Chapitre [112]

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Le lendemain, en milieu d'après-midi, Francesco était assis sur le lit, comme toujours, à coudre une chemise dont le jabot lui donnait du fil à retordre. Sans mauvais jeu de mots.

Gabriel, lui, feuilletait vaguement un livre plus loin dans la pièce tout en l'inspectant.

- Tu ne fais pas ta classe, aujourd'hui, Francesco? Demanda-t-il curieusement en fermant le livre et en se tournant vers lui.

- Non, je ne la fais que quatre jours par semaine. Les enfants doivent s'amuser un peu, et moi j'ai d'autres tâches. Je n'aime pas me presser non plus.

- N'est-ce pas trop difficile?

- Non, au contraire même ; je définis moi-même mes heures de travail et ce que je veux faire. Comme je te le disais je m'occupe de la classe, je fais aussi souvent la cuisine. Ou alors je m'entraîne à coudre des chemises, comme maintenant, que je revends. Je fais un peu tout ce qu'il me passe par la tête, pour gagner de l'argent.

- Et de ton temps libre, que fais-tu?

- Hm, de mon temps libre... je vais à la bibliothèque, je m'occupe des enfants. Une fois, nous avons fait un grand cache-cache dans tout le quartier! C'était drôle. Nous sommes aller pêcher une fois aussi, oh, Marie était heureuse de pouvoir nous servir tout ce poisson.

- Je vois que tu mènes une vie bien simple et sans tracas...

- N'est-ce pas le cas pour toi aussi?

- Cela dépend. Pas vraiment... j'ai repris le commerce de mon père, et c'est parfois difficile à gérer. Sans compter mon autre commerce à côté. Parler aux esprits, aider tous des gens... ça nous épuise vite.

- C'est pour cela que tu dois profiter de ton séjour ici pour prendre du repos!

- Ha, malheureusement, je ne suis pas ici que pour ça. J'ai des courses à faire, des choses du bout du monde à acheter que l'on ne peut trouver qu'ici. Et puis je ne puis pas rester trop longtemps, je ne peux pas laisser le commerce sous la direction de ma sœur, ah, tu sais comment elle est!

- Non, je ne sais pas, justement.

- Elle ne peut s'empêcher de vouloir tout contrôler, expliqua Gabriel, et ses gaffes sont innombrables. Elle confond les commandes, insulte les clients... elle n'a jamais assez de patience et veut finir au plus vite pour pouvoir aller dormir! Et quand on lui dit de se calmer, elle nous frappe!

- N'exagères-tu pas un peu?

- Absolument pas. Je t'assure que lorsqu'elle était jeune fille, notre père l'a envoyée dans un couvent de bonnes sœurs pour calmer sa fougue ; eh bien, elle a mis des œufs cassés sur la tête de la statue de Jésus qui se trouvait dans l'église.

- Non, tu me mens, là..!

- Va savoir si c'est vrai, c'est elle qui me l'a raconté.

- Ta sœur est bien courageuse. La mienne était en pleurs dès qu'elle ratait la cuisson de ses pastas.

- Pourquoi "était"? N'est-elle plus en vie?

- Non, elle est... morte d'une maladie à mon retour en France. Peu après... mon petit frère, Lorenzo.

- Oh, je... je suis terriblement désolé... Où est allé Sébastien? Demanda-t-il pour changer de sujet, un peu mal à l'aise.

- C'est une bonne question. Sans doute quelque part dans Paris, au marché, chez Marie ou peut-être est-il retourné aux rédactions proposer de ses articles, il ne fait que cela en ce moment, ça doit lui faire passer le temps. Il sait à peine écrire, mais bon. Je ne sais pas toujours ce qu'il fait de ses journées, tu sais. Nous avons beau vivre ensemble, il a sa propre vie et j'ai la mienne.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now