Chapitre [157]

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Il faisait beau, le ciel était d'un bleu sans nuage, les oiseaux chantaient gaiement, et pourtant, au jardin des Tuileries, l'ambiance était peu joyeuse.

Et pour cause, il y avait un enterrement.

Dans un coin du jardin, une boîte d'acajou sertie de pierres dans les mains, Napoléon tentait tant bien que mal de retenir ses larmes.

- Mes très amis, nous sommes réunis ici pour pleurer la perte et partager l'immense douleur de notre regrettée Joséphine... fauchée par la mort dans toute sa cruelle injustice... Et toi Junot, qui n'as pas conscience de ton affreux acte... mon cœur saigne...!

Junot bâilla sans vergogne. Son général l'avait bien banni du palais, mais il lui avait ordonné de venir à cet enterrement, et que s'il y prenait part, alors il pourrait s'excuser à l'animal maintenant décédé et se repentir. Comme il avait hâte de prononcer ses regrets... qui seront plein de mensonges, bien sûr. Il l'avait tuée inconsciemment, mais il n'allait pas se mentir, au fond il était bien content que cette envahisseuse soit morte une bonne fois pour toutes.

- Je me souviens encore du jour de notre première rencontre, tu étais si petite et transie, là, à la merci de l'hiver et de ses frimas inflexibles. Serais-tu sans doute morte avant d'avoir enfanté, si je n'avais pas eu la bonne idée de te ramener avec moi en te tenant chaud à l'aide de mon manteau. Ah, pauvre petite, comment aurais-je pu me résoudre à t'abandonner...? Si blanche... si douce... Une enfant à qui le destin venait de retirer sa mère... orpheline...

Les quelques maréchaux présents avaient tous un visage sérieux et stoïque, mais à l'intérieur, étaient partagés ceux qui avaient envie de laisser échapper un long soupir de lassitude et ceux qui se retenaient le mieux possible de rire aux éclats.

- Ma Joséphine si douce... si pure... te voilà parmi les cieux avec ton blanc manteau d'hermine... comme tu vas me... manquer... Repose en paix...!

Il ne pu s'en empêcher, il éclata en larmes, serrant la boîte entre ses doigts. Voyant cela, Augereau donna un violent coup de coude dans les bras de Junot.

- Hm? Ça y est? C'est fini?

Il roula des yeux et montra l'empereur de son menton, lui faisant signe d'aller le consoler.

Il le comprit, et alla se mettre près de lui pour lui caresser le dos.

- À présent, Junot, fais tes excuses à Joséphine.

Il le fixait de ses yeux remplis de larmes.

Le bourguignon soupira et fixa le tombeau prêt à être recouvert. Il trouvait ça glauque. Et tellement stupide.

- Dame Joséphine... je suis désolé de vous avoir donne la mort. Puissiez-vous... être heureuse, dans un autre monde.

Il pleura encore, et lorsque la cérémonie fut terminée et que tout le monde quittait les lieux, Junot se rapprocha de son général, un grand sourire aux lèvres. Il le prit dans ses bras, mais cette fois-ci il le repoussa.

- ...Mon général?

- Tu es un assassin! Comment as-tu pu? Comment as-tu osé me trahir à ce point... comme si toutes tes infidélités n'étaient pas suffisantes...!

- Je n'ai pas fait exprès de la tuer! Et puis, des infidélités... c'est vite dit! Je ne ressens aucun sentiments pour ces femmes!

- Mais tu leur donnes ton corps... c'est beaucoup à mes yeux... et toi, tu es simplement jaloux que je donne un peu d'attention à mes chats!

Junot serra les dents.

- Parce que vous leur donnez de votre amour!!! De l'affection!!!! Un corps, ce n'est rien, comparé à des sentiments, eux sont bien plus personnels et ne s'offrent pas à n'importe qui!!

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now