Chapitre [18]

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Ce soir, nos quatre amis s'étaient rendus au théâtre, comme ils le faisaient bien souvent le soir. Après tout ils étaient amis avec Bourienne, surtout notre cher Corse, et celui-ci avait des connaissances qui pouvaient lui obtenir des places de théâtre facilement. Il les offrait donc à son vieil ami du collège, qui avait ainsi une collection de billets pour diverses pièces en sa possession. Donc autant dire qu'ils en profitaient.

Ils étaient en cette soirée plutôt calme assis dans de confortables fauteuils rouges, au milieu d'un théâtre joliment coloré, et avec une bonne place face à la scène. Et surtout, plongés dans une bonne humeur.

- Pourquoi donc est-ce que vous mettez mon mari en colère?

- Moi, Madame, hélas! Je ne sais point ce que vous le voulez dire, et je ne songe qu'à complaire à Monsieur en toute chose.

- Ah! Traîtresse!

Des ronflements disgrâcieux gâchèrent la dynamique de la pièce.

Napoleone jeta un coup d'œil vers Junot. Celui-ci avait la tête posée sur son épaule et dormait profondément. Bon sang, il ne dormait pas, il y a une minute de cela...!!

- Ce n'est que le début de la pièce... et il dort déjà! Chuchota-t-il en direction de Marmont qui était de l'autre côté du blondinet endormi.

- Oui, il est fatigué, et il s'endort souvent d'un coup lorsqu'il est dans le noir, lui répondit-il d'un murmure un peu trop haut.

- Il n'y a pas grand mal à cela, et je trouve qu'elle a raison.

- Ah! Mamour, vous la croyez! C'est une scélérate! Elle m'a dit cent insolences!

- Fais-le taire!!

Marmont lui pinça le nez, mais l'effet fut tel que Junot se réveilla dans un éternuement. Tous les regards se tournèrent vers eux et Napoleone aurait voulu devenir invisible.

- Junot....

- P... Pardon, Mon général...

- Levez-vous que je mette ceci sous vous. Mettons celui-ci pour vous appuyer, et celui-là de votre côté. Mettons celui-ci derrière votre dos, et cet autre-là pour soutenir votre tête.

- Si tu voulais dormir, tu aurais dû rester à l'hôtel!

- Mais je voulais rester en votre compagnie...

- Vous allez vous taire, oui?! Nous regardons la pièce!!

- E-Excusez-nous....

- Et celui-ci pour vous garder du serein!

- Ah, coquine, tu veux m'étouffer!!

Junot rit aux éclats. Merci pour les oreilles.

Et il continua tout au long de la pièce ; peut-être était-ce mieux lorsqu'il dormait, en fait...

~ ☘ ~

Napoleone observa autour de lui. Le jardin était grand, et bien entretenu ; et l'immense bâtiment rajoutait son élégance et son prestige à l'endroit.

Il allait s'assoir sur un banc de pierre, retirant son lourd bicorne de sa tête pour le déposer près de lui.

Contrairement à la Bourgogne qui était sujette à la pluie, ici l'été se montrait avec une chaleur presque assomante. Il ouvrit le haut de son uniforme, se sentant comme un pain dans un four. Un pain qui était en train de griller. Il sentait déjà sa peau bien trop claire se colorer d'un rouge vif que lui aurait offert le Soleil frappant. Lui qui était pourtant de Corse, ses années en France avait affaibli sa résistance à la chaleur.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now