Folie rime avec irréfléchi

Chapitre [172]

Junot entra encore une fois dans le bureau de l'empereur sans frapper. Oui, c'était vraiment une habitude.

- Mon général! Venez avec moi, je me dois de vous accompagner quelque part!

Il leva les yeux de ses papiers, déjà las.

- Junot... qu'y a-t-il encore?

- Oubliez votre travail! Il y a bien plus important.

- Comme quoi, au juste? Soupira-t-il.

- Moi, bien sûr. Pensez-y davantage.

- C'est déjà assez difficile de ne pas penser à toi et à tes frasques!

- Peut-être bien que je le fais exprès... rit-il.

- Et tu penses à ta réputation, qui n'est déjà pas bonne?!

Il haussa les épaules.

- Cela m'importe peu si j'ai une mauvaise réputation, tant que je peux rester auprès de vous.

- Cela m'importe puisque ça retombe sur moi!

Junot avait maintenant les larmes aux yeux.

- Mais... mais... vous me détestez, c'est ça..?

- Pas encore...

Trop tard, il pleurait déjà à chaudes larmes. Il devait le faire exprès, ce n'était pas possible.

- Junot, arrête ça!!

- M-M-Mon Général....

- Tu es impossible!! Ne crois-tu pas que j'ai autre chose à faire de mes journées que de t'observer faire tes caprices?!

- Vous n'avez pas... changé d'avis pour mon père...?

- Encore cette histoire?! Je pensais que c'était réglé!! Non, Junot, je ne changerai rien à ce que j'ai dit!!

- ..Je... Je vais repartir... en Bourgogne...

- C'est ça! Et pour y faire quoi, au juste?!

- Vivre... avoir une vie paisible... n'avoir comme seul problème de ne pas laisser le raisin baigner trop longtemps... pouvoir passer des heures à regarder l'eau du Rabutin couler... chercher les fées dans les bois... aider mon père dans son travail... manger de la couque midi et soir...

- Quelles fantaisies idiotes! De toute façon tu as un travail important à Paris, je ne te laisserai pas partir. Ah, j'aurais dû te renvoyer au Portugal! D'ailleurs, pourquoi hésite-je encore?!

- S'il... S'il vous plaît... laissez-moi repartir en Bourgogne!

- Nous verrons quand j'aurai fait mon choix.

Là, Junot explosa. C'était la goutte d'eau, tout ce qu'il avait retenu en son cœur depuis si longtemps ne pouvait plus y rester.

- Votre choix, vous l'avez fait depuis longtemps!! Et ce n'est pas moi, apparemment!!

- Junot!!

- Qu'y a-t-il?! N'ai-je pas le droit de me mettre en colère, moi aussi?! Vous êtes l'empereur alors vous avez le droit de jouer avec moi et de me faire souffrir?!

- Je ne te permets pas de juger de mes actions sans rien connaître de mes intentions!!

Il tomba à genoux et fondit en larmes.

- Vos intentions... vos intentions n'ont rien de semblable à l'immense affection que je vous porte et que je voudrais de tout cœur que vous me rendiez... mais l'empereur... l'empereur que vous êtes devenu à fait disparaître le général que j'aimais...