OS41 Parti (partie 1)

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Cela faisait cinq ans que tout avait changé. Que la guerre avait pris fin, que les dragons et les Vikings vivaient les uns avec les autres. Cela faisait cinq ans que tout l'Archipel vivait dans des accords de paix solide et ces cinq ans avaient été les plus belles années que Beurk aurait pu connaître. Les Vikings se rendaient maintenant compte grâce aux dragons que le monde était bien plus vaste que ce qu'ils l'imaginaient, bien plus étendu que leur petite île et celles voisines.

Le monde...était sans limites.

Et tout cela, l'Archipel tout entier ne le devait qu'à un seul Viking. Harold. Le premier à avoir vu la bonté des dragons derrière leurs carapaces d'écailles de férocité. Le premier à avoir voulu changer les choses et à y être parvenu. Le premier à s'être lié d'amitié avec un dragon, malgré la menace de bannissement qui planait sur lui. Le premier Viking à avoir volé sur un dragon. Harold était bien celui qui avait ramené la paix dans l'Archipel.

Mais pour Astrid, ces cinq années de bonheur avaient eu leur part de tristesse. Car on appelait Harold, le Héros Disparu. Harold était parti. Il s'était volatilisé en pleine nuit, sans explication ou indice pouvant mener à lui. Il s'était évaporé.

Et Astrid ne pouvait s'empêcher de repenser à lui aussi souvent qu'il était possible de le faire. Pourquoi était-il parti ? Pourquoi après avoir accompli ce qui lui tenait le plus à cœur s'était-il enfui loin de son village, de sa famille...et d'elle ? Elle se souvenait de ce vol qu'elle avait partagé avec lui sur Krokmou comme si c'était hier. Elle avait senti dans son cœur une barrière céder, comme un cadenas qui sautait, libérant ainsi ses sentiments qu'elle avait toujours gardé enfermés. Ce jour-là, elle s'était rendu compte de ce qu'elle éprouvait pour Harold. Elle ne pouvait plus se mentir. Elle était amoureuse d'Harold depuis bien des années avant l'apparition de Krokmou. Et elle l'était encore, cinq années plus tard. Etrangement, plus l'absence d'Harold se prolongeait, plus ses sentiments grandissaient. Mais elle s'était fait une raison. Il était parti cinq ans plus tôt, et n'avait depuis pas donné un seul signe de vie. Personne ne l'avait jamais vu dans l'Archipel et Beurk ne l'avait jamais retrouvé malgré les expéditions à sa recherche. Il ne reviendrait pas.

Mais une minuscule partie d'elle continuait d'espérer. La partie qui était convaincue qu'Harold l'aimait aussi. Mais malheureusement, cette partie n'était pas assez grande pour influencer les décisions d'Astrid.

Celle-ci se réveilla un matin, en sursaut alors qu'elle entendait un bruit sourd sur son toit. Elle se saisit de sa hache et courut dehors pour voir d'où venait le bruit. Elle fut surprise de se rendre compte que la lune était encore haute dans le ciel et que les étoiles brilleraient pendant encore plusieurs heures avant de laisser place au soleil.

Qui pouvait bien venir taper sur son toit, la réveillant, à une heure pareille ?! Elle observa les alentours mais rien ne bougeait. Et il n'y avait rien sur son toit. Quel était ce bruit alors ? Elle secoua la tête en se promettant d'en parler au chef le lendemain. Si c'était encore Gustav qui s'amusait à faire des farces aux gens, le garçon allait passer un sale quart d'heure. Elle rentra chez elle mais en fermant la porte, remarqua un papier plié, glissé soigneusement dans l'un des interstices du bois de sa porte. Elle fronça les sourcils et saisit le papier. Elle le déplia. Seulement trois mots y étaient inscrits. Je t'aime. C'était tout ce qui était écrit sur la feuille. Mais qui avait déposé ça là ? Et pourquoi était-il passé par son toit pour s'éloigner, si les deux phénomènes étaient bien liés entre eux ? Ça n'avait aucun sens ! Elle décida d'y réfléchir le lendemain et repartit se coucher. Malheureusement, elle ne parvint pas à trouver le sommeil de toute la nuit, tiraillée par des questions sans réponses.

•••

Astrid et Tempête volaient tranquillement, portées par la douce brise. Cela faisait une semaine qu'Astrid avait trouvé le papier dans sa porte et elle n'avait toujours pas élucidé ce mystère, ni celui de son toit. Mais elle avait décidé de laisser tomber, personne n'étant venu se manifester. Si quelqu'un au village avait voulu lui déclarer sa flamme, il aurait fallu signer ou au moins laisser un indice. Car ces trois mots seuls ne l'aidaient pas vraiment à remonter vers celui qui les avait écrits. Et pour son toit, puisque cela ne s'était pas reproduit, elle en avait conclu qu'un dragon un peu fatigué ne l'avait pas vu et l'avait heurté en plein vol avant de repartir.

Si tu voulais m'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant