tu m'as prise par surprise, je ne savais pas quoi faire, j'étais complétement perdue et je- la seule chose qui m'a semblé bien de faire était de ne rien faire. Je suis vraiment désolée de ne pas avoir réagi, je m'en veux tellement. Je t'aime aussi Harold... Mais je comprendrais qu'à présent, tu ne veuilles plus de moi.

Harold releva la tête.

-Q-quoi ? souffla-t-il. Pour de vrai ?

Astrid hocha la tête de haut en bas, lentement. Qu'est-ce qu'il allait dire à présent ?

-Astrid, je ne pourrais jamais ne pas vouloir de toi ! s'exclama-t-il. Qu'est-ce qui te fais penser ça ?!

-La façon que j'ai eu de ne rien faire et de continuer mon chemin..., fit Astrid, toujours la tête baissée. Tu as dû penser que je te méprisais, que je ne te considérais pas assez bien pour moi... C'est moi qui ne suis pas assez bien pour toi Harold, je suis désolée.

Astrid sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle les combattit avec véhémence. Mais malgré cela, quelques perles apparurent au coin de ses yeux. Elle sursauta presque quand elle sentit la main chaude d'Harold sur sa joue, qui lui relevait la tête. Son regard tomba dans celui d'Harold et cette fois, elle ne put retenir ses larmes. Pourquoi était-il encore si doux et gentil après ce qu'elle avait fait ?

-Astrid, non, ne pense pas ça, dit Harold d'une voix calme. Je t'aime plus que tout, apprendre que tu m'aimes aussi est la meilleure nouvelle qui soit. S'il te plaît, ne pleurs pas, tu n'as aucune raison de pleurer.

À ces mots, il l'entoura tendrement de ses bras et la serra contre lui. Astrid enfouit son nez dans son épaule, ses bras passant autour de la taille du jeune brun. Elle sentait la main d'Harold qui lui frottait le dos, pour la calmer.

-C'est injuste, dit-elle. C'est moi qui suis horrible avec toi et c'est toi qui me console. Ça ne devrait pas être comme ça. Je devrais être en train de m'excuser et toi, tu devrais me rejeter, parce que mon comportement était blessant.

-Astrid, je ne pourrais jamais faire ça, crois-moi, la rassura Harold. Même si j'essayais de toutes mes forces, je ne pourrais jamais te détester. Je t'aime trop pour ça.

Astrid rit nerveusement et enfouit un peu plus son visage dans le creux du cou du brun.

-Moi aussi, avoua-t-elle d'une voix étouffée.







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