Chapitre [188]

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Napoléon était revenu à Paris.

Après avoir fui.

Aussitôt de retour, il s'était réfugié dans sa chambre, et s'était enfoui sous d'épaisses couvertures, où il rêvait de rester tout le temps qu'il lui restera à vivre.

La pièce était dans le noir, à l'exception de la flamme d'une bougie qu'il fixait intensément, posée sur la table de nuit.

Il avait tout perdu.

Il avait abandonné. Ils les avait tous abandonnés.

Il était un lâche.

Pourtant, c'était lui, l'instigateur de cette terrible campagne. Cette terrible campagne, où encore tant de soldats avaient perdu la vie, à cause de lui... où Ney avait perdu la vie.

Son Ney, si adorable, si généreux... au cœur si brave...

Dieu merci, Junot s'en était sorti. Mais à quel prix? Sa folie n'était apparemment plus faite de crises éphémères, mais régulières, qui allaient de pire en pire. Allons! C'était seulement son caractère. Il était depuis toujours irritable et vif, n'est-ce pas? Ces crises, c'était seulement pour attirer son attention!

Du moins, il essayait de s'en persuader.

Et lui était vivant.

Mais pour combien de temps encore? Et si lors de l'une de ses crises, il faisait un geste malheureux? Mais encore faudrait-il qu'il revienne à Paris... s'il perdait la vie dans son retour de Russie? S'il ne voulait plus jamais le voir?

Il renifla, empêchant une fine larme de couler.

Lui-même, avait-il réellement changé? Il paraissait bien plus froid, bien plus sévère qu'avant. Pourtant... il était toujours le même...

Seul, dans sa grande chambre, dans son grand lit, il se mit à pleurer.

Au final, Il méritait bien tout ce qui lui arrivait.

~ ☘ ~

- Regarde, Sébastien... nous avons déjà presque traversé l'Autriche.

- Ces montagnes sont si belles... je ne l'avais même pas remarqué à l'aller.

- Ce sont les Alpes. Ce serait magnifique d'y construire un château! Tu imagines? La somptueuse vue que l'on aurait de sa fênetre!

- En effet... mais je serais curieux de voir quels architectes seraient capables d'une telle prouesse.

- Un jour, certains essaieront peut-être. Te rappelles-tu de l'Égypte? Il y avait des architectes. Et des tas de scientifiques!

- Je m'en rappelle, oui...

- J'aurais aimé faire des études, si ma famille avait été plus riche. Malheureusement, j'ai dû m'instruire seul, comme je pouvais!

- C'est déjà très bien...

- En tout cas, j'ai hâte de retourner en France. Et de revoir tout le monde! Je ne peux attendre.

~ ☘ ~

Talleyrand frappa quelques coups à la porte, se tenant le plus droit possible malgré sa jambe handicapante.

- Vous m'avez demandé, Majesté?

- Regardez donc qui voilà. Railla l'empereur en lui faisait signe d'entrer.

Il ouvrit avec un léger sourire et referma la porte, avant d'aller s'assoir sur le fauteuil que lui indiquait son supérieur, tout en essayant de se retenir de rire en sentant l'ambiance si tendue qui régnait.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now