Chapitre [2]

104 7 10
                                    

Juillet 1790.

- Si nous étudions en profondeur le droit tel qu'il est dans l'État français, de manière purement disciplinaire, nous pourrons observer le mouvement progressif de ses règles juridiques, non seulement selon les siècles, mais aussi géographiquement. Depuis tous temps, c'est la justice Royale qui... MONSIEUR JUNOT!

Le jeune homme sursauta sous le coup de règle qui frappa son pupitre et le cri de son professeur qui lui brisa les tympans.

Il leva un regard paresseux vers lui, la joue gauche colorée d'encre, qui avait probablement dû se renverser sur ses feuilles durant son court temps de demi-sommeil.

- Je vois que vos rêves sont plus intéressants que le cours que je vous accorde!

- C'est-à-dire que votre cours est si ennuyeux, que je n'arrive pas à m'y tenir éveillé...

- Eh bien peut-être vous amuserez-vous davantage dans les jardins de l'Université! Allez, dehors!

Le blond ne se fit pas prier et rangea d'un geste brusque ses affaires dans son cartable, prenant quelques feuilles à son bras qui ne manquèrent pas de s'envoler au fur et à mesure des marches de l'amphithéâtre qu'il descendait. Il sortit sans prendre compte des regards fixés sur lui. Il commençait à avoir l'habitude, il faut dire.

Une fois dans la cour, il laissa échapper un soupir.

Il était las de ces cours barbants desquels ils se faisait virer de plus en plus souvent. À Paris, ils se révoltaient, ils se battaient pour leurs idéaux, ils acclamaient l'espoir d'un nouveau système à venir. Le Roi n'avait-il pas accepté de changer ce gouvernement abusif et trop vieux pour laisser la place à une monarchie constitutionnelle? Et lui, Jean-Andoche Junot, qu'avait-il fait pour cela? Rester sur ces bancs était une perte de temps pour quelqu'un comme lui, qui voulait s'élancer avec une fougue que seule la jeunesse connaît dans un monde qui était sur le point de changer. Ce qui arrivait, cette révolution, ce changement de gouvernement, c'était le rêve des Français depuis des siècles, et il était né dans celui où ce long et dur combat portait enfin son fruit.

Et il était hors de question qu'il reste à la place que l'on lui avait assignée. Pas quand les lois et l'avenir de sa nation se bousculent.

Sans s'en rendre compte, il avait atteint le portail imposant qui marquait l'entrée de l'académie.

Il avait déjà pensé à s'enfuir de cet endroit trop monotone à son goût, où le temps passait avec lenteur, mais il avouait qu'il serait perdu. Depuis sa naissance, il avait toujours été entouré de sa famille, de son précepteur jusqu'au collège, de ses habitudes. Il avait toujours été protégé du monde extérieur. Même les menaces qui planaient sur Paris il y a quelques mois et qui s'étaient maintenant calmées, il ne les avait vues que de loin. Il avait soif de nouveauté, de liberté, mais son courage n'était pas encore tel qu'il le poussait à se rebeller contre sa famille. Alors voilà, il attendait sagement qu'une occasion se présente à lui pour entrer dans le monde, le vrai monde. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle arrive aussi vite...

- Junot? Que fais-tu ici, tu n'es pas en cours? J'ai entendu dire que tu y étais turbulent, et je constate que c'est bien le cas!

Le blond regarda le jeune homme qui se tenait devant lui.

- Auguste?! C'est à moi de te demander ce que tu fais à Dijon! Lui répondit-il avant d'aller le prendre dans ses bras sans attendre.

Ah, Marmont, Auguste de son prénom, son ami d'enfance et son ami le plus cher... il l'avait accompagné durant tout son collège. Mais ensuite, il était allé à l'école militaire, là où Junot avait toujours rêvé d'aller. Il ne pensait pas le revoir de sitôt. Mais il s'était trompé.

Folie rime avec irréfléchiTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon