Chapitre [37]

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15 Octobre 1795.

La salle était somptueuse.

Un lustre de cristal dominait l'immense pièce de son éclat, et le buffet, les décors et les costumes fastueux laissaient croire qu'on était encore au temps de la monarchie.

Junot en était émerveillé.

Aurait-il pu s'imaginer un jour que lui, fils de bourgeois de la campagne bourguignonne, se retrouverait un jour à un tel endroit?

- Mon général, c'est merveilleux!!

Il se retourna pour faire face à ce dernier, qui... avait tout bonnement disparu.

- ...mon général??

Il regarda tout autour, presque paniqué, et le remarqua finalement dans un coin de la pièce.

- Nous entendons souvent parler de vous en ce moment, citoyen Buonaparte.

- Oui, l'insurrection royaliste qui a eu lieu il y a dix jours et à laquelle vous avez brillamment pris part vous a rendu célèbre!

- Oh, mais je ne mérite pas une telle reconnaissance. Je ne fais que mon possible pour rendre sa liberté à notre pays.

- Mais n'êtes-vous pas Corse? Comment en êtes-vous arrivé à trahir votre pays pour son ennemi?

- Mon général!! Pourquoi m'avez-vous faussé compagnie?

Oh non. Pas lui.

Napoleone ouvrit grand les yeux en le voyant.

- Tiens, qui est ce jeune homme?

- Juste une connaissan-

- Je m'appelle Jean-Andoche Junot, je suis l'aide-de-camp du général Buonaparte~!

- Enchanté de vous rencontrer..!

- Junot... je t'avais dit de ne pas me suivre..! Excusez-moi une minute.

- Je vous en prie...

Il lui prit brutalement le bras et l'attira un peu plus loin, éloigné de tout ce monde.

- Junot, que t'avais-je dit?! J'ai déjà eu la clémence de t'emmener à ce bal avec moi, ne viens pas gâcher mes plans!!

- Mais... je...

- Je te l'ai déjà expliqué, pourtant!! Ce soir, je dois mettre toutes les chances de mon côté... je n'ai pas besoin que ton esprit désinvolte ne vienne me faire tâche!!

Junot ne dit rien quelques secondes, happé par ce visage aux sourcils froncés qu'il avait en face de lui.

- M... Mon général... vous... je vous trouve irrésistible... avec cette expression...

- JUNOT!! TU- il baissa le ton en voyant les regards qui s'étaient tournés vers eux. Junot, ne viens plus me voir, c'est compris!! Et ne raconte pas n'importe quoi aux gens, et surtout- surtout pas ce qu'il s'est passé entre nous!! C'était une erreur, une grosse erreur de ma part, je ne savais pas ce que je faisais, et... mais ce n'est pas le moment de parler de ça!! Enfin, ne fais pas de bêtises, c'est compris!?!

- Je...

- C'est un ordre de ton général!!

- ...Oui...

- Je reviendrai te chercher lorsque je voudrai repartir. Si je ne trouve pas je jugerai que tu es déjà rentré.

Et il le laissa là, au milieu de cette pièce où il se sentait comme un intrus.

Et il y avait trop de bruit... Junot pouvait supporter les canons et les fusils, mais il ne pouvait pas rester dans un pièce où la musique et les mensonges régnaient en maître.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now