Chapitre [187]

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- ...Et il croit pouvoir me battre sur mes propres terres? Quelle arrogance! L'hiver Russe est indomptable, et jamais personne ne pourra le maîtriser, si ce n'est un russe lui-même.

Suite à sa tirade, Alexandre but une gorgée de champagne, entouré de rires. Si son armée bravait les tempêtes pour remettre à sa place ce mégalomane d'empereur français, lui était bien au chaud dans son palais à Saint-Pétersbourg, à profiter de ses plus magnifiques bals et banquets. Après tout il n'avait jamais vraiment été un bon combattant, ni un bon meneur d'hommes. Il laissait le fusil à ses soldats et le commandement des troupes à ses généraux.

Un comte de sa cour, qui était aussi un conseiller, osa dire, après un instant d'hésitation :

- Mais était-ce vraiment nécessaire d'avoir fait mettre le feu à Moscou...?

Les jeunes filles qui entouraient le Tsar cessèrent de rire. Le regard sans expression d'Alexandre se perdit dans les bulles de son verre de champagne.

- Moscou était trop fragile de toutes manières. Si elle a brûlé si vite c'en est bien la preuve. Nous la reconstruirons plus solide, en utilisant très peu de bois. Après tout, n'est-ce pas ainsi qu'a agit Londres après son incendie? Et Paris? Les français aussi ont su reconstruire leur capitale avec des techniques nouvelles et des matériaux plus solides. Suivons leur exemple, pour une fois.

- Oh, Majesté, les français font des choses bien merveilleuses! S'exclama une femme brune en s'agrippant à son bras. Voyez, ce sont eux qui on cousu cette robe ravissante, lui dit-elle en lui montrant le vêtement vert et brillant qui longeait son corps fin.

- En plus d'être splendide, cette robe sublime votre beauté, lui dit-il d'un sourire charmeur.

Un grand sourire couronna les lèvres de la jeune femme.

- Votre Majesté, je vous propose d'aller converser dans un lieu davantage privé...

Sa réponse fut interrompue par un homme qui s'arrêta devant lui, visiblement après une longue course au vu de la manière dont il était essoufflé. Transpirabt, habillé de vêtements de domestique, il jurait dans le décor composé des plus riches nobles russes aux plus belles tenues.

- Majesté! J'ai... J'ai un message pour vous, l'Empereur Napoléon a fui!

Le Tsar toisa le messager du regard, sans toutefois lâcher la taille de sa nouvelle conquête.

- Il a enfin décidé de battre en retraite? De retirer ses soldats des terres russes? Il était temps. Ces batailles, ainsi que cet incendie, n'auront pas été vains.

- Non, Majesté... il a vraiment fui... sans son armée, il l'a laissée en Russie...

Alexandre hésita entre rire et soupirer.

- Un lâche... ses hommes doivent avoir bien honte de lui. Venez, ma chère ; à trop entendre de la lâcheté de Napoléon, vous risquez d'avoir pitié de lui.

~ ☘ ~

Il avait fui.

Il avait encore fui !!

Cet abruti !! Il l'avait laissé, seul dans ce froid, dans cet enfer glacé...!!

D'un geste vif, débordant de fièvre, Junot attrapa une plume et écrivit à toute vitesse sur un papier froissé :

"Moi qui vous aime avec l'adoration d'un sauvage pour le Soleil, moi qui me suis donné tout à vous, je vous supplie de me laisser revenir en France, parmi mes enfants... assez d'honneurs et de massacres : assez, je ne veux plus faire la guerre!"

Folie rime avec irréfléchiOnde histórias criam vida. Descubra agora