Chapitre [145] 🔞

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"Il n'est aucune sorte de sensation qui soit plus vive que celle de la douleur ; ses impressions sont sûres, elles ne trompent point comme celles du plaisir." - Marquis de Sade

Murat ferma les yeux. Sa tête reposait sur les genoux de sa femme, elle-même assise sur un banc dans leur jardin intérieur, et se délectait de ces doux moments qui rendent son innocence à la vie.

Elle lui caressait machinalement les cheveux, un petit sourire aux lèvres, tout en lisant un livre qu'elle tenait dans son autre main. Le jardin intérieur était silencieux, à l'exception du chant aigüe de quelques oiseaux, et ses quelques plantes exotiques donnaient à l'endroit un sucré parfum méditerranéen. Il y faisait chaud, mais d'une chaleur qui était douce et agréable.

Caroline se délectait de ce petit endroit qu'elle avait soigneusement aménagé pour son mari et elle. À l'écart des autres pièces, décoré des plus beaux arbres et fleurs du monde connu, il était pour elle comme un petit paradis terrestre. Et le fait d'avoir son mari tout près d'elle, lui souriant et se reposant sur ses genoux, lui faisait oublier tous les mauvais souvenirs de son enfance. Elle avouait s'être rarement sentie aussi bien qu'à cet instant présent.

D'humeur joyeuse, mais aussi joueuse, elle descendit sa main le long de la joue de son mari et lui mit doucereusement un doigt dans la bouche, sans pour autant arrêter sa lecture. Celui-ci ne résista pas, et entama de brefs mouvements de succion, comme par un ordre qui lui avait été donné par le silence. Ou par une habitude dont il avait honte. Lorsqu'elle y mit un deuxième doigt, un rictus aux lèvres, il continua, produisant un son étouffé.

- Bon petit... susurra-t-elle avec une lueur peu rassurante dans les yeux. 

Il ferma les yeux, parcourant ses doigts de sa langue chaude, encouragé par ces deux mots pourtant simples.

- Mon bon chéri... Tu sais que je t'aime très fort?

Son cœur fit un bond dans sa poitrine, tout en accélérant ses battements. Ces mots étaient les plus beaux qu'il pouvait entendre.

Caroline avait déposé son livre, et retira ses doigts d'entre ses lèvres, pour aller entourer d'une main la gorge claire de son mari. Tout en serrant, elle lui glissa avec un air provocateur :

- Qui est ta maîtresse?

- V... Vous, parvint-il à prononcer, le souffle court.

- Et est-ce que tu l'aimes, ta maîtresse...?

Il hocha la tête comme il pu.

- À qui obéis-tu? Demanda-t-elle en appuyant sur sa gorge.

- À vous... madame ma... maîtresse! Ghh...!

- Exactement. À moi, rien qu'à moi, et pas à l'Empereur.

Il hocha encore la tête, se mordant la lèvre.

- Que fais-tu là? N'abîme donc pas tes belles lèvres...

Elle l'embrassa, tout doucement, raffermissant sa prise à l'opposé. Murat se contenta de recevoir ce baiser qui le coupa du peu de respiration qu'il lui restait encore.

Heureusement pour lui, il fut rapide, et sa femme retira sa main du cou maintenant marqué de tâches rouges. Il reprit comme il pu sa respiration. Toujours haletant, il referma les yeux en la sentant remonter sa main sur sa joue. Son désir grandissant était accentué par son embarras. Lui qui était au désespoir de toujours se faire dénigrer... et dans les moments comme celui-ci, il en redemandait... après tout, il ferait tout pour faire plaisir à sa tendre femme. D'autant plus s'il appréciait malgré lui. Le goût du danger était pourtant quasi-inexistant chez lui. C'était ce qu'il croyait, apparemment.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now