Chapitre [128]

29 2 5
                                    

- Majesté, bienvenue. Comment s'est passé votre visite chez votre femme?

Le Corse regarda son serviteur attitré en haussant un sourcil.

- Pardon? Constant, que me racontes-tu?

- Eh bien, vous étiez à la Malmaison, ces derniers jours.

Napoléon retira sa veste qu'il donna à un autre serviteur sans le regarder.

- Les derniers jours, j'étais en Bourgogne durant presque trois semaines et je ne comprends pas pourquoi tu me poses cette question et surtout, pourquoi tu me nommes "Majesté". Je sais que le peuple de Paris me considère beaucoup mais je n'aime pas que l'on me traite de Roi, cela rappelle la Monarchie. Donc s'il te plaît, garde tes railleries.

- Mais... mais je ne vous raille pas... vous êtes notre Empereur, à présent...

- ....PARDON?! EMPEREUR?!

Constant laissa tomber son plateau et ses verres dans son sursaut.

- Je... mais... oui! Votre courronnement a eu lieu il y a dix jours...!

- Mon... mon couronnement?!?! ... LUCIANO!!!!!

Il s'engagea d'un pas rapide dans le premier couloir, les dents serrées. Oh, ça allait barder.

- Toi... dis-moi où est mon frère!!! Cria-t-il à une servante qui passait.

- Le.. Lequel...?

- LUCIANO!!

- Dans... dans vos appartements... ou votre bureau, je crois... je.. l'ai vu...

Il s'y précipita et ouvrit la porte en la claquant, le feu dans les yeux. Et en effet, son frère cadet était là, assis sur un fauteuil et jouant avec un couteau d'un sourire, pas du tout surpris de l'entrée théâtrale du nouvel arrivant. Il s'y attendait bien, un jour ou l'autre.

- LUCIANO... JE VOIS QUE TU NE T'ES PAS ENNUYÉ DURANT MON ABSENCE!! PEUX-TU M'EXPLIQUER CE QUE SONT CES HISTOIRES DE COURONNEMENT ET D'EMPEREUR?!

- Du calme, déjà, est-ce possible...? Comme tu es bruyant...

- LUCIANO. EXPLIQUE. MOI!!!

- La chose est simple, lui dit-il en se levant et en s'approchant de lui sans lever les yeux de son couteau. Je me suis fait passer pour toi, et t'ai fait couronner Empereur des Français... n'est-ce pas une place formidable? Et puis, je pensais que tu avais trouvé en la Bourgogne un nouveau foyer, et que tu ne reviendrais pas... j'ai donc pris ta place à la tête du pays, en y imposant une petite touche personnelle qui me tenait à cœur~

À ce moment précis, Napoléon avait envie d'étriper son frère cadet.

- Tu es vraiment un incapable!! Et... Et personne ne t'en a empêché!?!

- Disons que les gens ont peur d'énerver Napoléon Bonaparte... sauf moi, comme tu peux voir~.

- Et comment as-tu pu croire que j'aurais pu abandonner le pouvoir?! Après tout le mal que je me suis donné pour y parvenir!

- Après tout le mal que JE me suis donné pour que TU y parviennes!! Tu as peut-être fait ton expert en campagnes mais QUI a formenté un coup d'État?! C'est moi qui ai monté la révolte dans la tête de l'armée et du peuple dans l'Orangerie, qui ait dissous le directoire une bonne fois pour toutes et c'est toi qui a été acclamé!! Et perdre cette place n'est-ce pas honnêtement ce que tu voudrais? Fratello maggiore... je suis sûr que tu y as déjà pensé plusieurs fois. D'abandonner ce poste de consul, d'abandonner la France, de fuir pour vivre une vie tranquille et simple dans la campagne perdue avec ton adoré.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant