Chapitre [137]

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- Me voilà bien avancé! Comme mon frère est susceptible... m'envoyer en tant qu'ambassadeur en Espagne! Il n'a vraiment rien trouvé de mieux pour m'éloigner de lui et de Paris!

Au milieu d'une grande chambre, perdu entre les meubles et les coffres qui contenaient ses bagages, Lucien pestait.

Il avait été renvoyé de France comme un vulgaire criminel! Lui, le frère cadet du nouvel empereur!!

Il lui avait offert la couronne, et que lui offrait-il en échange?! L'exil, l'éloignement, le bannissement!

Bon, c'est sûr qu'être ambassadeur, ce n'était pas la pire des positions. Il aurait pu être envoyé ramasser du fumier au fin fond de la Creuse (RT si t'habites dans la Creuse).

Son frère aîné ne comprenait décidément rien... et puis d'abord, comment les français pouvait être si heureux d'avoir un Empereur à leur tête!?! Ce peuple était décidément fou. À cause de lui, l'intégralité de son plan avait échoué.

Qu'avait son grand frère de plus que lui...

Il s'affala sur le lit aux draps de soie rouges.

Il devait trouver une autre idée.

Bon sang, ambassadeur, un des pires métiers qui lui correspondaient... il ne voulait pas jouer au diplomate pour éviter la guerre, lui, il voulait tout faire pour la déclencher!!

...Oh, mais la voilà l'idée!

Déclencher une guerre franco-espagnole! Magnifique!

- E... Excusez-moi...

Lucien se releva d'un coup, sursautant à moitié. La porte s'était ouverte sur un jeune garçon, un très jeune garçon même, d'au moins 15 ou 16 ans. Il avait une peau claire et des cheveux noirs en désordre qui lui tombaient sur les yeux, dont on parvenait d'ailleurs à peine distinguer la couleur. Il se tenait debout en fixant le sol, et ses tremblements répétitifs montraient qu'il n'avait que très peu d'assurance.

Il tenait des tableaux enroulés dans du papier dans ses bras, et les maintenaient bien contre lui.

- Quel est ton nom? Demanda Lucien en s'avançant vers lui.

- Je... Je me nomme Auguste Le Thiers.

- Et? Dis-moi en plus sur toi. Que fais-tu ici, déjà?!

- Mon père est peintre et historien... l'on m'a assigné au travail d'être la compagnie de votre personne... j'espère... j'espère vous servir comme vous le méritez, Majesté...

- Majesté? Pour qui me prends-tu? Un roi? Bah, c'est ce que je suis en fin de compte. C'est juste que personne n'est assez intelligent pour le voir.

Le Thiers releva les yeux vers lui. Il était... impressionnant. Son regard avait quelque chose de fascinant...

- Je suppose que tu es là pour ranger mes bagages. Allez, fais, ordonna-t-il.

- C'est que... c'est le travail des domestiques, moi je-

- Fais, répéta-t-il en soulignant bien son mot.

Le garçon n'insista pas et s'attela à la tâche.

Des vêtements dans les bras, il regarda un instant son nouveau maître, qui était retourné se coucher sur le lit. Il avait des milliers de questions à lui poser, sur son origine, son arrivée, ses plans pour l'avenir, mais il n'osa pas dire un mot face à cette figure d'autorité à laquelle il devait se soumettre.

Il se contenta juste de finir la tâche qui lui avait été assignée.

Une fois celle-ci terminée, il se tint droit devant le grand lit et dit d'une voix plus sûre :

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now