Chapitre [111]

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- Francesco!! Que je suis heureux de te revoir!

Gabriel resserra l'étreinte qu'il faisait à son ami.

- Gabriel... oh, Gabriello mio! Mon peintre de la Renaissance..!

- Tu t'en souviens...!

- Bien sûr, que crois-tu?

Au milieu de la rue, les jeunes hommes s'étaient rencontrés, après plusieurs années de communication par lettre. Gabriel devant faire une course à la capitale, il en avait profité pour y passer quelques jours et séjourner chez ses anciens frères d'armes. Ils s'étaient donc donné rendez-vous devant la cathédrale Notre-Dame que le napolitain connaissait maintenant si bien.

Francesco posa sa main sur son épaule.

- Que dirais-tu d'aller discuter autour d'un bon verre de vin?

Gabriel hocha vivement la tête, tandis que Sébastien grommelait. Pourquoi fallait-il qu'il revienne?! Francesco était enfin rien qu'à lui... et il fallait qui vienne le lui prendre!

Un instant plus tard, ils étaient tous trois assis autour d'une table chez Marie, leur table habituelle même.

- C'est donc ici que tu travailles, remarqua Gabriel en observant autour avec fascination.

- Oui, et je fais la classe aux enfants dans la cour, là-bas! Lui montra-t-il.

- Je ne m'étonne même pas que tu sois devenu professeur. Déjà à l'armée, tu ne pouvais t'empêcher de tous nous reprendre, le taquina-t-il.

- Oh, ces vieux souvenirs... Marie, trois verres de vin s'il te plaît!

Sébastien boudait toujours comme un enfant, les bras croisés. Mais il essayait tout de même de faire profil bas ; on ne refuse jamais un verre de vin, on en profite.

Marie arriva rapidement avec les boissons tant attendues, souriant à ce nouveau jeune homme qu'elle ne connaissait pas.

- Et voilà votre commande, mes beaux.

- Merci, gente demoiselle, lui sourit-il en retour.

Marie lui rendit le sourire et les laissa ; les questions, ce sera pour plus tard.

- Ah, du vin, encore! J'en vois tout les jours.

- Et alors, que deviens-tu?

- Justement, vois-tu, je travaille dans les vignes. Le commerce explose à Argenteuil ces derniers temps.

- Ce doit être un dur travail, tout ça. Surtout avec la chaleur...

- Oui mais que veux-tu, on s'y habitue! Et puis quand on a subi la chaleur du désert, on résiste à tous les soleils! Et toi mon bon Sébastien, que deviens-tu aussi? Francesco m'a tout raconté sur lui sur le chemin mais tu n'as pas ouvert la bouche. Quel métier exerces-tu?

Sébastien n'écouta pas, visiblement trop occupé à s'enivrer encore une fois.

- Il ne fait pas grand-chose pour l'instant, répondit Francesco à sa place. Il a envoyé des articles à des journaux, mais n'a reçu aucune réponse positive.

- C'est bien dommage... d'ailleurs, je ne t'ai pas tout dit à mon sujet, Francesco. J'ai ouvert une apothicairerie et un cabinet avec ma grande sœur où nous proposons d'aider les gens qui ont des problèmes avec des mauvais esprits, qui recherchent l'aide de leurs anges gardiens, tout ce domaine-là. Et sans me vanter, je commence même à avoir mon petit succès~!

- Tu t'es donc reconverti en diseuse de bonne aventure? Rit-il.

- Si tu crois que c'est si simple! Et notre travail est sérieux. En réalité notre famille exerce ce métier depuis des générations, tu sais, je t'avais dit que ma grand-mère faisait jadis partie du Secret du Roi ; seulement maintenant nous ne nous cachons plus.

- Je suis bien curieux, tout d'un coup. Je t'avoue ne pas croire en tout ce qui touche ce domaine, même si je ne dis pas non plus que ce sont des sornettes. C'est un peu comme Dieu, ou l'abstinence de Sébastien ; je ne peux pas y croire tant que je ne l'ai pas vu de mes propres yeux.

- Nous verrons ce soir! Je te ferai une belle et intéressante démonstration.

- Je n'attends que ça!

De son côté, Sébastien regardait tout cela d'un mauvais œil.

~ ☘ ~

Sébastien se réveilla au milieu de la nuit, les ronflements bien distincts de son invité ne l'aidant pas à se rendormir. Il aurait voulu lui en coller une, et cette envie s'intensifia lorsqu'il le vit accroché à son Francesco comme si de rien n'était. C'était bien pratique de n'avoir qu'un seul lit! Pourquoi Marie ne lui avait-elle pas prêté une chambre?!

Il tenta de les séparer, mais rien n'y faisait, Gabriel, même dans le plus profond des sommeils dans lequel était, ne voulait pas le lâcher.

Las, Sébastien s'affala sur le peu de lit qu'il lui restait encore.

Courage, dans quelques jours, il sera parti...!!

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant