Quicksilver / Pietro Maximoff

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I wish we'd met before.


Pietro sentait des frissons parcourir son corps alors qu'il explorait prudemment le bâtiment désaffecté. Les Avengers et sa sœur se battaient à l'extérieur contre leur dernière menace, et il s'était chargé de vérifier que plus personne ne les attendait en embuscade. Les locaux étaient vides et poussiéreux, le seul son qui lui parvenait était celui des battements irréguliers de son cœur. 

Les missions avaient le don de le rendre trop téméraire, et quand les autres n'étaient pas là pour le canaliser il se faisait un plaisir d'utiliser ses pouvoirs à tout va. Il parcourut les lieux en quelques instants, vérifiant une bonne fois pour toutes que leurs ennemis étaient tous sortis du trou. Les rez-de-chaussée ne contenait que des caisses d'armement, l'étage et ses passerelles grillagées n'offraient aucune cachette plausible. Quicksilver allait redescendre après avoir prévenu ses coéquipiers que la zone était sans risque lorsqu'une balle monta jusque dans son champ de vision.

Il la regarda s'élever lentement, un peu pris au dépourvu, et écarta suffisamment la tête pour qu'elle continue son chemin sans le blesser. Qu'est-ce qu'elle faisait là... ?

Il descendit la rampe des escaliers à la vitesse de l'éclair, stoppant le tireur embusqué d'une main ferme avant qu'il ne s'échappe

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Il descendit la rampe des escaliers à la vitesse de l'éclair, stoppant le tireur embusqué d'une main ferme avant qu'il ne s'échappe. Pietro sentit son adversaire se rebeller et le viser à nouveau, alors il entama une prise pour le mettre à terre... Mais il s'arrêta subitement quand il reconnut qui le menaçait. Une jeune fille, qui ne faisait pas partie du trombinoscope des méchants du jour... 

Il s'écarta d'elle, tâchant de voir s'ils pouvaient s'entendre. Peut-être était-elle une otage de leurs ennemis, ou une victime de leurs enrôlements forcés. Il ne devait négliger aucune piste. Et puis, elle n'avait pas l'air très forte, alors au pire des cas il pourrait la maîtriser.

- Ce n'est pas très poli de tirer sur les gens.

- Et je n'hésiterai pas à recommencer ! le menaça-t-elle.

- Je fais partie des Avengers ! Depuis quand on tire sur les héros ?

Elle eut un sourire amer, mais ne baissa pas son arme. Dans son oreillette, le Sokovien entendait ses coéquipiers l'appeler et le sommer de leur répondre. Mais il ne pouvait détacher ses yeux des siens, de ce regard d'âme perdue et d'enfant blessé qu'il ne connaissait que trop bien.

- Eh, détends-toi. Je ne vais pas te faire de mal, souffla-t-il.

- Je n'ai pas le luxe de te croire.

Ces mots fielleux le firent se sentir idiot. Il eut l'impression de se retrouver moins d'un an en arrière, lorsque c'était lui que les Avengers avaient combattu. Lorsque c'était lui qui se trouvait du mauvais côté de l'histoire. Il ne savait que trop bien ce qu'elle ressentait : cette détresse, cette rage, il les avait connu avant elle. Il leva lentement les mains en l'air, elle se tendit.

- Je peux t'aider, reprit-il. Je m'appelle Pietro.

Son regard méfiant et furieux le transperça, mais il continua. Il aurait pu la désarmer sans problème et régler l'incident en la capturant comme les autres mais... Il voulait l'aider. Il voulait gagner sa confiance. 

- Tu es avec eux ? demanda-t-il en désignant l'extérieur.

Elle rechargea son revolver dans un claquement sec, ce qui devait lui servir de réponse affirmative.

- Tu peux changer d'avis. Tu n'es pas obligée d'agir comme ça.

- On a pas tous le choix, monsieur le héros.

Il eut un pauvre sourire, baissa les mains. L'adolescente, perdue, le fixait hargneusement. Il avait eu raison de vouloir parlementer. Elle n'était pas responsable de ce qui lui arrivait, ce n'était pas sa faute si sa vie avait tourné au cauchemar...

- Ce sont eux qui t'ont mis ces idées dans la tête ? devina Pietro. Mais tu es différente, sinon tu aurais déjà tiré.

Elle frémit, surprise de ses mots calmes et rassurants. Et de la vérité qui y transparaissait. 

-  La vie n'est pas une guerre sans fin, printzessa. Il y a des gens bons en ce bas monde, même si tu n'en a pas encore rencontré, sourit-il. 

Un silence lourd suivit ses paroles, et il lut une insoutenable hésitation dans ses beaux yeux rebelles. Mais finalement, elle abaissa son arme et la jeta au sol avec dégoût, alors qu'il sentait un soulagement immense l'envahir. 

- (T/p), murmura-t-elle. Je m'appelle (T/p).

- Enchanté. Pour être sûr, je fais partie des gentils.

Il eut un petit rictus moqueur, elle haussa les épaules. Sa hargne s'était peu à peu changée en peine, et il perdit son sourire en entendant sa voix trembler :

- Vous n'êtes pas arrivés à temps. Ils ont tué tout le monde...

Parlait-elle du village en contrebas ? Ils n'y avaient rencontré personne, les rues pavées étaient cruellement silencieuses au beau milieu de la journée. Les maisons gardaient des traces d'incendies, quelques unes s'étaient effondrées. De toute évidence, les criminels qu'ils combattaient aujourd'hui avaient réduit la région au silence depuis des années... Notamment en exterminant la population.

Ils avaient peut-être gardé quelques jeunes, pour les enrôler dans leur groupe de violence. Elle devait en faire partie. Pietro n'avait rien à répondre à son constat amer. Il savait que les héros ne voyaient pas toutes les horreurs de ce monde... Et désormais, il savait aussi qu'ils faisaient de leur mieux pour sauver ceux qui restaient.

- Je suis désolé.

Elle s'adossa à une caisse d'armement, se laissa glisser au sol dans un soupir. Maintenant que l'adrénaline s'échappait de son corps, (T/p) ne pouvait plus retenir ses émotions oppressantes. Elle avait perdu tous ceux qu'elle aimait voilà bien longtemps, et aujourd'hui elle faisait partie du mauvais camp. 

Il ne lui restait plus rien à quoi s'accrocher. On lui avait arraché sa famille dans le sang, on l'avait élevée pour continuer ce cycle de violence. Aucun adulte ne comprendrait jamais ce que c'était d'avoir grandit dans cet univers cruel et sans pitié, où il fallait tuer pour survivre. Où elle avait perdu les meilleures parts d'elle-même.

Pietro s'accroupit à son niveau, soufflant d'une voix rauque :

- Hey, écoute-moi. Ne m'ignore pas, s'il-te-plaît.

Elle leva ses beaux yeux perlés de larmes et de colère sur lui. Pietro se sentit frémir, il avait l'impression de se retrouver face à un miroir de lui-même quelques années plus tôt. Il chercha les mots qu'il aurait tant aimé entendre à sa place, les mots qu'il avait rêvé tant de nuits pour le tirer de ce cauchemar. Il eut un piètre sourire, et prit la main recroquevillée de (T/p) en avouant à demi-mot :

- J'aurais voulu te rencontrer avant. J'aurais tant souhaité que tu grandisses entourée et comprise... Oh (T/p), j'aurais aimé te promettre que tout cela en valait la peine. Mais...

Elle s'agrippa à sa main de toutes ses forces, ancra ses yeux en lui pour n'y retrouver que compassion et tristesse.

- Mais je ne peux rien changer au passé, admit-il à regret. 

- Je suis condamnée, pas vrai ? fit-elle à mi-voix.

- Non. Je... Je voudrais que tu viennes avec moi. 

- Pourquoi ?

- Parce que ta vie en vaut la peine, sourit-il.

Imagifs MARVELWhere stories live. Discover now