Si tu voulais m'aimer

OSAC Question d'honneur (jeudi)

-Le dernier à l'Académie est de corvée pendant un mois ! s'exclama Astrid en décollant brusquement.

-Oh non Hofferson, tu ne m'auras pas à ce jeu-là, répliqua Harold en faisant décoller Krokmou qui n'attendait que cela.

Les deux amis venaient de finir leur patrouille autour de Beurk et Astrid défiait Harold à la course sur le chemin du retour, comme à chaque fois. Depuis que la guerre contre les Parenvrilles avait pris fin, quelques semaines plus tôt, les dragonniers de l'Académie avaient instauré des patrouilles aériennes pour s'assurer que ces tarés de Vikings ne reviendraient pas à la charge de sitôt.

Harold changea la position de l'aileron de Krokmou, décuplant ainsi sa vitesse, lui permettant de rattraper Astrid en quelques secondes.

-Tu vas perdre ! s'exclama-t-il en la dépassant.

-Ne crie pas déjà victoire ! répliqua Astrid en encourageant Tempête qui redoubla d'efforts pour rattraper Krokmou.

Car si c'était un jeu entre Harold et Astrid, cela en était un également entre les deux dragons. Krokmou et Tempête adoraient se mesurer l'un contre l'autre, tout comme leurs dragonniers respectifs entre eux.

La Vipère battit des ailes aussi vite qu'elle put mais ne réussit pas à rattraper Krokmou à temps et atterrit dans l'arène de l'Académie quelques millièmes de secondes après lui.

-Gagné ! s'exclama Harold en levant les poings en l'air. Je crois bien que tu es de corvées Astrid !

-Encore battu ! dit Krokmou en narguant Tempête alors qu'Harold mettait pied à terre.

-Comment ça « encore battu » ? s'indigna-t-elle. Je te signale qu'on gagne chacun presque à tour de rôle ! Je te battrais la prochaine fois !

-Oui, oui, je te crois, chantonna Krokmou, s'attirant les foudres de la Vipère.

Tempête se rua sur Krokmou, qui esquiva, et les deux dragons se mirent à se pourchasser joyeusement autour de l'arène.

-Belle course, commenta Astrid.

Elle avait beau aimer gagner et avoir un immense esprit de compétition, elle savait également reconnaître une défaite. Et Harold avait gagné à la loyal.

-C'est vrai, confirma Harold.

Il allait ajouter quelque chose quand la voix du forgeron de l'île retentit, venant de l'entrée de l'Académie.

-Ah Harold, je te trouve enfin ! fit-il, à bout de souffle. Ton père te cherche partout depuis une heure ! Où tu étais passé ?

-Ben..., hésita Harold. En patrouille. Il devrait le savoir, c'est lui qui les a réclamés non ?

-Ouais, bon, c'est pas grave, répondit Gueulfor. Il veut te voir. Trucs de chef qu'il a dit.

Les épaules d'Harold s'affaissèrent et il poussa un soupir las.

-Non, pas encore, se plaignit-il. Il va encore me faire un de ces discours super long et super ennuyeux.

Il se tourna vers Astrid, qui l'observait les bras croisés.

-Je suis désolé, s'excusa-t-il. Je sais qu'on avait prévu de s'entraîner ensemble mais mon père... Enfin tu vois.

-C'est pas grave Harold, sourit-elle. Vas-y.

Harold lui retourna son sourire et siffla Krokmou avant de s'envoler, suivi d'un forgeron épuisé.

-C'est pas comme si c'était la troisième fois que tu me faisais le coup, marmonna Astrid en le regardant s'éloigner, les yeux tristes.