Chapitre [21]

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- Mère... cette robe est très jolie.

La petite fille brune, qui observait depuis un instant sa mère à l'ouvrage, s'était approchée pour en voir les coutures et le tissu de plus près.

- Oui, elle appartient à une riche comtesse suédoise établie à Paris, car elle a suivi son mari. Elle m'a confié la tâche de la recoudre car un trou s'y était formé.

- Et nous, nous ne sommes pas riches?

- Oh, non... loin de là, ma petite Éponine.

- Je voudrais apprendre à coudre comme toi.

- Dans quelques années... et qui sait si un jour, tu ne seras pas au service d'une Reine. Dans un autre pays... puisque la France a tragiquement rejeté la sienne.

~ ☘ ~

Notre cher Corse avait terminé de trier les papiers plus tôt qu'à l'accoutumée aujourd'hui, à son travail à la Convention, et était rentré en milieu d'après-midi. Il avait croisé Muiron qui allait à l'église la plus proche et lui avait demandé où était Junot, et la réponse qu'il reçu l'emmena jusque dans la cuisine commune du rez-de-chaussée. Ils n'y allaient pourtant que très rarement, pour manger ils préféraient aller aux auberges environnantes. Enfin, il était curieux de voir ce que le bourguignon était encore en train de mijoter.

Il y entra et regarda vite-fait autour. La cuisine n'était pas bien grande, mais elle était propre, aussi ce n'était pas étonnant vu le peu de gens qui s'y rendaient. À part les rideaux rouges, il n'y avait pas beaucoup de couleurs. Tout était en bois, sauf un tiroir qui était en fer, mystérieusement. Quelques outils de cuisine traînait ça et là, sans doute abandonnés, et les casseroles étaient pleines de crasse. Oui, même pour lui qui n'aimait porter que du noir et du blanc, tout cela lui semblait morne.

Junot était en effet là, devant le plan de travail, à s'occuper d'il-ne savait quoi.

- Alors, mon Junot, que nous cuisines-tu? Lui demanda-t-il en s'approchant, mains derrière le dos.

- Des sandwichs!

- ...Qu'est-ce?

- Regardez, ce n'est pas si difficile à faire ; on prend du pain, et on met tout ce qu'on veut dessus. Mais après, on referme le pain, pour que ça ne tombe pas lorsqu'on le prend en main!

- Quelle belle invention tu as trouvée là.

- Oh, mais ce n'est pas la mienne! C'est celle du comte de Sandwich, qui justement, y a donné son nom. En 1769! L'année de votre naissance, le sandwich a votre âge, haha! Quand vous aurez 40 ans, le sandwich aura 40 ans... Quand vous en aurez 60, le sandwich en aura 60... Quand vous en aurez 100, le sandwich en aura 100... Quand vous en aurez 200, le sandwich en aura 200...Quand vous en aurez 500, le sandwich en aura 500... Quand vous en aurez 1000, le sandwich en aura 1000...

- ...Je crois avoir compris, Junot.

- En fait... vous êtes là personnification même du sandwich!

- Si... cela te fait plaisir...

Il allait finir par se demander s'il n'avait pas bu.

- Et moi... je suis le chat qui va manger le sandwich!!

- Pousse-toi!! Grogna-t-il alors que le blondinet lui avait sauté dessus. Range ta langue! AÏE!!

Napoleone se tint la joue.

- Vilain chat!! On ne mord pas!!

Junot lui fit de gros yeux.

- Non, ça ne fonctionne pas sur moi! Vilaine bête! Et- non, range tes griffes!! Tu crois que c'est comme ça qu'on devient un bon chat?!

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now