Chapitre [170]

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- Ney... mon petit chat lorrain...!

Le maréchal se réveilla sous le chatouillement d'une plume contre sa joue. Il leva légèrement la tête, tressaillie de douleur, pour regarder avec des yeux à demi-clos l'empereur à moitié dévêtu devant lui qui s'amusait à passer une plume sur son visage.

- Cette plume, c'est celle de l'oiseau que tu as mangé... vilain chat...!

Ney ne l'écoutait pas. Il passa une main sur ses cheveux châtain vif et sur son visage. Qu'avait-il fait, hier soir, pour ce retrouver dans cette situation...? Et surtout, devant ÇA? Ils avaient joué... aux cartes... et celui qui perdait retirait à chaque fois un vêtement. Super, il comprenait maintenant pourquoi il était à poil. Il se souvint aussi d'une bouteille d'alcool. De plusieurs bouteilles d'alcool. Encore une soirée où ils s'étaient amusés... sérieusement, l'empereur avait vraiment de gros problèmes de manque d'affection... et lui de générosité, pour ne jamais parvenir à dire non.

- Mon chaaat lorrain....

- Majesté, l'alcool fait encore son effet sur vous...

Ney soupira. Cet homme... il avait bien changé depuis quelques années. Il se souvenait encore de lorsqu'il était consul, de ces quelques moments qu'ils avaient passé ensemble... Il tenait à lui. Il ferma les yeux.

- Majesté... 

- Mon chat lorrain...

- Alors, à quel point tenez-vous à moi? Autant qu'à Junot?

- C'est... différent.

- Et nous aimez-vous autant Joséphine?

- Là encore, c'est différent... es-tu jaloux~?

- Point du tout.

- Alors je pourrais inviter chaque personne, chaque serviteur de ce palais dans mon lit, que tu ne sourcillerais guère?

- Vous disposez de votre plein gré de votre corps. Je ne puis vous en priver ni même vous donner mon avis.

- Oh... mon adorable chat lorrain...!! Comme c'est agréable d'entendre de telles paroles... Junot est tellement jaloux, et toi tu es si conciliant!

- Vous m'avez tout offert.... quel homme serais-je pour vous critiquer..? Je ne suis pas comme Augereau.

- Augereau est un vilain chat.

- Alors pourquoi le gardez-vous auprès de vous?

- Car il m'amuse énormément. Et j'ai pour lui une profonde amitié.

- Junot aussi est un vilain chat dans ce cas. D'ailleurs, vous êtes si différents... vos caractères sont même littéralement opposés. Comment pouvez-vous aussi bien vous entendre...?

- Junot... apporte de la vie chez moi qui n'en ai plus.

- J'espère... vous en apporter un peu moi aussi...

- Toi... tu m'apportes la douceur et la quiétude... je vois à ce sourire que ces mots te plaisent...! Mon chat lorrain...

- Tous vos mots me sont plaisants à entendre.

- Tout comme il m'est plaisant de te regarder.

- Comme j'aurais aimé... vous accompagner en Égypte... en Hollande il faisait si froid... la pluie battait chaque jour... le moral des soldats dépérissait comme leurs bottes qui étaient tâchées de boue, d'eau sale et de sang... et il y avait ce soldat, il était si attendrissant. Je n'ai pu m'empêcher de le réconforter.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant