Chapitre [76]

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Pour se réconcilier, Francesco et Sébastien n'avaient rien trouvé de mieux que de se réunir autour d'une bouteille au prochain village. Ainsi, après de joyeuses embrassades et quelques litres d'alcool dans le sang, ils s'étaient mis en tête de retourner à leur campement.

Complètement torchés, bras-dessus, bras-dessous, les deux soldats sortirent du bâtiment en zigzaguant. Ils quittèrent le village, s'engageant dans le désert environnant à la seule lumière de la Lune.

- Le campement... hic! où est-il... hoqueta Francesco en regardant vaguement autour.

- Il y a des putains dans les étoiles! S'écria Sébastien d'un air jovial.

- Je... les vois pas...

Ils avancèrent comme ils purent, jusqu'à tomber sur une certaine personne qui passait par là.

- Je vois que ces messieurs se sont bien amusés! Rétorqua Junot en se plantant devant eux et en croisant les bras.

- Oh, général, bonjour... bonsoir!

Sébastien ne l'avait pas remarqué, il avait la tête plongée dans les étoiles.

- Sébastien! L'avertit son ami en lui donnant un coup de coude. 'y a... 'général Junot...

- Oooh, oui... petite putain, petite étoile, viens à moi..!

- Rentrez au campement, tout de suite!!

- Oui mon général. C'est ce que... hic! nous faisions, mon général.

Il allait avancer, mais une soudaine envie l'arrêta. Il avait voulu mettre sa main sur sa bouche, mais trop tard ; il avait tout dégurgité sur son supérieur.

- Oh, mon- mon général, pardonnez-moi...!!

À côté d'eux, Sébastien riait aux éclats.

Junot, lui, regardait avec un dégoût profond le vomi qui décorait maintenant son bel uniforme.

- Je... pardon... pardon..!!

- Hors de ma vue!! TOUT DE SUITE!!

Les deux soldats ne se firent pas prier et obéirent de suite.

Le général bourguignon, quand à lui, se dirigea vers la tente du général en chef en grimaçant. Là-bas, il y avait de l'eau avec laquelle il pourra nettoyer son uniforme.

Comme il s'en doutait, ce dernier n'était pas encore couché, et étudiait il-ne-savait quoi, penché sur sa table. Aucun ne s'occupa de l'autre, jusqu'à ce que le général en chef le vit et ne se retint pas de lui faire une remarque.

- Junot, qu'as-tu fait à ton uniforme?! Ah, je vois, tu ne peux pas t'empêcher d'aller boire comme un ivrogne et de passer du bon temps avec ces femmes au lieu de faire ton travail!!

- OH, VOUS, ÇA VA, HEIN!! CE N'EST PAS LE MOMENT!! DÉJÀ QUE JE DÉTÈSTE FAIRE LA RONDE ALORS QUE TOUT LE MONDE DORT, VOUS N'ALLEZ PAS VENIR ME LES CASSER PARCE QU'UN ABRUTI DE SOLDAT M'A DÉGUEULÉ DESSUS!!

Le corse le regarda avec étonnement. C'est bien une des premières fois que Junot osait lever la voix sur lui.

Il se massa les yeux et retourna à ses calculs, mais ne put pas s'y concentrer longtemps quand il vit à quoi son ancien aide-de-camp s'était attelé.

- Que fais-tu- mon eau potable!!

- C'est bon, vous en trouverez d'autre!

- JUNOT, NOUS SOMMES AU MILIEU DU DÉSERT ET TU VIENS DE REMPLIR MON SEUL ET DERNIER TONNEAU D'EAU AVEC DU VOMI!!

- ET BIEN VOUS LA BOIREZ, CELA VOUS NOURRIRA ET ELLE AURA PLUS DE GOÛT!! OH ET PUIS MERDE, VOUS N'AUREZ QU'À M'EN TROUVER UN AUTRE, D'UNIFORME!! Cria-t-il en le jetant violemment au sol.

Son supérieur n'eut pas le temps de répliquer que le nouveau général avait quitté la tente.

Lui qui voulait aller dormir l'esprit tranquille, c'était raté.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now