Chapitre [115]

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- Luciano... Luciano!! Fratello maggiore!!

Lucien marchait dans les couloirs des Tuileries avec une pile de papiers dans les bras quand une tornade corse se précipita sur lui. Voyant son petit frère en pleurs, il laissa tomber toute la paperasse au sol pour aller le prendre dans ses bras.

- Louis, que se passe-t-il...?!

- Notre frère... c'est notre frère... il devient fou!!

- ...Qu'a-t-il encore fait?!

Lucien serra les dents. Il sentait déjà son sang chauffer.

- Ses chats... il ne s'occupe que de ses chats!! Tu verrais la façon dont il leur parle!! Pourquoi est-ce lui qui est à la tête de la France?! Il ne le mérite absolument pas!! Il est si pathétique...!!

- Je sais... je sais...

Louis s'accrocha aux vêtements de son grand frère en hoquetant.

- Il a toujours... tout eu... une bonne école, un lit, de la nourriture!! Il nous oubliait, pendant que nous vivions dans la déchéance et la misère!! Et maintenant... c'est à lui... le plus arrogant... le plus incapable... que l'on donne le pouvoir...!!!

Son aîné le regarda dans les yeux.

- Je sais. Et c'est pour ça que je repasse derrière lui. Le nom de Napoléon Bonaparte... ce n'est qu'un nom. Je suis derrière ce nom. Caroline est derrière ce nom. Tu peux aussi être derrière ce nom. Si notre grand frère s'occupe de la France... il le fait bien trop naïvement. Crois-moi... je vais prendre les choses en main. Très sérieusement.

- Merci... merci, fratello maggiore...

- De rien. J'ai promis que vous protégerai toujours. C'est le rôle d'un grand frère, non? Et je ne veux pas être comme Napoleone.

~ ☘ ~

Bourienne rentra dans le bureau du premier consul, et alla vérifier tous les papiers déposés sur son bureau. Il était son secrétaire après tout, et il se devait de trier tout ça. La première feuille attira son attention. C'était un rapport, sur lequel il était écrit noir sur blanc :

"Monsieur de Bourienne est parti hier dans la nuit pour Paris. Il s'est rendu dans un hôtel du faubourg Saint-Germain, rue de Varenne, et là, dans un conversation fort animée, il a fait entendre que le premier consul voulait se faire Roi."

Il ouvrit de grands yeux. Il n'avait jamais dit ça! Et pourquoi ces agents le suivaient-ils?! C'était une obsession de Bonaparte de vouloir savoir chaque parole et chaque geste de son entourage!

Et, encore mieux, il était signé"Junot", en bas, rapidement, à peine lisible. Junot, qui était gouverneur militaire de Paris, et à qui le premier consul donnait décidément trop de droits, dont celui de s'occuper des affaires de la Police sans aucune raison. Lui donner la responsabilité de valider des rapports, c'était vraiment une très grosse erreur. Donner autant de responsabilités à quelqu'un d'aussi fou... l'affection dépassait la raison!

- Ah, bonjour, Bourienne!

Comme fait exprès, le concerné était rentré vivement dans le bureau, pour déposer d'autres papiers sur le meuble. Il voulu repartir, mais Bourrienne l'interpella.

- Junot, tu tombes bien. Peux-tu me dire ce qu'est ceci?

- Hm, n'est-ce pas un rapport d'un de mes agents?

- Les agents de Fouché, Junot, Fouché qui est ministre de la Police, ce qui n'est pas ton poste. On se demande bien pourquoi Bonaparte t'a donné ce travail. Et tu ne l'as pas lu?

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now