Chapitre [73]

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22 Janvier 1799

La bataille faisait rage. On ne pouvait pas décrire ça plus simplement. Forcément, il fallait bien s'attendre à recroiser des mameloucks sur le chemin. Et les généraux n'avaient pas attendu pour engager le combat.

Entre le sang qui coulait de toutes parts et de toutes les façons, le son des coups de sabre tranchants et des coups de feux tirés hasardement, Francesco se démenait comme il pouvait pour rester en vie. Mais ce serait trop facile s'il devait juste se défendre lui-même. Parce que derrière lui, il y avait un gersois et son jeune frère complètement paniqués et tétanisés qui le collaient de bien trop près.

- Francesco... Francesco... aide-moi... aide-moi...!

- BON SANG, SÉBASTIEN, BOUGE!! FAIS QUELQUE CHOSE, BATS-TOI!! JE NE PEUX PAS TE PROTÉGER INDÉFINIMENT!!

Sébastien ne fit que pleurer à ces cris qui se confondaient dans les bruits de combat envahissants.

- C'est bon, Francesco, je les protège, et Valentin aussi, lui dit rapidement Andreas qui, non sans être dégoûté par tout ce qu'il voyait et par ses propres gestes meurtriers, parvenait à garder une once de courage. Ou plutôt un instinct de survie.

- Ah... enfin libre!

Enfin, oui, il était libre de ses mouvements! La prochaine fois, Sébastien et Alexandre devraient se positionner à l'artillerie s'ils en ont la possibilité. Ils seraient bien plus protégés qu'au cœur du combat et au milieu des sabres, et surtout, il ne serait pas obligé de faire attention à eux en plus de devoir sauver sa propre peau.

- Je parie que je tuerai plus d'hommes sur toi, lança-t-il d'un sourire provocateur à Gabriel en esquivant un coup de sabre sur la gauche.

- Que parie-t-on?

- Celui qui perd devra avouer un secret à l'autre.

- Un seul? Ce n'est pas drôle.

- Trois secrets, et une bouteille de vin, décida le napolitain en embrochant un ennemi avec un sabre qui servi à écorcher le bras d'un autre l'instant d'après.

- Très bien! À combien en es-tu?

- À seize!

- Attention, pour l'instant je te bats, j'en ai eu vingt-deux~.

- Comptons-nous aussi les blessés ou ceux morts sur le coup?

- Tous ceux qui finnissent au sol!

Non loin d'eux, Andreas, qui peinait à ne pas y passer entre la préoccupation de sa défense et celle des deux frères gersois, n'arrivait pas à croire la conversation de ses deux compagnons.

- Et si on touche quelqu'un de notre camp? Demanda le napolitain.

- Alors c'est moins cinq!

- Cinq? C'était trois la dernière fois!

- Le barème a changé!

Gabriel planta son épée dans le cœur d'un ennemi.

- Et de vingt-trois! Tu n'arriveras pas à me dépasser!

Le tumulte de la bataille ne cessait pas, et les soldats, qu'ils soient turcs ou français, tombaient comme des mouches.

Et une bataille, ça pouvait durer longtemps, très longtemps...

Finalement, au bout de deux heures, les mameloucks abrégèrent la boucherie en faisant retraite.

Francesco laissa tomber son sabre, bien essouflé, et essuyant son front en sueur.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant