Chapitre [131]

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Napoléon reposa une énième feuille sur la pile qui s'était formée sur son bureau. Des signatures, toujours des signatures... lui qui aimait pourtant le travail, il avait juste envie d'aller se terrer dans son lit sous les couvertures et de dormir le plus longtemps possible. Peut-être était-ce aussi dû au fait qu'il n'avait pas dormi depuis vingt-huit heures. Peu importe, il continuait de signer de son nom ces feuilles dont les écritures devenaient de plus en plus floues. Il passa sa main sur son visage et relit un décret de loi pour la troisième fois. Il y tenait, ne jamais signer un texte lu partiellement. Dussé-t-il en décortiquer chaque tournure, chaque phrase, chaque mot, un texte approuvé devait être compris.

Lorsque Constant, son - très - fidèle valet de chambre et surtout gardien félin 24h/24h, pénétra dans son bureau, il somnolait tellement qu'il ne le remarqua pas.

- Majesté... les... les chats sont nourris...

Ça y est, il avait dit le mot magique.

- C'est très bien Constant! Viens donc dans mes bras!

Le valet déglutit et fit un pas en arrière. Juste par précaution.

Mais l'empereur abandonna sa première idée dès qu'il vit la chatte blanche dépasser le seuil de la porte et s'approcher. Il se leva et contourna son bureau pour la prendre dans ses bras.

- Ho Joséphine... Venez ma toute belle!

Il n'eut pas le temps de la caresser, elle sauta directement de ses bras pour s'en aller doucement se positionner devant la fenêtre et fixer de ses grands yeux bleus la capitale parisienne.

- L'on dirait que cette fois, elle ne désire pas venir dans vos bras. Constata Constant.

Napoléon observa son animal adoré et s'approcha pour passer sa main dans son pelage blanc.

- Non... Seriez-vous jalouse ma Beauté? Enfin! il n'y a pas de raison, je n'aime que vous.

- Peut-être a-t-elle trouvé son grand amour.

- Oh oui! Avec Junot Chat ils formeraient un couple parfait! Ils sont tout aussi beaux! Et ils donneront des enfants magnifiques!

Ces noms... il ne s'en remettra jamais.

- Junot... chat... s'intéresse davantage à... hm, Murat... d'ailleurs... tout à l'heure, je les ai vus... en curieuse position.

- Murat n'est pas assez belle pour Junot. Empêche-les!

- Pourquoi.... lui avez-vous donné un nom d'homme, si c'est une femelle? Et... je crois bien que c'est trop tard...

- Parce qu'elle avait le caractère de Murat. Ce n'est pas grave, mais il faudra empêcher cela à l'avenir. Des chatons resteront toujours mignons. Mais... Elle ne méritait pas la compagnie de Junot.

Ce qui désespérait le plus Constant, ce n'était pas seulement le fait que son maître ne donne les noms de ses proches à ses animaux de compagnie ; c'était qu'en plus, ils leur donnait en fonction de leur caractère. Il était superstitieux, mais tout de même, il allait un peu loin... l'empereur était même persuadé que l'humain et le chat étaient connectés par il-ne-savait quel lien mystique, et qu'ainsi en gâtant le chat, son équivalent humain allait lui être reconnaissant. Et en plus, tel chat devait fréquenter tel chat... Enfin, après tout il ne faisait de mal à personne... non?

- ...Pourquoi avez-vous toujours le besoin de contrôler les relations d'autrui, que ce soit avec les chats ou les Hommes...?

Le corse se crispa.

- Vous... hm... vous voulez m'en parler? Vous savez bien que... contrairement aux autres, je ne divulgerai aucun de vos secrets...

- Non... non, je ne veux pas!!

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now