Chapitre [9]

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Quelques mois plus tard...

Junot referma rapidement la porte derrière lui. Il se frotta les mains, l'air glacial s'engouffrant encore dans la pièce. C'était une simple petite mansarde qu'ils s'étaient trouvé, où il faisait froid, mais ils y étaient à l'abri de la Terreur d'au-dehors.

Il posa du pain déjà givré et un petit sac de pommes de terre sur la table et rejoint son ami, déjà sous les quelques minces couvertures qu'ils avaient pu se procurer. Il se coucha juste en face de lui, et garda une chose en main qu'il cacha.

- Mon général, j'ai une chose pour vous.

- Qu'est-ce?

- Eh bien... comme il fait froid... et que vous êtes sensible à ce temps et à la maladie... je me suis permis de vous offrir ceci.

Il lui tendit une redingote grise aux grandes manches. Elle était neuve mais elle semblait déjà vieille.

- Oh, Junot, je...!! C'est pour toi que tu aurais dû la prendre!

- Mais je suis bien moins important que vous. Et puis aussi bien plus résistant. Tenez, mettez-là...!

Il s'en vêtit, gêné par cette trop grande attention. Et puis, où Junot avait-il trouvé l'argent pour acheter ce vêtement? Il n'avait tout de même pas... utilisé toutes ses économies pour cela..! Quel inconscient! En tout cas... elle était bien chaude... le corse s'emmitoufla le plus possible dedans. Il tremblait de froid.

- Mon général...

Junot lui frotta frénétiquement le dos. Puis, par réflexe, il le prit contre lui. C'était ce qu'ils faisaient avec Marmont durant leur enfance, pour se réchauffer, les durs hivers où ils étaient ensemble. D'ailleurs, Marmont, que faisait-il en ce moment?

Pour une fois, le froid avait laissé Napoleone faire fi des convenances. Sans trop s'en rendre compte, il se blottit contre Junot. Il s'aperçut aussi... qu'il l'avait tutoyé il y a de cela un instant... Junot n'eût pas l'air de l'avoir remarqué.

- Junot... puis-je... puis-je te tutoyer..?

Le blond lui sourit gentiment.

- Bien sûr que vous le pouvez.

- Hmm...

Il était heureux... de trouver une si agréable source de chaleur... alors qu'il avait passé les dernières heures seul, dans cette chambre vide et froide... seul... comme avant...

- Junot... je suis heureux de t'avoir en ma compagnie...

Il posa son front contre le sien.

- Moi également, mon général...

Après un silence, Junot reprit la parole.

- Ici, nous sommes en sécurité. Il nous suffit de ne pas sortir, sauf pour aller chercher de la nourriture.

- Parles-tu du froid ou de la guillotine?

- Je pensais à la guillotine, mais c'est aussi valable pour le froid.

- D'ailleurs c'est un miracle que tu en trouves encore, de la nourriture... enfin, pour ma part cela ne me dérange pas du tout de rester ici. Je pourrais rester dans une pièce toute l'année sans en sortir que je serais très bien, si j'ai des livres avec moi.

- Toute l'année?! Enfermé??!! Quelle horreur!! Je ne pourrais pas, il faut que je sorte, moi!

- Eh bien tu sortiras à ma place. Puisque apparement tu es plus résistant. Ah... il faisait bien plus chaud en Corse....

- Vous ne voudriez pas profiter de ce repos pour y retourner?

- Et avec quel argent?

- Je ne sais pas, à pied!

- Voyager à pied ne signifie pas que nous n'avons pas besoin d'argent. Il nous faudrait loger pour la nuit et acheter de la nourriture.

- Coucher à la belle étoile! Et chasser et pêcher!

- Je n'ai pas grandi en pleine campagne comme toi. J'ai besoin de mon confort.

- Oh, mon petit général a besoin que l'on prenne soin de lui. Ne vous inquiétez pas, je suis là.

- ..Je... Je ne suis pas non plus un enfant...!

- Je le sais très bien. Allons, dormez un peu, cela vous réchauffera. Pendant ce temps, je vais cuisiner les pommes de terre.

- Hm... d'accord....

Il s'endormit aussitôt qu'il ferma les yeux.

Folie rime avec irréfléchiNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ