Imagifs MARVEL

Captain America / Steve Rogers

I'm still looking for my place.

La vie n'était pas facile quand on portait le costume de la bannière étoilée. Steve l'avait compris depuis plusieurs décennies, et il sentait le poids de ses responsabilités lui peser sur les épaules lorsqu'il l'enfilait. Entre faire son devoir, respecter sa conscience et subir le jugement d'autrui... Il lui arrivait de regretter le petit gars de Brooklyn d'autrefois, sa simplicité et son anonymat.

Il se sentait submergé par tout cela. Par ce qu'on attendait de lui, par ce qu'il estimait devoir accomplir. Il ne voulait décevoir personne et être toujours le meilleur possible, quitte à sacrifier ses propres besoins. Captain n'avait jamais fait dans la demi-mesure, et ce n'était pas maintenant qu'il allait commencer... Il se donnait toujours à fond, sans compter. Il se disait qu'il pouvait faire ça toute la journée.

Mais même un super soldat avait ses problèmes, qu'il veuille bien les reconnaître ou non. Pour lui... C'était la réalité pacifique, les jours sans mission. L'impression de se noyer dans un siècle qui le sollicitait de partout sans qu'il ne puisse y répondre. Sans lutte pour le guider, il s'y perdait comme dans un labyrinthe sans issue. 

Steve ne l'aurait probablement jamais compris sans elle, mais parfois les héros eux-mêmes avaient besoin d'être sauvés. Ils avaient besoin qu'on les tire de leur monde de vengeance, ils avaient besoin qu'on leur tende une oreille attentive. Une épaule consolatrice, une étreinte réconfortante. Et Steve Rogers était comme tous les héros : lui aussi pouvait être aidé. 

Cela arriva lors d'une soirée organisée par Stark. Comme toujours, le beau blond se sentait différent de cette foule dansante et brillante, il préférait être à l'écart des groupes qu'il ne connaissait pas plutôt que de boire en compagnie de parfaits inconnus. Il avisait les lumières électrisantes et fronçait les sourcils à cause de la musique tonitruante, pas vraiment dans son élément malgré les coups de pouces de ses amis. Et comme toujours, il s'éclipsa quelques heures après le début de la fête, l'esprit ailleurs et les mains dans les poches...

Ce n'était pas de sa faute, il n'y arrivait pas.

Quand il n'y avait pas de personne à sauver, quand il n'y avait pas de menace à combattre, quand il fallait faire face à la réalité... Il se sentait incroyablement démuni. Seul face à une foule en délire, perturbé par ce qu'il voyait et ne comprenait pas véritablement. Il se retrouvait un instant dans la peau du petit gars de Brooklyn qu'il avait été, incapable de danser ni de converser dans le vide. Il n'y arrivait tout simplement pas, ce n'était pas lui. Et quand il se retrouvait isolé ainsi, Steve préférait partir avant de gâcher la fête...

Sans ses combats, Steve avait l'impression de n'être rien. Une coquille vide sans couleurs, une âme sensible sans boussole. 

Il marchait dans les couloirs silencieux du complexe, sans but précis. Il évitait de songer à ses amis et collègues qui savaient si bien se déconnecter des missions, il s'interdisait de penser aux soirées dansantes de la guerre. Il était seul, au beau milieu de la nuit...

Jusqu'à ce qu'il l'aperçoive, assise dans l'herbe au dehors.

Il s'arrêta, surpris, et observa malgré lui cette inconnue aussi seule que lui au milieu d'une soirée comportant des centaines d'invités. Il ne la connaissait pas, il ne l'avait jamais vue avant. Elle avait remonté ses genoux contre son ventre, son visage levé vers le ciel laissait imaginer qu'elle était sujette à quelque rêverie. Faiblement éclairée par les lumières artificielles du bâtiment, il la trouva belle. Intrigante, calme, réservée... Mais surtout belle.

Steve la regarda longuement, perturbé mais dans le bon sens. Ainsi il n'était pas le seul à s'isoler de la fête... Il n'était pas le seul à passer le reste de la nuit plongé dans ses pensées. Pour la première fois depuis bien longtemps, il se sentit connecté à quelqu'un. Il ignorait qui était cette femme, pourquoi elle n'était pas avec tous les autres... Mais il l'appréciait pour sa différence, il souriait devant leur ressemblance.