Épilogue [ I ]

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Napoléon contemplait l'océan.

Les lourdes vagues s'écrasaient contre les rochers de la falaise avec un bruit continuel de fracas. Toujours au même rythme, monotone, agaçant.

Son regard était perdu entre la couleur grise de la mer et celle, plus sombre, du ciel.

Assis sur ce rocher qui remplaçait son trône, il n'était plus que l'ombre de lui-même.

L'on disait de lui qu'il était un grand homme, dont l'on se souviendra durant des siècles, des millénaires. Qu'avait-il fait de si grand? Mener des innocents à la mort sans réfléchir? Tué à petit feu l'amour de sa vie?

Lannes, Murat, Ney, Duroc, Junot, tous étaient morts aux combats, des suites de leur blessure ou fusillés. Marmont l'avait trahi, comme bien d'autres, et il le comprenait. Son cœur se serra.

Junot...

De combien de gens était-il le meurtrier?

Son cœur à l'origine si sensible avait appris tout au long de sa vie à s'endurcir, pour se fissurer un peu à chaque mort d'un proche, et enfin se briser en mille morceaux.

Lorsque l'on l'avait emmené ici, sur cette île perdue au milieu de nulle part, il n'avait rien dit. Il vivait encore, mais seulement car ses tentatives de se donner la mort avaient échoué.

Depuis combien de temps y était-il, sur cette île, d'ailleurs? Des années. Il ne savait plus combien ; compter ne servait à rien.

Il baissa les yeux sur les plantes à ses pieds. Une dose assez conséquente pourrait faire un parfait poison.

Cette fois-ci, ça allait fonctionner.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now